La reconstruction de la ville d'Agadir après le séisme du 29 février 1960, se situe dans une période très particulière de l'architecture et de l'urbanisme qu'on a appelé le Mouvement moderne avec l'architecte Le Corbusier figure de proue de ce mouvement.

Le mouvement moderne préexistait au séisme, marquant déjà la ville d'Agadir d'un zoning particulier avec des immeubles et villas relevant de ce mouvement, et par la préoccupation constante du Service de l'Urbanisme de mettre en place un habitat salubre pour les plus défavorisés en s'appuyant sur la Charte d'Athènes.
Avant le séisme, peu de Gadiris connaissaient le nom ou les réalisations de ces architectes et urbanistes. Certains des bâtiments réalisés résistèrent au séisme et furent conservés et restaurés. Ils sont actuellement en danger d'abandon et de destruction. L'habitat social pour les plus démunis fut théorisé, défendu et mis en place par M. Écochard, directeur du Service de l'Urbanisme au Maroc de 1946 à 1953. Les quartiers industriels du Sud-Est et d'Anza gardent encore la trace de cet habitat sur cour en rez de chaussée qui fut par la suite remanié en commençant par des surélévations.

Ces architectes firent partie des CIAM et constituèrent le GAMMA groupement des architectes du Mouvement moderne du Maroc, reconnu internationalement dans les années 50. Ils participèrent à l'œuvre collective et solidaire souhaitée par Le Corbusier : "Architecture et urbanisme solidaires" pour faire "un bel Agadir".

Lors de la reconstruction, les théories du Mouvement moderne seront appliquées dans la réalisation des quartiers selon les activités reconnues à la nouvelle Agadir ; la Charte d'Athènes sera appliquée dans une version adaptée. Ces architectes réalisèrent des constructions uniques souvent méconnues, oubliées, surtout ignorées, malmenées, voire méprisées alors qu'il s'agit de trésors à préserver.

Pour préserver, misons sur le fait qu'il faut apprendre, apprendre à connaître pour aimer et respecter.

Agadir a une longue histoire avec des ruptures, des séismes, des constructions, des destructions et des reconstructions. La participation au Mouvement moderne en architecture fait partie de cette histoire tout comme Agadir fait partie de ce Mouvement moderne et devrait figurer au Patrimoine mondial.