Le séisme d'Agadir fut un des séismes du
XXème siècle parmi les plus destructeurs d'Afrique
du Nord. Il provoqua la mort de plus de 12 000 personnes et détruisit
75 % des constructions de la ville et certains quartiers complètement.
De mémoire d'homme, on n'avait pas connu de séisme
à Agadir ni dans le Souss jusqu'à cette terrible
catastrophe du 29 février 1960.
Cependant les recherches historiques sur la séismicité
au Maroc auxquelles s'était livré en 1934 le commandant
Georges Roux (1899-1954), ancien chef du Service de Physique
du Globe et de Météorologie du Maroc, auraient
pu attirer l'attention sur Agadir si le document trouvé
avait été plus précis : Santa Cruz
identifiée comme étant Agadir par le commandant
Roux, aurait été dévastée en 1731
par un tremblement de terre sans que soit précisée
l'ampleur des dégâts.
Von Hoff, 1840 écrivait : 1731 (ohne Ang. d. Tages
: sans indication du jour) : Ein Erdbeben verwüstet die
Stadt Sainte-Croix in Marocco, (Un tremblement de terre a détruit
la ville de Sainte-Croix au Maroc) (d'après Verneur,
Journal des Voyages, t. XV, p. 50) (Roux, Mémoire
édité en 1934, Société des Sciences
Naturelles du Maroc) (nbp1, p. 18, Rothé).
On découvrit aussi qu'Agadir aurait subi des dommages
importants lors du séisme et raz de marée de Lisbonne,
le 1er novembre 1755, séisme qui détruisit
cette ville et affecta d'autres lieux et en particulier les
villes côtières du Maroc dont Agadir (Rothé).
Séisme d'Agadir du 29 février 1960 |
1960 était une année bissextile
et cette année-là, le ramadan commençait
le 26 février, la chaleur était intense.
Le pompiste de la station-service Shell, près du grand
café Tout-Va-Bien en Ville nouvelle, raconte que dans
la nuit du 29 février, il faisait si chaud qu'il éprouva
le besoin d'aller dormir sur la terrasse. C'est ce qui l'a sauvé.
Ensuite, ce qu'il a vu l'a rempli d'effroi.
Des secousses préliminaires avaient été
ressenties avant la secousse destructrice.
La 1ère secousse était survenue le 23
février à 12 h 17 : un grondement sourd accompagné
de vibrations, avait agité des maisons de Founti et de
Talborjt.
La seconde, survint le 29 février vers 11 h 45,
accompagnée d'un grondement souterrain. Des immeubles
furent secoués en particulier en bordure du ravin de Tildi.
Cette secousse semble avoir été ressentie par l'ensemble
de la population qui s'inquiéta. Beaucoup s'interrogèrent
sur ce qu'il convenait de faire. L'angoisse et la peur s'emparèrent
des adultes, des enfants, d'autant que les animaux familiers
avaient un comportement bizarre, pleurant, gémissant.
La secousse destructrice survint dans la nuit du 29 février
à 23 h 45 : comme en fait foi le déclenchement
général de l'usine électrique à Aghezdis
dans la nuit du 29 février au 1er mars1960 ; cette secousse
dura moins de 15 secondes.
Un bruit effroyable, terrifiant, comparé à des
explosions selon certains ou au survol de centaines d'avions
à réaction pour d'autres, monta de la terre ; la
ville fut plongée dans l'obscurité. Des milliers
de tonnes de matériaux s'écroulèrent dans
une énorme poussière.
Répliques
La secousse destructrice fut suivie d'une réplique
beaucoup plus faible 1 h 20 plus tard le 1er mars 1960.
Au cours du mois de mars, une centaine de répliques se
produisirent (Rothé, 41).
Celle du 22 mars fut assez violente (H. Surleau, Considérations
sur le tremblement de terre d'Agadir survenu le 29 février
1960, Bull. écon. Et soc. Du Maroc, XXIII, n°84,
avril 1960).
L'activité séismique aurait duré presque
4 ans sans faire l'objet d'études détaillées
(Cherkaoui et coll., 58)
Caractéristiques du séisme
L'épicentre (zone de projection du foyer de rupture sismique
à l'aplomb de la surface de la terre) fut localisé
à 1km environ au Nord de Yachech avec une approximation
de l'ordre du kilomètre (Rothé, p. 9) et un rayon
de la zone de dégâts d'environ 5 kms
(Rothé, 9 et 11).
L'intensité
La zone épicentrale caractérisée par l'intensité
X la plus importance de ce séisme, longue de 4 km
et large de 1 km environ fut localisée "dans les
couches verticales de la flexure d'Agadir entre le port et la
Kasbah".
Elle fut observée à l'aplomb de la flexure pré
atlasique sur laquelle étaient situés les quartiers
de Founti, Yachech, et Talborjt.
Les effets du séisme s'atténuèrent dès
que, dans la zone synclinale du Souss, les couches géologiques
redevinrent sensiblement horizontales (QI et sortie sud d'Agadir).
"La faille du Tildi semble avoir freiné les ondes
meurtrières et celle du Lahouar les ont arrêtées"
(Ambroggi, 15).
La magnitude
Liée à l'énergie libérée par
la rupture d'une portion plus ou moins grande d'une faille tectonique,
la magnitude fut déterminée à 5,75 sur
l'échelle ouverte de Richter : ce qui est relativement
faible.
L'hypocentre (Profondeur du foyer de rupture)
L'hypocentre fut évalué entre 1,6 et 3 km de
profondeur par Rothé.
La faible profondeur du foyer de rupture fut responsable de l'ampleur
des dégâts.
Les destructions
En 1960, Agadir était une ville de 35 à 45 000
habitants (chiffre imprécis en l'absence de recensement
à la veille du séisme).
Il y eut plus de 15 000 morts ou ensevelis.
Le nombre de victimes n'a jamais été établi
avec précision. Les estimations de la Santé publique
et celles des autorités municipales avancèrent
le chiffre de 18 000 victimes (Péré, 32).
On estime qu'il y eut :
3 000 blessés dont 1 200 dans un état grave ;
20 000 sans abris.
En quelques secondes, Agadir fut transformée en champs
de ruines.
Les quartiers de Talborjt, Founti, Kasbah et Yachech furent
détruits à 90 et 100 %.
Les variations de dommages structurels d'un quartier à
l'autre furent extrêmement importantes.
Deux facteurs furent déterminants dans ce séisme
en matière de destructions :
La distance de l'épicentre :
En raison du foyer peu profond, les quartiers proches de l'épicentre
furent dramatiquement affectés. Au-delà de 5 km
de l'épicentre, les structures furent moins atteintes.
La qualité et le type de construction :
Les constructions étaient de plusieurs types.
La plus répandue était en maçonnerie.
La plus ancienne, en maçonnerie, était de mauvaise
qualité : maçonnerie de pierre (Kasbah, Founti
et Yachech) et mortier de boue et de sable ; les toitures sur
chevrons de bois allaient de la tôle ondulée aux
dalles en béton armé. Les bâtiments avaient
1 ou 2 étages.
La seconde, dite maçonnerie moderne (Talborjt et
nouveaux quartiers) avait 3 ou 4 niveaux. Les structures étaient
composées de murs porteurs en maçonnerie non renforcée
avec des cloisons supportant des planchers en dalle de béton
et des toitures. La maçonnerie était en pierres
ou en carreaux d'argile. Le mortier était variable allant
de la boue fragile au ciment et sable de bonne qualité.
L'autre type de construction était en béton
armé.
Un type de construction avait bien des colonnes en béton
et des poutres pour supporter la charge verticale mais pas toujours
les articulations nécessaires entre les éléments,
ni la résistance aux cisaillements pour s'opposer aux
forces latérales.
Dans ces types de construction en béton armé, les
murs et les cloisons étaient en général
en maçonnerie : dans le 1er cas, les murs en maçonnerie
de remplissage constituaient la seule résistance aux forces
latérales et dans le second cas, l'ossature contribuait
à la résistance aux forces latérales et
servait à lier l'ensemble à la structure.
Bon nombre de bâtiments d'hôtels et d'immeubles d'appartements
parmi les plus modernes d'Agadir s'effondrèrent complétement
pendant le séisme par manque de continuité entre
les différents éléments de la structure.