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Louis Boisseuil figure parmi les plus anciens européens
d'Agadir, arrivés dans les années 20.
Débarqué à Casablanca le 22 septembre 1907,
il fit partie du 1er détachement de Prévôté
(police militaire) du Maroc.
Il participa aux colonnes de la Chaouïa sous les ordres
des généraux Drude et d'Amade.
Libéré du service, il resta au Maroc successivement
à Port-Lyautey, Petit-Jean et Sidi Yahia du Gharb.
Il arriva à Agadir en 1921. Il tomba sous le charme
de cette bourgade dominée par une belle citadelle et s'y
investit sans compter.
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Pierre Robitaillie, dans son
livre "Agadir, le Sous, aperçus d'organisation
économique rationnelle", publié en 1932,
nous dit : "M. et Mme Boisseuil sont installés
depuis longtemps à Agadir : dans leur maison on sert une
cuisine excellente ; on y trouve également des chambres
et un cinéma y fonctionne ; de plus M. Boisseuil possède
et dirige une fabrication d'eau gazeuse, de limonade et de glace"
(Robitaillie, 107).
Louis Boisseuil créa en premier lieu une cantine dite
la "Popote Boisseuil" ou "Popote
des Travaux publics" sur la route principale (futur
Boulevard Bourguignon). En 1921, il n'y avait rien à Agadir
: pas un hôtel, pas un restaurant pour accueillir les personnels
européens civils (masculins pour la plupart) appelés
à la construction de la ville.
Sa cantine dite des "Popote des Travaux Publics"
remplit cette fonction.
À partir de 1925, quelques civils furent autorisés
à s'installer de façon précaire sur
la rive sud du boulevard Bourguignon pour créer deux ou
trois hôtels en tôle et en bois, des restaurants,
pour permettre à ceux qui allaient travailler à
la construction de la ville nouvelle, de se loger, de se nourrir,
de pouvoir se déplacer et se divertir, etc. Les commerçants
qui furent autorisés à s'installer ne purent le
faire qu'à la condition de quitter les lieux quand les
autorités le décideraient.
Agadir
Hôtel, restaurant, terrasse, dancing |
Dans les années 30, les établissements Boisseuil
comprenaient : un hôtel (l'"Agadir Hôtel"),
un restaurant, un bar américain ouvert toute la nuit,
une brasserie moderne, un dancing et un cinéma "l'Eden
Cinéma" équipé en sonore
.
Chez Boisseuil, on pouvait, si l'on préférait,
rechercher l'isolement du bar américain tenu par une barmaid
qui n'était pas sans célébrité (Septembre
1932 : Nord-Sud N°3). Le bar américain fut vraisemblablement
animé par une pianiste, belle entraineuse - Amy Jolly
- qui avait eu une vie mouvementée et dont l'histoire
malheureuse inspira un de ses amis qui en fit un livre et le
scénario d'un film à succès avec Marlène
Dietrich et Gary Cooper (Morocco (Curs brûlés),
film de Joseph Von Sternberg sorti en 1930-1 d'après le
roman de Benno Vigny intitulé Amy Jolly).
L'histoire de Amy
Jolly ...
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La salle de danse s'ouvrait sur la mer.
Gisèle Prigent-Costa se souvenait enfant de ce grand café,
chez "Boisseuil". On venait s'y rafraichir tout
en écoutant un pianiste.
Cinéma
- Alhambra-Cinéma / Eden-Cinéma |
 
La publicité
pour l'"Alhambra Cinéma" date de 1932.
Nous n'avons pas retrouvé d'autorisation officielle d'exploitation
d'un cinéma à cette date.
Louis Boisseuil fit une demande
écrite datée du 7 janvier 1933 pour obtenir l'autorisation
de transformer en salle de cinéma le garage situé
sur une concession domaniale provisoire en bordure du boulevard
Bourguignon.
Par déclaration en date du 21 février 1933,
Louis Boisseuil reconnaissait que l'exploitation de l'établissement
dont il sollicitait l'autorisation, aurait à suivre le
sort de toutes les installations faites par lui sur le lot dont
l'autorisation d'occupation temporaire lui avait été
accordée par l'Administration des Domaines.
Il reconnaissait en outre que l'autorisation particulière
d'ouverture d'un cinéma ne saurait être le prétexte
de sa part, d'une prétention nouvelle et différente
de ce qui se rapportait à son installation première.
Ainsi, par dahir N°54 en date du 7 novembre 1933,
M. Boisseuil fut autorisé à ouvrir un établissement
cinématographique dénommé "Eden
Cinéma" situé sur la rive sud du boulevard
Bourguignon.
Cette installation était
donc essentiellement provisoire, révocable sans indemnité
et autorisée sans engagement d'aucune sorte pour l'avenir.
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Vers 1936, le cinéma
était dans un grand hangar du genre garage ; une équipe
de cinéastes venait de Mogador toutes les semaines. Si
on voulait être correctement assis, on devait apporter
des sièges pliants car il n'y avait que des bancs (Jean
Quinat, Souvenirs à raconter à mes petits-enfants).
Distribution
d'essence dans l'emprise de la RP 25 |
Le 12 mars 1934 - M. Boisseuil fit une demande d'autorisation
d'installation d'un réservoir souterrain d'essence de
3 000 litres et un distributeur automatique dans l'emprise de
la route impériale N°25 en bordure de son établissement.
Il obtint cette autorisation par dahir N°70 en date
du 21 juin 1934.
La présente autorisation était accordée
à titre précaire pour une durée d'un an
à compter du jour de la notification. Elle prenait fin
le 1er janvier 1936.
Il ne semble pas qu'il y ait eu demande de renouvellement de
la part de M. Boisseuil.
Par contre le 3 mai 1935, les garagistes Rondot et Hubert
obtinrent par dahir N° 94 et N° 103, l'autorisation
d'exploitation de distributeurs d'essence en face du Cinéma
Eden, immeuble Boisseuil.
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En 1934, Louis Boisseuil avec
Charles Ré, Marie Taillandier et Fernand Barutel tentèrent
de faire modifier les conditions de l'évacuation inexorable
du front de mer en écrivant au Résident général
M. Ponsot, sous couvert du SGP et du Chef des Services municipaux
d'Agadir. Rien n'y fit.
En juillet 1938, vint le temps de l'évacuation.
En 1938, Louis Boisseuil (Cinéma
et café) employait alors :
- 1 Européen
- 4 Autochtones
- 3 Juifs marocains
Après l'évacuation
de la rive Sud du boulevard Bourguignon en 1938, M. Boisseuil
créera à Talborjt, un magnifique cinéma,
le "Cinéma Rex", connu pour sa belle
voute étoilée décorée par M. Belnot
évoquant la voute céleste, et une nouvelle brasserie
à Talborjt en association avec M. Cohen.
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