La rue Principale,
encore appelée rue Nationale ou boulevard Alibert
était une longue rue en balcon qui longeait Founti en
surplombant l'océan depuis Aghezdis jusqu'aux pieds de
Talborjt.
Les bâtiments et habitations de la rue
Principale se trouvaient exclusivement du côté de
la colline.
Côté mer, un muret prolongeait la falaise qui tombait
à pic sur la plage, tout en épousant ses contours.
Depuis les maisons de la rue principale, on entendait la mer
battre la falaise.
En dehors des deux palmiers historiques qui prospéraient
depuis de nombreuses années, des palmiers furent plantés
le long du boulevard et quelques bancs bien placés permettaient
de se reposer tout en regardant Founti et la Kasbah. Le long
du muret de protection courait une canalisation jusqu'au dépôt
d'El Ghezwa, contenant les carburants de la Cie Morry (de la
fin des années 40 jusqu'en 1957).
La place était rare à Founti et on attendait avec
impatience depuis la fin des années 20, la construction
des deux villes nouvelles annoncées : la ville européenne
et celle de Talborjt, pour y loger les administrations, écoles
et hôpitaux, les fonctionnaires et leurs familles et répondre
à tous ceux qui attendaient qu'Agadir soit érigée
en municipalité et que le futur port soit enfin ouvert
au commerce international.
En attendant, il fallut loger les services
administratifs et militaires ainsi que les premiers fonctionnaires
le long du boulevard Alibert.
Très vite, Founti fut débordé et on installa
au bord du ravin (El Ghezwa) à l'écart et jusqu'en
1934, un fondouk, le parc des Services municipaux, un abattoir
et les Services vétérinaires, les bâtiments
des Subsistances militaires et à quelques mètres
de là, le "Douar réservé" (BMC),
vaste enceinte basse contenant une série de niches où
une cinquantaine de filles se livraient à la prostitution
(J. Raymond, pp. 325-328).
Cette partie fut détruite après 1934.
|
|
Les Français construisirent rapidement
en-dessous du 1er camp militaire (Camp A : Camp Haïda) des
bâtiments administratifs, des maisons et immeubles d'habitation
pour les premiers fonctionnaires amenés à mettre
en place l'organisation administrative et militaire de la ville.
- Les Bâtiments
des Eaux et Forêts :
Les Eaux et Forêts s'installèrent dans une maison
accolée à la falaise qui avait été
entaillée à cet effet (J. Raymond, p. 326)
; ils comprenaient des bureaux à l'avant et côté
colline, des logements pour le personnel dans des maisons basses
et des annexes.
Il existait une écurie pour
les mulets ou les chevaux des aides marocains composés
d'anciens militaires rentrés de France, propriétaires
de leurs mulets ou de leurs chevaux ainsi que ceux de l'encadrement.
Un local mitoyen fut réservé aux Anciens Combattants.
- Maisons des fonctionnaires des Affaires
Indigènes :
Au-delà des maisons des Eaux-et-Forêts,
des maisons blanches en rez-de-chaussée pour la plupart
furent construites pour les fonctionnaires et le personnel des
Affaires Indigènes.
Chaque maison disposait d'un patio.
De l'autre côté de la rue : un muret, des palmiers
plantés vers 1927 et une sorte de petit fortin qui servait
de belvédère en arrondi sur la falaise.
Une ruelle en impasse séparait la maison
à étage (occupée par les familles Marbec
et Dupont) des maisons suivantes basses en rez-de-chaussée
pour d'autres fonctionnaires ; des anciennes prisons civiles
se trouvaient à l'arrière des maisons.
- Secrétariat général
de la Région - Bureaux du Territoire d'Agadir - Bureaux
des Affaires Indigènes
L'immeuble des AI (Affaires Indigènes),
d'aspect colonial, dominait les maisons basses et blanches de
Founti. Il se distinguait par ses arcades, reconnaissable à
son étage pourvu d'un grand balcon couvert. Depuis la
rue, des escaliers menaient à une large entrée
également couverte devant laquelle se trouvaient des mokhaznis
et des chaouchs.
Des écuries se trouvaient à l'arrière des
bâtiments car les officiers disposaient d'un cheval.
- Services Municipaux :
Les premiers Services Municipaux d'Agadir occupaient plusieurs
bâtiments près du Secrétariat de Région.
Parmi ces bâtiments, il y a avait des logements de fonction
pour les personnels européen et marocain de la Municipalité
(Messieurs Belkahia - Bourquia - Fennich - Damani - Mounib -
Moulay Mhamed - Serghini Qorchi) ou bien encore pour le responsable
de l'Hygiène Publique.
Une boite aux lettres était fixée
au niveau des Services municipaux.
- Le premier hôpital d'Agadir.
L'établissement se trouvait à l'arrière
des Services Municipaux
- Maison des fonctionnaires municipaux.
Immeuble municipal.
Cet immeuble d'un étage était occupé entre
autres par :
- La famille Millioud
(Mme Millioud était employée comme secrétaire
comptable et administrative aux Services Municipaux)
- La famille Kaladgew
sur la photo :
ma tante Elisabeth Lieven (sage-femme et infirmière),
ma grand mère Anna Lieven qui tient son chien, mon père
en tenue de légionnaire. Année 1933 (Paul Kaladgew)
|
|
Un Bureau de Tabacs géré
par M. Lahcen Amjoud était mitoyen de la maison
Millioud.
Ali Ou Mahjoub Aberni (vendeur des tissus et thé)
occupait la vaste maison suivante.
Dar Ksimi (1) à différencier
des autres Dar(s) Ksimi (2) et (3)
:
Dans cette grande maison à étage habitaient :
- M. Bouvier qui dirigeait une usine de conserve. Des
réunions de conserveurs se déroulaient à
son domicile ;
- Ahmed Bel Hadj Madani El Fassi, armateur et bras droit
de M. Olloix - (tél. 082 en 1949) ;
- Deux Zaouyas (Zaouya Tijania et Zaouya Derqaouya) étaient
établies dans ces vastes locaux.
.
|
|
Dar Nadir des Habous était en bordure de la rue du Nadir
: grande et belle maison bien blanchie et entretenue. Le Nadir
des Habous s'appelait El Fassi.
Les Toilettes publiques se trouvaient au début
de cette rue dans la Talat séparant les deux quartiers
de Founti. Elles étaient gardées et entretenues
par Da Ali Bouslouf.
Le seul dépôt de charbon de Founti se trouvait
à l'arrière des Toilettes publiques ; il appartenait
à Hadj Boutmart.
. |
|
La rue du Nadir aboutissait au petit ravin (Talat ou
Nadir) qui séparait les deux parties de Founti dont
nous avons parlé plus haut.
- Souk de Founti
C'est à cet endroit que se trouvait le petit souk de
Founti qui occupait une bonne partie de la Talat. D'autres
souks furent créés côté Ouest à
Sidi Abdallah et à l'Est aux pieds de Talborjt sur le
Front de mer.
Au-delà de la Talat, se trouvait
le quartier de Founti proprement dit.
Les maisons suivantes se succédaient, mitoyennes, le long
de la rue principale :
- Oûbaïd (pêcheur avec sa barque).
- Aït Ben Abdallah (pêcheur avec sa barque).
- Les petites maisons et boutiques des Aït Bougja, Aït
Abdelmalek, Aït Abderrahmane, Aït Boubker. Chaque
maison avait son échoppe de vente de produits courants
(sucre, thé, huile, bougies, savon, sel, etc.)
Toutes ces maisons bordaient la petite place connue sous le nom
de Place de la Fontaine.
Une des trois boites aux lettres de
Founti se trouvait près de la fontaine.
En face du Square, du côté du
muret, étaient installés sur le trottoir des bancs
publics qui tournaient le dos à la mer, regardant Founti
et sa fontaine.
Entre 1956 et 1960, les fêtes de l'Indépendance
et les fêtes du Trône se déroulaient entre
cette place et la Maison de France.
Dar Ksimi (2) était composée
de deux grandes maisons à étages accolées.
Elle fut achetée par Aït Ikni. Elle bordait
le côté de la place où se trouvait la fontaine.
Une partie de ces maisons était occupée par Pierre
Iovleff, armateur et gérant d'une usine de salaison
à Anza, tél. 061 en 1949.
Un électricien était installé à
l'arrière de cette maison.
Chaque Dar Ksimi avait son coiffeur.
Une partie de Dar Ksimi (2) devint un fondouk de pêcheurs
avec une salle de jeux et un café.
.
|
|
- La Maison de France et ses annexes
Au-delà de Dar Ksimi (2) commençaient les bâtiments
de La Maison de France. Celle-ci fut construite à
l'entrée de Founti en venant d'Anza.
Sur les cartes postales anciennes, on peut voir le bâtiment
de l'État-Major juste en contrebas de la Maison
de France. Il sera déplacé par la suite dans des
locaux neufs au Plateau administratif. Le bâtiment de l'État-Major
de Founti sera ensuite affecté au Génie Civil.
Dar Diaf (maison des invités) appartenant à Cheikh
M'bark Aissaoui N'Founti qui l'aurait reçue d'El
Guellouli, aurait été achetée par l'armée
pour compléter les annexes de la Maison de France. Un
très grand mur d'enceinte entourait les jardins et les
bâtiments.
Plusieurs sources se trouvaient près de l'emplacement
de la Maison de France. On aperçoit sur des cartes postales
une éolienne qui permettait d'extraire l'eau de sources
proches. Une pompe à hélices (Chicago) avait été
installée assurant l'eau de la Maison de France, des jardins
et de l'État-Major et en partie celle des camps militaires
avant l'arrivée du réseau d'eau à Founti.
Il se raconte encore qu'une galerie débouchait près
de la Maison de France creusée depuis le Fort portugais
ou Batterie côte 110 : des enfants de Founti auraient fait
ce parcours en utilisant des bougies qui étaient soufflées
par les chauve souris !.
Du temps des Français, Il y eut 6 canons en cuivre : 2
pointés sur Anza, 2 sur le petit port et 2 autres sur
le port en construction.
Rue Principale, il existait trois boites
aux lettres depuis les années 40 : Une était
fixée près de la Municipalité, une autre
à Dar Ksimi et la 3ème près de la fontaine.
Le facteur effectuait la distribution aux adresses du boulevard.
Le cheikh se chargeait de la distribution interne.
Les principales modifications de la rue principale
furent entreprises lors de la construction du second port par
l'entreprise La Zanen en 1953.
Quand la nouvelle route fut construite en-dessous de la rue Principale,
cette dernière ne fut plus empruntée pour aller
à Essaouira. La déviation pour rejoindre le port
se faisait au carrefour près de l'immeuble Consulaire.
La partie de la route principale qui depuis les Eaux et Forêts
allait à l'appontement (Jetée Portugaise) fut supprimée.
À plusieurs reprises, la chaussée de la rue Principale
s'effondra ainsi que le muret, nécessitant plusieurs remises
en état essentiellement dans le secteur de l'Agourram
et des Eaux et Forêts.
Après l'indépendance, le 13 juillet
1956, au cours d'une cérémonie, cette rue fut incluse
dans le grand boulevard Mohamed V qui desservait tout Agadir
depuis Founti.
|
|
|