Le Service de l'Urbanisme en 1960 au service de la reconstruction

 

 

 
Après une période d'hésitation sur le choix de l'équipe d'urbanistes chargée de la reconstruction de la ville,
l'architecte Le Corbusier, pressenti ou proposé par l'ambassade de France, ne donna pas suite ou ne fut pas retenu ;
il laissera un court message d'encouragement souhaitant que l'architecture et l'urbanisme soient solidaires avec tout ce que cela comporte, pour réaliser un bel Agadir !

Ce fut finalement le projet du Service de l'Urbanisme de Rabat, emmené par le jeune architecte et urbaniste Mourad Ben Embarek, fraichement diplômé de l'école des Beaux-Arts de Paris, qui fut retenu (Benjelloun, Droval, La reconstruction d'Agadir, EAN, 1978).
Mourad ben Embarek était le jeune chef du Service de l'Urbanisme qui avait succédé à Abdeslam Faraoui.

http://www.amush.org/blog/55-videos/245-hommage-a-mourad-ben-embarek.html

Les États-Unis auraient proposé une aide liée de 50 000 dollars, destinés à financer l'étude d'un projet élaboré par un architecte urbaniste américain du Bureau d'Urbanisme Harland Bartholomew and Associates, constructeur des bases militaires américaines, qui proposa un lotissement sans originalité : motels et shopping-centers sur le modèle de Miami (Nadau, 150).

 

 

Service de l'Urbanisme de Rabat


L'étude du plan directeur d'Agadir sera réalisée de mai à juillet 1960 par l'équipe du Bureau Central des Études du Service de l'Urbanisme de Rabat (Ministères des TP et des Communications).


Ces études d'urbanisme établies pour Agadir furent le fruit d'un travail d'équipe pour la résolution du problème complexe de la reconstruction d'Agadir où tous les détails furent longuement pesés et discutés entre tous.


L'urbaniste Pierre Mas, à la tête du Bureau Central des études du Service de l'Urbanisme, souligna l'intérêt rencontré auprès de l'Administration et en particulier des Services du Haut-Commissariat à la Reconstruction d'Agadir (Mas, 16) pour cette réalisation.

L'équipe marocaine de ce service qui avait été formée en grande partie dans les années 50 par le directeur du service de l'Urbanisme Michel Écochard, n'était pas novice, était même bien rodée (Nadau, 150).
Au sein du Bureau Central du Service, se trouvaient l'urbaniste français Pierre Mas et l'architecte paysagiste Jean Challet, auteurs du plan de la ville reconstruite (Nadau, 150), l'urbaniste suisse Claude Beurret, l'architecte Jean Paul Ichter (qu'on retrouvera plus tard dans la sauvegarde de la médina de Fès), l'administrateur J-L Lamarque-Caupenne (Nadau, note 4, 166).

Le travail du service sera facilité par la connaissance de la ville que les membres du Service avaient acquise du temps d'Écochard et par l'aide apportée par Roger Guérin, ingénieur municipal à Agadir de 1933 à 1960 (nbp 2, Mas, 10). 


Le plan fera l'objet d'une consultation d'architectes et d'urbanistes nationaux et internationaux.

Pierre Mas et Jean Challet étaient tout comme Abdeslam Faraoui et Mourad Ben Embarek, à cette époque, très influencés par les idées modernistes, urbanistiques et fonctionnalistes qui avaient cours pendant les années 50-60.

Certains d'entre eux étaient des acteurs reconnus du mouvement architectural moderne marocain (GAMMA).

Parmi les architectes, certains connaissaient bien le service de l'Urbanisme pour y avoir déjà travaillé : c'était le cas de Louis Riou

qui avait travaillé au service du plan d'Agadir, Claude Verdugo qui venait de quitter le service en novembre 1959, Élaine Castelnau, épouse et associée d'Henri Tastemain y travaillait encore (Nadau, 150)

Les jeunes marocains Abdeslam Faraoui et Mourad Ben Embarek (stagiaire au moment du séisme) partageaient les convictions du service, soutenant les architectes et urbanistes du bureau de Rabat (Nadau,10).

L'équipe de l'urbanisme ainsi constituée, put compter sur une administration efficace et à son service (Nadau, 150).

 
 
 Le Haut-Commissariat à la Reconstruction d'Agadir, créé pour coordonner et prendre en charge l'ensemble des opérations de reconstruction, décida souverainement en place de la Municipalité, des expropriations et des attributions, ordonna les lotissements et autorisations de construire et agit de concert avec le Dr Ben Hima (gouverneur d'Agadir) qui protégera dès le début, le travail des urbanistes.

Les autorités feront appliquer les décisions des urbanistes et empêcheront toute reconstruction hâtive.
L'ordre sera respecté, les infrastructures seront réalisées en 1er comme prévu.
Des règlements seront édictés pour répondre aux recherches des sismologues.

Les urbanistes et architectes de la reconstruction qui firent partie du mouvement GAMMA étaient sous l'emprise des idées du mouvement moderne, favorables au modernisme fonctionnaliste et universaliste d'Écochard et de Le Corbusier.

Axés sur le fonctionnalisme, ils s'attachèrent à adapter leurs conceptions à l'environnement naturel, rejetant tout monumentalisme.

Le problème qui se posait au Maroc à cette période, lié à la modernisation de l'économie et aux milliers de personnes qui fuyaient la misère pour survivre en périphérie des villes côtières, était l'habitat pour le plus grand nombre. 

 
 
Le roi Hassan II louera en 1966 dans un message "ce bel effort de création intégrale tel qu'aujourd'hui il parle au regard".

Il rendit hommage au travail collectif qui s'était imposé à tous comme d'une nécessité naturelle.

Le souverain louera "Agadir la neuve, sous nos yeux, …, cité totale, quasiment une cité de rêve, toute entière repensée, refaite par l'homme et pour l'homme, par le Marocain pour les Marocains et le Maroc".

(Hassan II, A+U, 1966, p 2).