Présentation 

 Vues diverses

 Historique

Immeubles Abatkok et Le Décor

Bâtiments municipaux

Villas du Tildi

De la cité Rocca à Yachech

Le Robinson
 

  
Le quartier de Robinson et la famille Ballester

Il y avait deux accès pour arriver au Robinson :

le plus rapide était d'emprunter la route de Tildi mais il fallait ensuite traverser le ravin du Tildi à la hauteur de la Guinguette par la piste.
À la saison des pluies, il arrivait que le passage se détériore. Il était remis en état.

Le second était une piste non asphaltée qui rejoignait la route venant de la Goutte de Lait ou du cabinet du Dr Sallard ou du vénéré Sidi Bel Abbès et l'arganier géant et sacré sous lequel les femmes marocaines faisaient le couscous du vendredi qu'elles offraient aux pauvres.
Ce dernier accès était bien plus long au milieu d'une lande d'euphorbes Tikiout. Il portait le nom de rue Mozart et servait surtout quand l'oued Tildi était en crue.


 

 

 Le Robinson était un petit quartier créé par Gaspard Ballester.

Gaspard Ballester, natif d'Algérie, arriva à Agadir après la guerre de 14-18.

Il acheta un grand terrain pour une somme modique, terrain assez éloigné de la VN mais qui était arrosé par l'eau des sources du Tildi et qu'il appela Robinson.

Il eut avec son épouse Louise Antoinette Rousseau, également native d'Algérie, 7 enfants (4 garçons et 3 filles).

Il avait su se faire admettre des populations environnantes Haha, Mesguina et Chtouka.

Gaspard se mit à l'œuvre et avec l'aide de Lahoucine, dit Moule-Brique, construisit une maison qui ressemblait à une ferme avec des poules, des canards, des lapins, un jardin potager, des carrés de luzerne pour les animaux, voire quelques sangliers.

Au fil du temps la propriété s'étendit car Gaspard continua de construire et loua des chambres.

 

Gaspard Ballester au Robinson en 1936

Gaspard Ballester et "Moule-Brique" construisent Le Robinson

 
Et la Guinguette fut créée.

Des enfants naissaient et l'accoucheuse Mme Mehlmann fut fort occupée.
C'est ainsi que la famille Ballester devint une grande famille d'Agadir.
Le Docteur Gauthier se rendait parfois sur place pour procéder aux accouchements et l'arrivée du nouveau-né était ensuite arrosée à la "Guinguette ".


 
La Guinguette était une construction légère en bois, planches et moucharabiehs, un peu comme le Casino de la Plage.


Elle possédait une grande tonnelle, une piste de danse avec orchestre, une salle de spectacle qui servait pour les matchs de boxe et des pistes de boules.


La guinguette disposait de quelques chambres.

 

 C'était une vraie guinguette au bord de l'oued où les familles venaient se divertir le dimanche après-midi en sirotant un pastis bien frais ou un petit vin blanc, des menthes à l'eau glacées ou des sirops de grenadine avec des pailles pour les enfants.

Les hommes pouvaient jouer aux boules.

Petits et grands aimaient danser au son de l'accordéon,
des femmes en robes fleuries dansaient entre elles
ainsi que des petites-filles en robes blanches du dimanche et des rubans dans les cheveux

 C'était un lieu de rencontre extraordinaire brassant notables, caïds, artistes, célébrités, sportifs, militaires et gens riant et trinquant sous les flonflons de la guinguette.

 

Car tous les jours c'était la fête à la Guinguette, de 19 heures du soir aux premières lueurs de l'aube et les samedis-dimanches on commençait plus tôt pour finir encore plus tard quand le soleil souriait, raconte Lahsen Roussafi.

 
 

 
Le roi de la fête était l'incomparable et infatigable accordéoniste Mario Salpietro qui avec le batteur Raphaël faisaient chauffer les corps et les cœurs.

La Guinguette, eut ses heures de gloire en accueillant des célébrités comme Marcel Cerdan et Pierre Brasseur.

Quand il était nécessaire de ramener le calme à la guinguette, un ami de Marcel Cerdan donnait parfois le coup de main quand par exemple, les soldats de la base américaine un peu éméchés venaient le perturber.

 
 

D'autres musiciens participaient parfois à l'orchestre de la Guinguette comme le trompettiste et batteur François Mayorgas.

Une belle danseuse espagnole, chanteuse de flamenco du nom de Mélagro, évoluait sur la piste de bal en jupe à millefeuilles en claquant des talons et des castagnettes pour entraîner la compagnie.

 
Louise Col Martin, surnommée "Lyne" de son nom de chanteuse d'opérette (Lyne Bergue) prit un temps la gérance de la Guinguette.

L'annuaire des abonnés au téléphone de 1958 donnait le nom de Mme Campourci comme propriétaire (en fait gérante) mais la "patronne" de la Guinguette et de l'hôtel Tildi fut Mme Ray jusqu'en 1959.

À quelques mètres de la Guinguette et dans l'enceinte même de Robinson se trouvait l'Hôtel Tildi, un hôtel qui possédait quelques chambres pour ceux qui n'avaient plus de jambes pour rentrer chez eux ou pour finir la nuit "en beauté" si on ne voulait pas se déplacer jusqu'à la "Perle du Sud" et cela fut ainsi jusqu'à ce que la gérance soit cédée par Ballester.

Ce tableau intitulé Robinson est l'œuvre de Chantal Tronquit Ballester qui a vécu au Robinson,
enfant Ballester qui plus d'une fois a joué pieds nus dans l'oued Tildi

 


Daniel Ballester
1956

et en 2011


 

Chantal Ballester