La BAN au secours d’Agadir

 

 

Le séisme du 29 février 1960

  Le médecin Major de la BAN (témoignage)

 L’escadre de la Méditerranée en soutien

Témoignage Vidal

 Témoignage Poisay

Témoignage Richard

Témoignage Destenabes

 

 

 Nuit du lundi 29 février 1960 au mardi 1er mars
 

 
 Agadir 29 février - 23 h 45 : La ville entière est secouée comme par une main gigantesque, le sol est soumis à un brutal va-et-vient selon un axe Nord-Sud, en même temps qu’une puissante ondulation ébranle les immeubles, les tordant comme des roseaux ou les brisant (Cappe, 36).

Au cours du séisme, la BAN située à Ben Sergao, à 6 kms du centre d’Agadir, a subi la secousse destructrice mais avec une bien moindre intensité que dans la ville même. Les petits bâtiments sans étages de la BAN construits en matériaux légers ont bougé sur leurs semelles de béton et les marins se sont précipités au dehors.
Alimentée en électricité comme la ville par l’Usine électrique, la base est aussitôt plongée dans l’obscurité ; mais de puissants groupes électrogènes, constamment tenus en état de fonctionner, sont aussitôt mis en marche par l’équipe assurant l’entretien permanent.
Moins de deux minutes après la secousse, les cantonnements sont à nouveau éclairés.
 

La Base école d’Agadir comporte alors un effectif de 1400 marins sans compter le bataillon de zouaves de 350 hommes hébergés dans les installations pour assurer la sécurité de la base. Tout ce personnel est placé sous l’autorité du capitaine de frégate Thorette (depuis septembre 1959) qui habite avec sa famille dans une villa située à quelques centaines de mètres du cantonnement (W. Cappe, p. 38).
Lors de la secousse, le Cdt Thorette est chez lui, parfaitement éveillé. Son 1er réflexe est de se précipiter sur le téléphone qui le relie directement à l’officier de suppléance de commandement pour l’informer de la situation.
Le téléphone intérieur de la BAN fonctionne encore mais la ligne civile qui relie la base au Central téléphonique d’Agadir est coupée. La station radio est intacte.
Vingt minutes après la secousse, des voitures amènent déjà des blessés à la base ; des officiers de la BAN qui logent en ville avec leurs familles apportent les premières nouvelles qui sont catastrophiques.
 

 
 
 

 
 La BAN organise immédiatement les secours.


Le commandant Thorette et son état-major organisent immédiatement des équipes de déblaiement qui se rendent à Agadir et décident de la mise en disponibilité immédiate de tous les avions susceptibles d’assurer le transport des blessés.
Les escadrilles de la base comprennent notamment des bombardiers «Lancaster» mais aussi plusieurs bimoteurs de transport Bloch 161 «Languedoc» ainsi que des Junkers 52 trimoteurs, des SO 94 et SO 95.

Les civils blessés ou non, français, européens et marocains affluent de plus en plus nombreux à la base.
La base ne sait pas encore combien parmi les officiers et familles qui vivent dans la ville d’Agadir sont morts, blessés, ou disparus.
 

Un service d’accueil est mis en place ainsi que des équipes de secours.

Le patron des cuisines, le chef du Carré des officiers et leurs équipes sont déjà à pied d’œuvre et reçoivent comme consignes de puiser dans les réserves alimentaires et d’accueillir sans restriction les réfugiés.

Dans la ville anéantie, la plupart des rescapés se dirigent immédiatement vers la base aéronavale. Pour les Français et les Marocains, la base semble être la seule force capable de leur porter secours (Cappe, 46).

À la base, tout ce qui roule est mis à la disposition de la collectivité : les camions et cars de la marine, les autobus urbains de banlieue.

 

 
 À l’hôpital Mohamed V d’Agadir (ex-hôpital mixte civil et militaire Lyautey)

qui se trouve sur le Plateau administratif à Talborjt, le Dr Farié et ses collaborateurs, les Dr Mercier et Brunel, ont pu, en prenant de gros risques, évacuer en moins d’une demi heure après le séisme, les 400 malades de l’hôpital sans affolement, ni victimes parmi les malades.
 

Farié, Mercier et Brunel ont du dégager auparavant leurs familles de leur maison sinistrée. Tous les employés de l’hôpital ont rejoint leur poste quelques minutes après la catastrophe.
Lorsque l’hôpital a été vidé, le Dr Farié installe un poste de tri avancé permettant de centraliser les blessés et les cadavres à proximité de l’hôpital.
Les blessés sont dirigés progressivement vers la BAN.
 
 

 Mardi 1er mars


 
1 heure du matin - Partout dans la ville sinistrée, des marins et des zouaves attaquent les décombres, aidés de civils marocains et européens. Sans distinction, toute la nuit, ils retirent ensemble des morts et des vivants. Cette nuit est une nuit de ramadan, très chaude ; au moment du séisme, les hommes étaient souvent dehors, dans les cafés ou encore au cinéma ou avec leurs amis, et les femmes et les enfants étaient souvent à l’intérieur des maisons qui se sont effondrées.
Durant les premières heures qui ont suivi le séisme, les autorités marocaines font parties des victimes.
 
 
 Le gouverneur Si Bouamrani a perdu une partie de sa famille. Le casernement de la Gendarmerie s’est écroulé sur une grande longueur et les rescapés tentent de dégager leurs camarades et leurs familles. Il en est de même de la Police : bon nombre de policiers ont péri dans le grand immeuble dans lequel ils étaient logés avec leur famille ainsi que ceux qui habitaient le quartier de Talborjt. Quant à l’Armée royale, un bon tiers a péri dans l’écroulement de son casernement dominant le quartier de Founti (Cappe, 49).
 

Seule la BAN, quasiment intacte, est en mesure de réunir le matériel et les personnels utiles à ce moment-là pour organiser le sauvetage.
Au PC de la base, le Cdt Thorette et son état-major ont lancé les ordres les plus urgents : les équipes de déblaiement sont au travail, les cuisines fonctionnent, les avions de transport sont préparés pour un décollage imminent, les blessés sont soignés à l’infirmerie.

Le Cdt Thorette peut alors informer l’état-major de la Marine à Casablanca à 1 h 11 :
«Vous rend compte séisme violent à Agadir. Ville détruite aux trois quarts».
 

 

 
Les médecins de la base (voire le témoignage du médecin major de la base) aidés de leurs confrères civils qui sont venus spontanément se mettre à leur disposition, ont transformé l’infirmerie de la base en bloc opératoire. Le Dr Gauthier (arrivé à Agadir en 1924) vient de perdre cette nuit son épouse lors de l’écroulement de leur villa en Ville nouvelle ; mais il est là.
Le nombre de blessés est tel que c’est en plein air que sont assurés les soins mineurs. L’infirmerie de la base et ses abords laissent le souvenir d’une vison effroyable de membres sanglants, de corps meurtris où les cris des blessés se mêlent aux sanglots de leurs proches.
 

 Déjà le pillage et les désordres apparaissent dans certains quartiers et le Cdt Thorette demande au consul Jeudy (qui a perdu son enfant dans le séisme) d’interroger le gouverneur Si Bouamrani (anéanti par la perte de ses proches) au sujet du maintien de l’ordre, faute de quoi la Marine pourra mettre ses propres forces à sa disposition.

Le gouverneur propose que les patrouilles soient assurées par des marins accompagnés de policiers marocains ; 60 marins sont aussitôt armés, 2 chenillettes et 2 half-tracks patrouillent en ville et près de la base pour surveiller les quartiers de la ville nouvelle.

 

 
Pour le Cdt Thorette, les problèmes se succèdent, sans discontinuer, l’obligeant à prendre de nouvelles mesures et à annuler les précédentes.

Après avoir laissé entrer tous les réfugiés, le Cdt se voit obligé d’interdire l’accès de la base aux Marocains non blessés car des éléments troubles ont été surpris en train de détrousser les blessés près de l’infirmerie.

Vers 3 heures du matin, sur demande des autorités marocaines, le Cdt Thorette fait transmettre par l’intermédiaire de Marine-Maroc un message au gouvernement de Rabat rendant compte de la situation.
 

Le drame du sauvetage s’impose rapidement ; les bonnes volontés et les mains nues ne suffisent plus ; le manque de moyens de levage est crucial.


Les chalumeaux oxhydriques,
les pinces pour couper les fers à béton,
les barres à mine,
les masses et le burins sont en nombres insuffisants ;
des crics plus puissants,
des grues seraient nécessaires ;

ceux de la BAN et du port sont employés mais en nombre insuffisant et ce sont ces premières heures qui comptent le plus.

 
 
Le message de détresse lancé par le Cdt de la base juste après la secousse a été capté à Casablanca par la radio de la Marine française.

Aussitôt le capitaine de vaisseau Lafforgue, chef d’état-major de la Marine française au Maroc est informé; le contact radio est établi avec la BAN d’Agadir.

Dès la 1ère heure du 1er mars, le CV Lafforgue téléphone à l’amiral Granger-Veyron (Cdt la Marine au Maroc) et l’informe du grave séisme qui s’est produit à Agadir ; le Cdt Thorette demande une assistance médicale immédiate et annonce qu’il envoie un avion prendre les renforts en personnel médical.
 

Les médecins et infirmiers disponibles de la Marine sont prévenus ; l’alerte est donnée dans les casernements ; les chargements de médicaments et de matériel chirurgical et sanitaire sont préparés.

La Marine dispose à Casablanca de stocks pharmaceutiques énormes (Cappe, 55)Les médecins militaires des bases de l’armée de l’Air française au Maroc sont immédiatement convoqués. Les magasins d’approvisionnement reçoivent l’ordre de préparer des convois de vivres.

Le Cdt s’inquiète du problème de ravitaillement en carburant de nombreux avions qui vont participer au pont aérien entre Agadir et les aérodromes du Maroc et d’Europe.

 

 

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À Rabat, Le roi Mohamed V vient d’être informé

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Le 1er télex annonçant la catastrophe est arrivé à 2 h du matin le mardi 1er mars à Rabat et comportait une erreur d’estimation en raison de l’obscurité. Il y était annoncé qu’une partie seulement de la ville était détruite.
Vers 4 heures du matin, l’étendue des dégâts est connue plus exactement grâce à un autre télex envoyé de Marrakech par un habitant d’Agadir qui a vécu le séisme et qui a rejoint Marrakech par la route (Dr Corson, 185). Le souverain se met en rapport avec les ministres responsables et passe le reste de la nuit en liaison constante avec eux, donnant toutes instructions pour l’envoi dans les plus brefs délais de toute l’aide possible à la population sinistrée. Le Dr Ben Abbès, ministre de la Santé fait rassembler des médecins, des médicaments, du sang et un matériel chirurgical d’urgence.
Des médecins, réveillés en urgence, prennent place avec du matériel dans un 1er avion qui décolle pour Agadir.
À 4 heures du matin, les principales villes du Maroc reçoivent l’ordre du gouvernement de rassembler tous les moyens de secours disponibles et de les diriger vers Agadir.
Le Dr Benhima, secrétaire général du Ministère marocain de la Santé, est désigné pour diriger les opérations sanitaires sous les ordres du Prince Moulay Hassan (Cappe, 57, Corson, 184). Le Dr Benhima est entouré du Dr Sentici, du Dr Dargassi (médecin chef de la Province de Rabat), du Dr Mohamed Djebli et du Dr Ferrand.
Parallèlement, le ministère des TP désigne pour diriger les opérations de sauvetage, l’ingénieur en chef de la subdivision du Sud, le polytechnicien Paul Clos (Cappe, 57). Les deux hommes arrivent très tôt dans la matinée à Agadir avec leurs collaborateurs.

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À la BAN, le souci du Cdt Thorette concerne maintenant la reprise de l’activité aérienne car les premiers avions chargés d’évacuer les blessés devront décoller dès que le jour sera levé. Heureusement la piste a été épargnée.

Le second souci, c’est évidemment l’organisation rationnelle des secours dès les premières lueurs du jour.
Dès l’aube, les ingénieurs des Travaux Publics, les ingénieurs d’entreprises privées, un représentant du gouverneur, ainsi que l’état-major de la base se sont réunis à la base dans le bureau du Cdt. Pendant la nuit, le service photographique a préparé des jeux de vue aériennes ; le Cdt et les spécialistes tracent au crayon gras sur les épreuves, les différents secteurs à déblayer par des détachements de 25 marins et zouaves, commandés chacun par un officier, au total 750 hommes (Cappe, 58).

 
Évacuation par avion des blessés

Il s’avère très rapidement impossible de garder les blessés graves sur la base ; l’hôpital Mohamed V est anéanti et l’hôpital d’Inezgane est déjà comble. Les évacuations de blessés sont prévues sur Casablanca, Marrakech et même Taroudant qui dispose d’un petit hôpital.
 

 Cependant, Taroudant ne possède qu’un aérodrome de secours sans équipement : un élément de contrôle est dépêché par la route avec mission de rendre possible les atterrissages à partir de 9 heures.
Les premiers avions qui partent avec les blessés vers Taroudant sont les Junkers 52 puis des Bloch Languedoc, SO 94 et SO 95 vers Marrakech et Casa.
 

 
Ravitaillement en eau potable, pain et carburant

Par ailleurs, faisant le point, le Cdt Thorette constate que si le matériel de déblaiement manque toujours de façon cruciale, il en va de même pour le pain mais aussi pour le ravitaillement des avions en carburant. Pour ce dernier, la base ne dispose pas de stocks. Elle s’approvisionne en carburants aux énormes entrepôts des compagnies pétrolières situés à l’abri de tout danger d’incendie dans la vallée El Ghezoua, nichée en contrebas de l’arrière de la Kasbah.
Dans la nuit, le Cdt envoie un officier prendre des nouvelles de ce dépôt. Il est intact malgré sa situation dans la partie la plus faillée de la ville. Les énormes citernes et les installations de pompage, solidement établies sur des assises de béton n’ont pas bougé.
 

 Même si la capacité des réservoirs est importante, l’essence avion réellement disponible est limitée.
D’après les derniers états de stocks à la date au 28 février, 100 000 litres de carburant «avion» y étaient entreposés.
Or, les avions lourds dont dispose la base et ceux qui ne manqueront pas d’arriver, exigent des pleins pouvant atteindre plusieurs milliers de litres par appareil.

L’approvisionnement de la base par des camions citerne est peu envisageables étant donné l’état de la ville et la route principale très encombrée.
Il parait prudent au Cdt Thorette d’ordonner à ses équipages de se ravitailler en carburant au cours de leurs escales sur d’autres terrains.
Seuls les avions légers seront ravitaillés à Agadir (Cappe, 60).

 

 

Dès le lever du jour, les militaires français, zouaves et marins ainsi que les éléments des forces marocaines encore mal regroupées, armée, police et services publics, tous armés d’outils rudimentaires mettent toute leur ardeur à essayer de sauver ceux qui sont prisonniers des pierres (Cappe, 64).
Les blessés sont transportés sur des civières de fortune et les cadavres commencent à être alignés sur le bord de la route.
Il est 7 heures du matin et le jour qui se lève est déjà très chaud. La ville est privée d’eau et du minimum d’hygiène. Il faudrait inhumer au plus vite (Cappe, 71).
Les cadres de la police urbaine marocaine sont parvenus à se regrouper et à réunir les membres rescapés de leur personnel. Des éléments de la police urbaine de Marrakech sont arrivés en renfort (Cappe, 72-73).
Le commissariat central d’Agadir situé au Quartier industriel est quasiment intact. S’y trouvent le parc automobile et le magasin d’armement. Un parc automobile a été improvisé à la sortie de la ville près du Quartier industriel ainsi qu’un bureau provisoire des objets trouvés.
 

 

 
 
 

Un camion de la base arrive vers l’église Sainte Croix en haut de la Ville Nouvelle : des marins apportent un 1er ravitaillement, déjeuner qui redonne un peu de courage. Ce camion reviendra ensuite avec une citerne d’eau potable. Les jeunes marins emportent les corps d’enfants morts pour leur donner une sépulture à la BAN.
 

Évacuation des familles du personnel
Le 1er mars, le Cdt informe le personnel de la BAN qu’une évacuation des familles pourra avoir lieu le lendemain avec des avions venant de la métropole.

 

 
Pont aérien - Évacuation des blessés

Un 1er chasseur à réaction américain de la base de Sidi Slimane survole la ville.
Puis un ronflement continu emplit le ciel. Ce sont les premiers Junkers qui décollent de la BAN avec leur chargement de blessés pour Taroudant où l’hôpital est prêt à accueillir les blessés.
Des avions décollent pour emmener d’autres blessés vers les hôpitaux de Casa, Rabat, Marrakech alors que d’autres avions se préparent à atterrir. Partis de Rabat dès le lever du soleil, ils amènent des médecins, des infirmiers, des médicaments et du sang.
À l’hôpital d’Agadir, les blessés sont alignés sur le terrain vague qui s’étend devant l’entrée. C’est à la base que s’organise la seule antenne chirurgicale possible.

La menuiserie de la base fabrique en urgence quelques cercueils, mais le nombre de cadavres s’accroit et il paraît vain d’espérer donner une sépulture décente à tous ces cadavres rapidement rendus méconnaissables par la chaleur.
 

 Car la chaleur augmente. Au petit matin, la température est de 30° à l’ombre. Dans la journée elle atteindra 40° à l’ombre.

Dans le ciel de ce 1er jour qui suit de quelques heures le séisme, c’est maintenant un carrousel incessant d’avions de toutes nationalités (Cappe, 74).

À la base, les appareils se posent et décollent les uns derrière les autres (témoignage ).

Outre les avions civils de différents ministères marocains qui amènent des techniciens, du personnel ou du matériel sanitaire et des médicaments, il y a ceux des bases militaires françaises et américaines du Maroc.

Les équipages français de Meknès et de Marrakech ont décollé dès le début de la matinée en direction d’Agadir et à cette heure-ci, le 1er avion sanitaire français se pose à Marrakech transportant une vingtaine de blessés marocains (hommes, femmes et enfants) qui sont immédiatement admis à l’hôpital français de la base de Marrakech (Cappe, 75).


 

 
 
 
 
 
 
 


De son côté, l’amiral Granger-Veyron poursuit sa tâche de rassembler toutes les forces et les équipements dont il peut disposer.
 
 

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1er mars 1960

Arrivée de Mohamed V roi du Maroc à Agadir

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Vers 10 h 30, un avion se range devant le hangar de l’aéroport civil avec à son bord, le roi Mohamed V accompagné de la princesse Lalla Aïcha (présidente de l’Entraide marocaine), d’Abdallah Ibrahim (président du Conseil) ainsi que de plusieurs membres du gouvernement dont le docteur Ben Abbès (ministre de la Santé), suivis de techniciens dont le Dr Sentucci (épidémiologiste).
Le gouverneur de la Province d’Agadir, Bou Amrani, salue le souverain et lui fait un rapport de la situation. Le roi et les personnalités de sa suite se dirigent en voiture vers la ville sinistrée. Le roi visite à pied les quartiers dévastés et mesure l’ampleur de la catastrophe et la détresse des survivants. Il se rend à la BAN au chevet des blessés, puis se rend à Inezgane où se tient un 1er conseil chargé de faire le point sur la situation (Cappe, 80-81).
Vers 14 h30, sur l’aire bétonnée de l’aéroport, un avion attend Mohammed V, très affecté par ce qu’il vient de voir ; il se dirige vers l’appareil et s’apprête à monter. Son aide de camp, Mohamed Oufkir, lui glisse quelques mots à l’oreille. Le roi se dirige alors vers le Cdt Thorette pour lui serrer la main et retourne vers l’avion qui l’attend. Le roi a voulu que les places disponibles dans l’avion soient occupées par des sinistrés (14 rescapés dont 12 suédois et 2 allemands).


Le prince Moulay Hassan est chargé par le roi d’organiser les secours et de prendre toutes mesures pour l’application des décisions arrêtées.

 

Dans la soirée, sur les antennes de la radiodiffusion marocaine, le roi lance l’appel suivant :

 
« Peuple fidèle,
C’est avec tristesse et le cœur plein d’amertume que nous nous adressons à vous. En ce jour, une grande et terrible catastrophe s’est abattue sur notre pays. Un affreux cataclysme a détruit la ville d’Agadir, a fait de ses habitants des victimes et l’a laissé en ruine. La parole est incapable de décrire cette calamité. L’heure n’est pas aux discours, car ceux que Dieu a sauvés attendent de nous des actes de solidarité, mais non point des pleurs et des paroles.
Nous avons chargé notre prince héritier Hassan de diriger les opérations de sauvetage et secours et d’en surveiller sur place l’exécution. De même nous avons chargé la princesse Aïcha d’organiser une campagne de solidarité dans l’ensemble du royaume et de collecter des dons destinés aux sinistrés.
Nous avons également affecté les crédits nécessaires pour le soins urgents.
Le devoir humain, religieux et national exige de chacun de nous de venir en aide à ceux de nos frères survivants de la ville martyre et de leur apporter toutes formes d’assistance, en espèces ou autres, manifestant ainsi sa fraternité et accomplissant en même temps ses obligations religieuses et nationales.
Si vous faites un bienfait, Dieu vous le rendra au centuple et vous accordera le pardon, car Dieu est bienveillant et magnanime. » (Coran).
 


 

 

Les cadavres s’amoncellent

Des centaines de corps sont maintenant alignés près du cimetière musulman de Yachech.

 
 

Au cimetière chrétien, une fosse commune a été creusée (Cappe, 84).
Fosse commune de la base : à 200 m de la base, un bulldozer creuse une énorme fosse près de laquelle sont allongés de nombreux corps de musulmans.
 

Aide internationale

Vers 15 h, deux «Nord 2 500» équipés en sanitaire arrivent d’Alger.
Dans le courant de l’après-midi, l’ambassadeur des E-U, accompagné de plusieurs officiers généraux et supérieurs, se pose sur la piste. Accompagné du Cdt Thorette, ils se rendent en ville. L’ambassadeur offre l’aide des forces américaines au Cdt et demande ce qui lui serait nécessaire. Pour Thorette, il faut des avions de transport et des unités de génie, si possible munies de matériel lourd et autonome et c’est urgent.
Des DC4 et C 130 américains ne tardent pas à se poser dans la soirée. Un DC6 de la Cie UAT apporte 5 tonnes de médicaments.
 

Les installations de la base sont maintenant complètement surchargées.
Depuis minuit, les énormes fourneaux de la cuisine de la BAN ronflent sans arrêt. Les matelots ont préparé près de 15 000 rations qui seront distribuées par les camions militaires dans la ville sinistrée.

Au cours de la journée, les avions de la base de Marrakech, ont effectué 13 rotations ; quant à l’aéroport de Casablanca - Camp Cazes, il connaît une activité extraordinaire : 200 rotations d’avions militaires français sont enregistrées.

Bilan : Mardi soir à minuit : 1200 blessés ont été évacués (Corson, 185).

 

 2ème jour : mercredi 2 mars

Agadir n’est plus qu’une ville morte.
Les plus favorisés des rescapés ont passé la nuit à la base aéronavale. Les autres se sont reposés quelques heures sur un matelas ou à même le sol près de leur maison mais personne n’a voulu dormir sous un toit car la terre continue de trembler.

 L’escadre française est arrivée

 

 

Émergeant peu à peu du voile de brume, des silhouettes caractéristiques apparaissent : c’est l’Escadre française (voir l'onglet l’Escadre au secours d’Agadir).

Partie des Canaries la veille au soir, l’escadre de la Méditerranée mouille avant le jour devant Agadir.

Pendant que l’escadre faisait route à toute vapeur vers Agadir, l’amiral Cabanier a pris toutes les dispositions pour permettre l’intervention immédiate de l’escadre et de son personnel dès le 2 mars à 7 heures du matin, heure prévue pour l’arrivée en rade d’Agadir.

 



À 7 h 15, l’amiral Cabanier est accueilli par le Cdt Thorette qui lui fait un compte rendu de la situation

 
 
 

L’amiral doit disposer de deux PC (Poste de Commandement) : un PC bord à bord du Colbert pour les décisions d’ordre général et un PC Terre pour l’organisation des secours et la liaison avec les autorités locales (Cappe, 98).

1 500 hommes sont débarqués, portant des masses, des cisailles, des chalumeaux oxycoupeurs, des lampes torches, des fils d’acier.
Pour accélérer le transport des vivres, tous les bâtiments ont reçu l’ordre d’amener leurs stocks sur le porte-avions d’où ils seront transportés à Inezgane par les 3 hélicoptères du porte-avion.

 
 
 
 

Trafic aérien

Dès le 2 mars, des SO 30P de l’escadrille 31 S de Dugny – Le Bourget arrivent et établissent une noria d’évacuation des familles vers la France : on a compté jusqu’à 35 rotations en deux jours avant l’arrivée de l’aide internationale. Celle-ci comprend des appareils allemands, italiens, espagnols, portugais et américains ; ces derniers achemineront du matériel lourd de déblaiement et des bulldozers à partir de leurs bases marocaines. Le trafic aérien du terrain d’Agadir montera à un niveau jamais atteint depuis sa création mais aussi le trafic aérien de Casablanca-Camp Cazes où plus de 132 mouvements d’appareils seront dénombrés entre le 1er et le 3 mars 1960.
 

 

 

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Rabat- 1er mars

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Aussitôt rentré à Rabat, le Roi préside un conseil des ministres : la nation toute entière sera mobilisée pour venir au secours d’«Agadir la martyre».
Les entreprises de TP sont mises à contribution pour fournir du matériel de déblaiement ; les médecins résidant à Casablanca doivent se présenter aux autorités marocaines ; tous les hôpitaux de Casablanca sont maintenant remplis de blessés arrivés d’Agadir par les avions de Royal Air Maroc et par les avions militaires. Le ministre de la santé est reparti à Rabat pour mobiliser le personnel et préparer les lits dans les hôpitaux.

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Mardi 2 mars

Le Prince Moulay El Hassan est chargé de la direction des opérations

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En fin de matinée, l’avion de la Cie Royal Air Maroc qui amène le Prince Moulay Hassan, chargé par le roi de la direction des opérations, s’arrête devant le hangar de l’aéroport civil.

Le prince en tenue kaki, accompagné de son frère Moulay Abdallah, de la princesse Aïcha (présidente de l’Entraide nationale), de la princesse Malika (présidente du Croissant-Rouge), de différents ministres dont celui des TP, de M. Driss Slaoui et du colonel Oufkir (aide de camp du roi Mohamed V). Ces personnalités ont adopté la tenue militaire de campagne.

L’amiral Cabanier (Cdt l’escadre), l’amiral Granger Veyron (Cdt la Marine au Maroc) et le général Ernoul de la Chénelière (Cdt les troupes françaises au Maroc) prennent contact avec le prince.

Au PC du Prince, installé dans les locaux de l’Administration civile d’Agadir Banlieue à Inezgane, se tient une importante réunion de travail.

Le Cdt Thorette qui est en action depuis 40 h, fait connaître l’aide qu’il peut apporter.
Le Prince annonce qu’il a été décidé en haut lieu de la création d’une «ville morte» à l’intérieur de laquelle vont travailler les équipes de sauvetage et de déblaiement.

La vie des populations rescapées sera concentrée sur Inezgane, autour de laquelle seront installés des villages de tentes.

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À la base aéronavale, les corps des français décédés reposent sous une tente transformée en chapelle ardente. Leur inhumation a lieu dans la matinée de mercredi dans une fosse creusée par les marins sur le terrain de sports. Les honneurs militaires leur sont rendus.

Près de 3500 rescapés ont passé la seconde nuit à la BAN, à la belle étoile ou dans les hangars. À l’heure du déjeuner, c’est le menu de l’ordinaire qui est distribué par les matelots. On mange comme on peut : les privilégiés ont réussi à s’installer au carré des officiers.
 

 
 
 
Escadre hollandaise
De nouveaux bâtiments de guerre sont venus se ranger dans la rade : l’escadre hollandaise qui croisait dans l’Atlantique est venue se porter au secours d’Agadir : elle est composée du croiseur De Ruyter entouré de 4 escorteurs.
Le commodore du croiseur se présente au PC-Terre mis en place par l’amiral Cabanier pour l’organisation sectorisée des secours et assurer la liaison avec les autorités locales.
Les marins hollandais sont affectés au quartier de Talborjt où ils rejoignent les marins français de la base et des aviateurs américains qui travaillent avec les civils.
 
 
Des avions d’Espagne apportent un millier de lits, des vivres, des tonnes de vêtements, du matériel sanitaire et des blocs opératoire. Des médecins et infirmiers espagnols accompagnent le chargement.
Des Allemands arrivent au secours d’Agadir. Ils descendent de leurs avions de type Nord-Atlas portant la croix noire, avec un lazaret complet de campagne et une antenne chirurgicale.
Neuf appareils de la Luftwaffe se posent successivement (45 sous-officiers et hommes de troupe, tous membres des services sanitaires accompagnés de deux médecins et d’un pharmacien militaires sans compter : 3 500 couvertures, 200 lits de camp, 15 grandes tentes, et 6 fourneaux de campagne).
 
 
 
La terre continue de trembler à Agadir mais les sinistrés s’accrochent et ne veulent pas quitter les ruines sous lesquelles des proches se trouvent peut-être encore vivants.
La nuit tombe vite en raison de la brume.
Avant la nuit, les équipes des 1 600 hommes de l’escadre, épuisées, sont renvoyées à leur bord. Le rembarquement rendu difficile par la brume, est facilité par un LCT (Landing Craft Tank, barge de débarquement) que le commandant du Magallanes espagnol, a mis à disposition de l’escadre française.
 

 
Une seule équipe composée des marins de l’escadre, de soldats américains et de marins hollandais continue de travailler à Talborjt pour dégager 5 survivants avec lesquels un contact a été établi.

Pour avoir une chance de sauver les quelques rares survivants qui peuvent encore se trouver sous les décombres, il faudrait que chaque immeuble sinistré devienne un chantier de déblaiement, mais les moyens mécaniques disponibles sont encore insuffisants.
 

 
 
 
En fin d’après-midi, vers 18 h, le Cdt Thorette réunit ses adjoints pour déterminer les mesures à prendre.

- 1er problème : le pillage. Le Cdt a du renforcer les mesures et donner l’ordre de tirer sur tout individu qui se livrerait au pillage ou à des violences.

- 2ème problème : la présence des sinistrés rescapés : l’évacuation totale est nécessaire mais les rescapés tiennent à rester près des proches encore enfouis.

- 3ème problème : en ce qui concerne le fonctionnement de la base elle-même : elle se remet progressivement en ordre : les évacuations par avion et les départs par la route se sont poursuivis sans interruption et le nombre de civils diminue sensiblement sur la base.
Les familles qui décident de rester à la base, continueront à être nourries, hébergées, protégées.
 
 

 Problème sanitaire


Le Cdt évoque le problème sanitaire (il est urgent d’inhumer les morts) et celui crucial de l’eau potable.
Les puits de la base sont les seules ressources en eau potable de toute la population civile et militaire.
Il est nécessaire de procéder chaque jour aux analyses de l’eau potable.

Il n’y a presque plus de blessés soignés à la base (Cappe, 110).
Ceux qui restent sont malheureusement intransportables.

La nourriture des milliers de civils et militaires a été assurée ; les cuisines qui ravitaillaient ordinairement 1700 hommes ont du en nourrir au cours de ces 2 jours près de 8 000.

 

Le Cdt Thorette est satisfait de ses officiers et marins qui, grâce au plan de défense prévu pour mettre la base en sécurité, ont pu assurer les premiers sauvetages, le maintien de l’ordre et l’assistance.
Ce sont les zouaves prévus pour la défense de la BAN qui ont permis d’affecter aux sauvetages le personnel nécessaire et à celui de la BAN d’assurer l’activité intérieure et aérienne et l’évacuation des civils grâce au pont aérien vers Casablanca ou la France.

 
Bilan du mardi 1er mars : 587 civils dont 266 enfants ont été dirigés sur Casablanca.
Pour la seule journée du 1er mars, 1 050 blessés ont été évacués par la base.

Bilan du mercredi 2 mars : ce sont 939 personnes qui ont été évacuées.
751 blessés ont été admis dans les différents hôpitaux du Maroc.
 

 

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Autorités marocaines – Travaux publics marocains - Prophylaxie

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Le déblaiement proprement-dit effectué au début par les marins (base et escadre) est passé sous la direction des services des TP marocains (Corson, 186).
Maintenant que les blessés ont été évacués, les gros problèmes sont ceux des morts et de la prophylaxie. Cette fois, il devient urgent d’inhumer les cadavres.

Dans chaque secteur, un adjoint de santé, spécialisé dans les travaux prophylactiques, a entreposé des produits de désinfection et désinsectisation ainsi que des raticides. Il a sous son autorité une équipe de désinsectisation au sol comprenant 3 hommes et une poudreuse TIFA tractée par une jeep et un groupe de désinfection.
C’est ce dernier qui procède à l’épandage du chlorure de chaux dont l’action est renforcée par l’arrosage. Enfin, un groupe de dératisation opère avec du Dicoumarol (Corson, 186).

Problèmes des cadavres
C’est l’un des problèmes des équipes de prophylaxie. À la fin de la 1ère journée, il y avait 500 cadavres en surface. Ces cadavres sont ramassés jour et nuit par des camions-bennes à demi remplis de chaux.
Dès les premières 48 heures, 2000 cadavres ont été ensevelis ; à la fin du 3ème jour, ce chiffre est monté à 3000.

Tous les travaux, pulvérisation, épandage de chaux, déblaiement au bulldozer, extraction et manipulation des cadavres sont particulièrement pénibles en raison de la chaleur, de l’odeur, de la poussière et des risques de contamination des inévitables blessures manuelles.
C’est l’époque du Ramadan, et certains sauveteurs marocains effectuent un travail infernal sans repos, en respectant le jeûne des 14 h qui séparent le lever du coucher du soleil.
L’ensemble du personnel occupé aux travaux de prophylaxie sanitaire est d’environ 400 hommes.

Les adjoints de santé spécialistes Verrier, Belghouat, Abdesslem, Guillard, Brignone, Combier, Ré, Turmel, Riblaoui, Guertoumy donnent le meilleur d’eux-mêmes et font face, de jour et de nuit, à un travail écrasant.
Le Dr Verrier, bras droit du Dr Sentici, habituellement affecté au Ministère de la Santé à Rabat, est arrivé dès mardi soir par un avion américain. Il a participé au ramassage des blessés avec les équipes de marins de la base et s’est occupé du déchoquage des évacués.

Mercredi à 3 heures du matin, l’essentiel des blessés graves étant évacué, Verrier est alors descendu au Saada où il s’est faufilé entre des planchers et des plafonds distants de 40 cm, progressant à travers les cloisons grâce aux marteaux piqueurs des marins. 20 personnes vivantes ont ainsi étaient sorties dont 19 ont survécu. Verrier a ainsi contribué au péril de sa vie à arracher des survivants aux ruines de cet hôtel tombeau. Chaque sauvetage au Saada a nécessité en moyenne 4 heures de travail. Certains marins ont travaillé 23 heures de suite sans prendre de repos. (Corson, 186)

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À la Kasbah et à Yachech, les chances des survivants sont tellement réduites, qu’il a été décidé de procéder à un nivellement intégral. Ce travail a été confié à des équipes américaines munies de matériel approprié. Le personnel est réduit au minimum et le travail se déroule dans une poussière infernale avec masque à gaz, bottes, lunettes, combinaisons.

Lorsqu’une couche de matériaux est poussée sur les ruines, les équipes de désinfection répandent du chlorure de chaux puis les bulldozers recouvrent à niveau de matériaux de démolition et tassent. Les avions et hélicoptères survolent sans arrêt les ruines et déversent du DDT en poudre ou en solution (environ 50 T par jour).
Partout, on voit errer des chiens, des chats, des ânes, des chèvres. La destruction des chiens a été ordonnée pour prévenir le risque réel d’une épidémie de rage.

Le Cdt Thorette intervient auprès du PC du Prince Moulay El Hassan à Inezgane pour que les centaines de cadavres de Marocains entassés de l’autre côté de la route soient ensevelis au plus vite.

 

À Rabat : le Roi décide que les civils doivent évacuer la ville.

Sur l’avis de ses conseillers dont le ministre de la Sûreté M. Laghzaoui, le roi décide l’évacuation totale des ruines par les civils dès le lendemain matin de façon à ne pas gêner les sauveteurs, et d’éviter de provoquer des accidents ou de contracter des maladies infectieuses.

La ville doit être isolée et seules les équipes de déblaiement seront autorisées à demeurer.

 

 

Il est décidé qu’un village de tentes destiné à recevoir tous les rescapés sera édifié à 25 kms d’Agadir à Houara dans la vallée du Souss. Le matériel de l’armée y sera employé.
Une autre séance de travail réunit Moulay Ahmed Alaoui (1er V-P du Croissant-Rouge marocain), le Dr Laraki (SG de cet organisme) et le Dr Desmarais (délégué au Maroc de la Ligue internationale de la Croix-Rouge) dans le but d’évaluer les besoins des sinistrés concernant l’approvisionnement du village de toile prévu en réunion ministérielle.

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Contrôle de la ville

Sur la route qui conduit au port, à la sortie du front de mer, la police militaire arrête toutes les voitures.
On peut sortir librement de la ville, mais on ne peut plus y rentrer à l’exception des bataillons de troupes de l’Armée royale, du matériel de terrassement, des camions-grues, des bulldozers et de toutes les sortes d’engins de levage.

À la fin du mercredi 2 mars à 19 h : 2440 corps ont été enterrés.

En ville nouvelle, le manque de gros engins empêche tout travail d’aller au-delà des dalles de béton.

Le PC-Terre lance des SOS par l’intermédiaire du PC-Bord réclamant d’urgence des engins lourds et de la chaux vive pour trouver une solution aux cadavres qui s’accumulent mais la journée s’achève sans qu’une solution ait été trouvée.

 
Fosses communes

Le commandant du PC-Terre entre en contact avec le gouverneur de la Province et le ministre de l’intérieur marocain pour qu’une décision soit prise au sujet des cadavres.
L’atmosphère devient pestilentielle surtout à Talborjt, Founti et Yachech (Ihchach).

Près de Yachech, 300 marins de l’escadre ont creusé une immense fosse commune.
Près de 800 cadavres de musulmans sont en attente à proximité de cette fosse.
La peur de l’infection et des épidémies gagne les esprits
 

 

 

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Mercredi 2 mars

Colonel Driss à la tête des opérations

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Le soir à 22 h, au PC des TP de l’ingénieur en chef Paul Clos, un briefing impromptu réunit les officiers du PC-Terre, les techniciens des TP, le colonel Oufkir et le colonel Driss (qui doit prendre la tête des opérations le lendemain matin).


Au PC d’Inezgane, le Prince ne dort pas plus que ses adjoints et conseillers techniques : tout le monde est inquiet : on manque d’eau pour les 20 000 sinistrés qui campent autour de la ville en ruine, sans hygiène : les sauveteurs eux-mêmes n’ont que le strict minimum à boire.

Jeudi 3 mars - 1 heure du matin : on décide de diviser la ville en secteurs : ceux où il y a des chances de trouver des survivants et ceux qui ne recèlent que des morts.
Aucune décision n’est prise concernant les cadavres (Cappe, 116).

Le Prince demande l’aide de l’escadre pour acheminer en urgence des renforts de personnel militaire marocain.

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3ème jour : jeudi 3 mars au matin
 

 
Encore une journée de chaleur.
Le porte-avion Lafayette appareille le jeudi matin à 7 heures pour Casablanca à la demande des Marocains.

Le croiseur américain Newport New fournit à lui seul 100 tonnes d’eau potable par jour.
L’aide américaine est complétée par l’envoi d’une compagnie du génie partie d’Allemagne avec son matériel.
Les avions américains évacuent sans cesse blessés et rescapés.
L’US Army fournit tentes en nombre suffisant pour loger 3600 personnes, des médicaments, 12 T de vivres, 1500 lits de camps, 3500 couvertures. Les soldats américains ont dégagé près de 500 rescapés.
 


 

 
Ville interdite 
La gendarmerie royale interdit l’entrée dans la ville à tous les véhicules et piétons qui ne font pas de déblaiement ou de sauvetage.
La ville appartient presque entièrement aux sauveteurs ; il faut activer les déblaiements pour sortir les vivants avant qu’il ne soit trop tard mais aussi les cadavres pour des raisons prophylactiques.
Il y a outre quelques civils, les 1400 marins de la BAN, les 2000 de l’escadre, les 300 zouaves, les aviateurs américains, les marins espagnols, les marins hollandais, et 2000 soldats marocains, des pompiers venus de toutes les villes du Maroc, de France, d’Algérie : 5 000 hommes en tout.
50 bulldozers
sont en action. Plusieurs de ces énormes engins ont été amenés par avion-cargo depuis la base américaine de Ben Guerir. C’est par centaines que les camions et les grues sont à la disposition des sauveteurs.
Des entreprises de TP, de forage pétrolier, des mines ont envoyé leurs spécialistes avec leur matériel.
La nuit qui vient de s’écouler a été employée à ausculter les ruines : dans le silence total, l’oreille collé aux pierres en utilisant les stéthoscopes médicaux, les sauveteurs tentent de déceler la moindre trace de vie, le moindre appel étouffé.
Des survivants : 2 jeunes enfants marocains ont été découverts à Talborjt mais en Ville nouvelle aucun signe de vie.

Fosses communes Yachech
Les corps encore trouvés sont emmenés au bord des énormes fosses communes creusées près du cimetière européen de Yachech où reposent déjà des milliers de cadavres (Cappe, 121).
Ils sont comptés, recouverts d’une pelletée de cresyl ou de chaux puis de terre.
 

Navires
Dans la rade, on aperçoit les bâtiments de l’escadre française, les 5 bâtiments de l’escadre hollandaise, des navires de la flotte espagnole.

À côté de bâtiments français, le croiseur hollandais De Ruyter et quatre escorteurs.

Le croiseur américain Newport New portant la marque de l’amiral Galatin est arrivé dans l’après-midi et renforce l’aide apportée par les éléments de l’US Navy arrivés par avion.
À côté, se trouve la frégate Magallanès de la Marine espagnole ainsi que 2 LCT.
La Marine italienne a envoyé le destroyer Indomito, la Royal Navy britannique le ravitailleur Ryne et le dragueur Darlaston, et la Marine royale grecque le destroyer Argonaphtis.
Au total, 26 navires de guerre et des cargos. Tous les pavillons sont en berne.
Les équipages de ces navires se sont mis à la disposition du commandement de la Marine française. Les embarcations de tous ces bâtiments ont été mises en pool pour donner plus de souplesse aux mouvements.

À la demande du croiseur hollandais De Ruyter, le Goumier assure le transport de la totalité des équipes hollandaises, de leur relève et de leur rembarquement.
Les marins français de la base travaillent à Talborjt, ceux de l’escadre en ville nouvelle, les marins hollandais ou espagnols à Founti.
Les marins du «Basque» et du «Gascon» travaillent depuis la veille et toute la nuit sans interruption pour sauver deux personnes qu’on a réussi à alimenter en creusant un tunnel.
 
 

 
Blessés
La plupart des blessés récupérés ont maintenant presque tous été évacués sur les hôpitaux de Casablanca, Marrakech ou Rabat.
La collecte de plasma est suspendue car les blessés en nécessitant ont été évacués. Le nombre de blessés qui arrivent à la BAN se réduit.

Hôpitaux
Un remarquable hôpital de campagne a été envoyé par les Allemands ; il fonctionne à Inezgane sous la tente.
Il dispose d’une salle d’opération chirurgicale et d’un appareil radiologique moderne avec amplificateur de brillance ; ses groupes électrogènes puissants alimentent également l’hôpital de campagne italien installé à côté, disposant de 250 lits avec salle d’opération dirigée par le Pr Taneglia de Rome.

Ravitaillement
On ne manque plus de ravitaillement : à ceux de la base se sont ajoutés ceux de l’escadre : les boulangers des grands navires ont travaillé sans arrêt et des vivres sont arrivés de Casablanca.
On manque encore d’eau malgré le fait que les bouilleurs des navires de l’escadre en produisent sans cesse. Cette eau est distribuée avec parcimonie aux équipes par une jeep : l’amiral Cabanier est à bord et participe à la distribution de l’eau.

Personnel de santé
Tous les médecins militaires disponibles au Maroc et en Algérie ont été acheminés à Agadir soit : 212 praticiens qui travaillent en collaboration avec les médecins américains, espagnols allemands, italiens, belges, hollandais et marocains.
De nombreux médecins arrivent encore de France par avions spéciaux.

 

 

À la date du jeudi 3 mars :
935 blessés alités
ont été répartis dans les hôpitaux civils (464 à Casablanca) ; des centaines d’autres sont soignés dans les hôpitaux militaires français.

Au PC-Santé de l’escadre qui se trouve à côté du PC-Terre et du PC des TP, sont assurés les soins d’urgence et parfois des interventions chirurgicales.

Les sauveteurs sont soignés dès qu’ils présentent une blessure même légère. Les plaies infectées des mains et les conjonctivites et coryzas d’origine chimique sont fréquents malgré le port de masque.
Certains sauveteurs ont travaillé plus de 30 heures d’affilée.
Tous souffrent de la chaleur écrasante.

Transport de troupes marocaines, scouts et vivres
Le porte-avion Lafayette est allé chercher des troupes (2800 soldats marocains) à Casablanca et du matériel de l’Armée royale marocaine rassemblés devant la gare maritime, 60 tonnes de vivres et des fûts de chlorure de chaux.
L’amiral Ganger-Veyron est venu saluer l’amiral La Haye, commandant l’aviation embarquée et s’entretient avec lui de la situation d’Agadir.

Dans la même journée, plusieurs cargos chargent des vivres et du matériel à destination d’Agadir : le Mintaka avec de l’eau, le Zagora de la Cie Paquet qui vient de sortir de la forme de radoub, avec 300T d’eau, 15T de légumes et 5T de désinfectant.

300 hommes des services de la Préfecture de Casablanca ainsi que des scouts sont embarqués.
Le cargo Bismillah de la Fred Olsen Line, appareille à son tour dans la soirée avec 250 scouts et 120 gardes municipaux.
 

 
À Agadir, on dénombre ce jour là : 3 944 morts.
 

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Risque d’épidémie : faut-il interrompre les recherches de survivants ?

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Une controverse s’élève entre les médecins civils et militaires devant le risque d’épidémie (3 à 4000 cadavres se décomposent sous les décombres dans lesquels les rats pullulent). Le Prince décide de faire une inspection générale des ruines avec les civils, militaires marocains et français. Il interroge Paul Clos : «Signeriez-vous un PV constatant qu’il n’y a plus de survivants dans les ruines ?» «Monseigneur, il n’en est pas question» répond l’ingénieur en chef profondément troublé (Cappe, 130).
Le prince annonce que le colonel Driss a pris le commandement des opérations. Les vivres en stock provenant des escadres françaises et hollandaises seront désormais remises à cet officier.

Les équipes de l’escadre regagnent leurs bords.

Les cadavres qui étaient en surface à côté de la fosse commune de Yachech sont enterrés.

Le Dr Ben Abbès, ministre de la santé, arrive vers 20 h à Agadir, porteur des décisions prises en conseil des ministres dans l’après midi du jeudi 3 mars. Il se rend au PC d’Inezgane. Mais devant les décisions difficiles à prendre, le Prince préfère s’entretenir directement avec le roi.

À bord de son avion personnel «Morane 760» Tourterelle, il décolle d’Agadir et se pose à Rabat vers 23 h. Une ligne directe relie désormais le PC d’Inezgane au palais.

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Vendredi 4 mars

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Le prince repart à 1 h du matin de Rabat pour Agadir et retrouve les techniciens, médecins marocains et français, civils et militaires. Tous sont maintenant d’accord pour reconnaître qu’il y a un risque important d’épidémie.


En conséquence, il est décidé :

- L’évacuation totale de la ville ;
- La désinfection en grand par DDT pulvérisé par avion ;
- Le chaulage massif des ruines.

Le travail de recherche sera poursuivi sur les îlots où des survivants ont été repérés.

Trois décisions dominent :
1- L’évacuation de tout le personnel hors du périmètre de la ville qui sera bloquée par un cordon sanitaire ;
2- Seules des petites équipes
en nombre limité auront la mission de procéder à la désinfection et à la dératisation des ruines ;
3- Mise en quarantaine (4 ou 5 semaines) des hommes composant ces équipes, qui n’auront pas de contact avec le reste de la population pendant ce laps de temps. Un camp à leur usage sera installé à l’intérieur du périmètre interdit.
La journée du vendredi est consacrée à l’évacuation des ruines par les troupes.
Vers 3 h du matin : Les techniciens d’Inezgane mettent au point les détails d’application des mesures arrêtées la veille.

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«Les commandos de la Mort»

Les équipes de prophylaxie sont sous la direction du Dr Sentici, chef de Cabinet du ministre et chef de la Prévention. Il est arrivé à Agadir le mardi matin à 11 h avec l’avion du roi du Maroc qui amenait également le ministre de la santé (1er avion à décoller en direction d’Agadir). C’est un organisateur remarquable qui sait obtenir des hommes le meilleur d’eux-mêmes.

Les hommes désignés, équipés de bottes, de gants, de combinaisons et de masques spéciaux vont injecter dans les ruines des tonnes de chlorure de chaux. Il est nécessaire d’arroser les ruines auparavant avec des motopompes car le travail du chlorure de chaux nécessite de l’humidité pour que les cadavres se momifient sans contaminer ni atmosphère ni les intervenants.

En même temps, des hélicoptères et des avions spécialement équipés survolent la ville sans discontinuer pendant plusieurs jours et pulvérisent des tonnes d’insecticide provenant en grande partie du stock des Aït Melloul.

Aux portes de la ville se tiennent des équipes munies de poudreuses.
Une désinfection systématique (DDT ou HCH) sera effectuée sur toute personne qui se présentera à l’entrée de la ville pour traverser l’axe du front de mer, seule voie autorisée.


Le prince annonce qu’il ne compte pas rebâtir les quartiers sinistrés mais que la ville sera reconstruite au Nord et au Sud de ces quartiers.
Il est presque 4 heures du matin.

Dès le début de la matinée du vendredi 4 mars, les troupes de l’Armée royale, sous le commandement du colonel Driss, investissent la ville et prient les civils de quitter les lieux.

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Vendredi 4 mars

Agadir «Ville morte». Une nouvelle phase va commencer.

 
Agadir devient une «ville morte» pour 40 jours, le temps nécessaire au chlorure de chaux d’agir sur les chairs humaines et d’éviter tout risque d’infection.
La ville est ceinturée par un cordon de troupes, interdite à toute personne qui n’a pas de mission à y accomplir.

Au PC-Terre, près de l’immeuble des TP, les pelles et les pioches s’amoncellent maintenant inutiles.
Les marins des escadres regagnent ou ont regagné leurs bords.
En accord avec le Prince et l’ambassade de France, l’amiral Cabanier décide de retirer l’escadre française à l’exception des bâtiments du GASM (Groupe d’Action Sous-Marine).
 
 

 
À la base aéronavale, des dizaines de cercueils sont arrivés par bateau ou par avion, trop tard.
En fin de matinée ce vendredi, le vice amiral Cabanier accompagné du CF Joybert se rend au PC du Prince pour prendre congé de lui.
Pendant 3 jours, l’amiral Cabanier a commandé toutes les opérations depuis le PC Terre. Les officiers de l’état-major du colonel Driss doivent relever l’état-major d’escadre du Colbert au PC-Terre en fin d’après-midi.

Trois cargos quittent le port à destination de Casablanca : le «Tadla» transporte 480 rescapés, le «Bismillah» et le «Zagora» chacun 500 rescapés.
 

 

 
Vendredi 4 mars : Le point

La population de la ville était d’environ 40 000 personnes avant le séisme.
Le prince avance le nombre de 20 000 survivants.
2 000 blessés graves (alités) se trouvent maintenant dans les principaux hôpitaux du royaume.
Le pont aérien a permis d’évacuer exactement 1731 blessés. Il y aura 46 blessés le lendemain.
On a dénombré jusqu’au 4 mars, environ 4 000 morts dont les corps ont été enterrés sur place. Et on estime à 6000 le nombre de cadavres disparus.
L’ambassade de France annonce qu’un millier de ressortissants français ont trouvé la mort dans le séisme (sur une population civile de 3 680 personnes) mais seulement 260 corps ont été identifiés.
L’ambassade précise que les pertes de la Marine nationale stationnée à Agadir s’élèvent à 43 morts et 24 disparus (Cappe, 135-6).
L’ambassade d’Espagne signale de son côté que près de 800 de ses ressortissants ont péri.
 

 

Samedi 5 mars

Pour le gros de l’escadre, l’opération Agadir se termine ce jour.
Et l’amiral Cabanier conclut son discours par les propos suivants :
"À la base aéronavale d’Agadir, je dis que je suis fier d’appartenir, à ses côtés, à la Marine. À l’escadre, je dis que je suis fier de la commander. À tous je dis merci !" (Cappe, 141-142)
Un groupe de 6 bâtiments légers, placé sous le commandement de l’amiral Meynier demeure sur place poursuivant en collaboration avec la base aéronavale, la distribution des vivres et les soins médicaux.

Dimanche 6 mars

«Maintenant tout ou presque est consommé» : les survivants ne peuvent être que des cas isolés (Cappe, 145).
Mis à part quelques rares survivants qui sont encore découverts de temps à autres dans les ruines, on peut dire qu’Agadir, 5 jours après sa destruction, est devenue la ville de la mort et de la poussière chimique. On y voit des cadavres alignés au bord des immeubles détruits. Ils ont été copieusement arrosés de chaux et sont recouverts d’un drap.

 

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Dimanche 6 mars

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Le roi Mohamed V se rend à nouveau à Agadir. Il s’agit maintenant de redonner confiance aux Gadiris meurtris. Le souverain prie les ambassadeurs et les ministres des nations étrangères accrédités à Rabat ainsi que les membres de la Presse du Maroc et de l’étranger de l’accompagner dans son déplacement.

À 10 h, le quadrimoteur de la Cie Royal Air Maroc se pose à Agadir et stoppe devant le hangar de l’aéroport civil d’Agadir.
Le roi passe en revue les détachements des FAR, salue le drapeau et prend place dans la voiture avancée pour se diriger vers la ville, entouré de quelques motards de la gendarmerie, suivis par les ambassadeurs.
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Dans le silence, le roi et sa suite parcourent les ruines, puis les campements des familles rescapées.
Il remercie les sauveteurs qui se sont dépensés sans compter, les médecins français et marocains ainsi que les techniciens français et marocains et le ministère des TP.

Le souverain exprime le vœu de se rendre à la BAN ; il est reçu par l'ambassadeur Alexandre Parodi et par le Cdt Thorette et son état-major.
Le souverain remercie et félicite le Cdt Thorette pour son action dans lespremières heures (Cappe, 146).
Le gouverneur Si Bouamrani déclare dans le courant de la journée : "La population marocaine de toutes classes à Agadir a compris l'amitié réelle de la France en voyant l'attitude de la Marine française dans les tragiques circonstances que nous venons de vivre" (Cappe, 147).


Depuis le samedi 5 mars, l'opération désinfection est en cours et les déblaiements sont stoppés. Le colonel Driss est interrogé sur les mesures draconiennes qui ont été prises et répond : "Nous n'avons pas le droit, pour sauver peut-être 100 personnes - et le chiffre est optimiste - de vouer à une mort certaine 2 000 marins français et des milliers de sauveteurs."

Mais après les pulvérisations par avion, les recherches reprennent.

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Sources principales :

- W. Cappe : Agadir 29 février 1960 – Histoire et Leçons d’une catastrophe
- R. Le Toullec : Agadir 1960
-
Didier Vidal, Second maître Radio, Témoignage, Forum Agadir 1960

 

 
La catastrophe d’Agadir a suscité un déploiement de moyens et d’énergie extraordinaire.
Des jeunes marins, des membres des FAR, des pompiers, des aviateurs, des soignants marocains, français et européens sont accourus de partout pour sauver ceux qui pouvaient l’être.
Le pont aérien a permis à la BAN, heureusement préservée, d’évacuer très rapidement les blessés dans les hôpitaux et d’apporter ce qui était nécessaire à la mise en œuvre des secours.
Des outils, des engins pour accéder aux blessés, des tonnes de médicaments, de vivres, des hôpitaux entiers et même des bulldozers sont arrivés par avion.
 
 
 
Dans la base même, l’activité fut extraordinaire. Les blessés qui pouvaient l’être ont été soignés ou évacués rapidement vers les hôpitaux de Casablanca, Marrakech, Rabat ou Inezgane selon le cas.
Les réfugiés ont pu trouver un abri, des vêtements, des vivres, un bureau de poste, les bureaux des consulats et les services de la Croix-Rouge.
Sur les parkings ce fut une véritable escadre aérienne : modernes C 54 de l’US Navy voisinant avec les Breguet 2 Ponts, avec les DC 3, avec les vieux Lancaster et même les ancêtres de l’aviation de transport, les vieux Junkers trimoteurs, un Nord-Atlas venant de Blida qui faisait 4 fois par jour la navette entre Agadir et Casa
 


Le temps est maintenant venu pour la BAN de se réorganiser et de se recentrer sur ses activités de base école.