Jean Paul Richard, SM radio volant à l'escadrille
55 S se trouve ce jour-là de service.
Vers midi, une
secousse tellurique faible se produit.
Dans la journée, ce sera la routine habituelle, un vol
d'entrainement piste sur Lancaster.
Le soir, Jean Paul Richard se couche vers 22 h 30 ; un
SM mécanicien partage la même chambre.
Vers 23 h 45, Richard est réveillé par un grondement
sourd qui s'amplifie, le lit tangue puis tout s'arrête.
Des cris retentissent à l'extérieur ; pas loin
du patio où il loge, se trouvent les bâtiments où
dorment les matelots ; ils ont subi de sérieux dommages
mais pas de blessés.
|
Le clairon se met à
sonner à plusieurs reprises l'appel dans la nuit.
Au rendez-vous dans la cour d'honneur, près de l'entrée
principale, un spectacle hallucinant se présente : un
flot de voitures cabossées, pare brise cassé ;
des gens sortent des voitures en pyjama ou robe de chambre, l'air
hagard et affolé, appelant à l'aide.
Quelques temps après, les occupants d'un camion passent
en hurlant : "Bombe atomique, mort aux Français
!" (la 1ère bombe atomique française a
explosé peu avant dans le Sahara). Rapidement, le CF
Thorette, commandant de la Base prend les choses en main.
La compagnie de garde est mise en place pour assurer la sécurité
de la base.
|
Le personnel non volant est
organisé en équipes et part pour Agadir pour porter
les premiers secours ; le personnel navigant doit lui se tenir prêt à décoller
pour évacuer les blessés vers d'autres hôpitaux
du Maroc.
Jean Paul Richard doit décoller
au lever du jour avec l'OE3 Babijon, chef de bord, pour
Taroudant. Pour accueillir les avions à Taroudant, il
y a une piste non goudronnée et pas de tour de contrôle.
Dans l'intervalle de temps,
le SM Richard qui habite au Quartier Industriel, près
du cinéma Salam (Cité Elasco ?) quand il n'est
pas d'astreinte, réussit à obtenir des nouvelles
de son épouse et à ramener sa famille à
la base.
Quand le jour se lève, Richard et Babijon décollent
en Beechcraft vers Taroudant.
À la tombée
de la nuit, Richard retrouve sa femme et son fils dans l'immense
centre d'hébergement mis en place par la Base.
Le lendemain, il décolle pour Casablanca dans un Lancaster
transportant des sinistrés, essentiellement des Marocains
(Le Toullec, p. 131).
|