Au temps des caravanes qui circulaient
entre Mogador et le Tazerwalt, cette grande place était
le lieu où les caravaniers venaient se ravitailler en
orge que les négociants rapportaient de Mogador (Essaouira).
Les caravanes se chargeaient des poissons cuits et séchés
(surtout sargala) pour les contrées du Sud.
Les caravaniers apportaient des céréales, des dattes
mûres ou non, des caroubes, des noix d'argane.
Par la suite, plusieurs fois dans l'année, les usines
d'emballage de mandarines et d'oranges de la vallée du
Souss venaient décharger gratuitement des camions de surplus
ou de fruits mal calibrés, de tomates également
pour la population d'Ihchach.
C'est sur cette place, que le crieur makhzenien
venait avertir la population d'Ihchach des faits nouveaux la
concernant.
Cette place accueillait les festivités
des grands feux de l'Âchoura, feux que l'on sautait et
re-sauter jusqu'à minuit en criant :
"Oh feu, je laisse ici aujourd'hui
la misère, la pauvreté ;
je deviens plus fort et je brillerai demain".
Les parents prenaient une brindille allumée
et touchaient les ongles des deux mains de leurs enfants pour
les faire grandir.
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Le ravitaillement du Sud marocain en sucre
se faisait à partir d'Ihchach. Le grand entrepôt
de sucre que tous les gens d'Ihchach appelaient Dépôt
Nsoukar Ihchach se trouvait route de Tildi ; c'était
l'ancienne usine de carrelage Rocca que Paquet-Afrique avait
transformé en entrepôt pour y stocker les pains
de sucre, à partir duquel les camions partaient chargés
pour assurer la distribution de sucre dans tout le grand sud.
Il en était de même pour la distribution
de la poudre explosive "Baroud" nécessaire
pour l'exploitation des carrières, les troupes de fantasia
ou les forages de puits dans toute la région.
Le bâtiment était enfoui sous terre, mitoyen du
cimetière juif, surveillé en permanence par une
famille Ou-Tildi qui habitait le site même. La distribution
était chapeautée par des militaires quand cela
concernait l'armée et par des civils affiliés au
Comptoir des Mines quand la matière concernait des civils.
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