L'électrification du Maroc fut dès
le début confiée à une seule société,
l'Énergie Électrique du Maroc (EEM) constituée
le 30 janvier 1924 (Régie intéressée, société
anonyme française dont la direction et les services d'exploitation
étaient à Casablanca, qui devait exercer un monopole
de la production du courant électrique).
Le programme général d'action
prescrit à EEM était de "réaliser une
mise en valeur rationnelle des forces hydrauliques du Maroc en
vue de la production d'énergie électrique et de
transmettre cette énergie vers les principaux points d'utilisation
en s'efforçant de conjuguer la production du courant avec
les besoins de l'irrigation agricole".
Dans un premier temps EEM racheta les petites
centrales locales qui firent office de centrales d'appoint et
de secours en cas d'incident et construisit en 1924 sa première
centrale thermique à Casablanca, aux Roches Noires, centre
névralgique de l'électricité.
L'une des particularités de l'expérience marocaine
tient à la centralisation de la production et à
l'interconnexion des usines, étape qui dans de nombreux
pays ne fut réalisée que suite à la nationalisation
des sociétés qui avaient évolué jusque
là en ordre dispersé. En dehors de la gérance
de quelques petits réseaux de distribution, EEM se consacra
à la production de l'énergie qu'elle vendait en
gros.
Quant à la distribution, elle demeura entre les mains
de quelques compagnies concessionnaires se fournissant auprès
du producteur unique. La plus importante fut la SDM (Sté
Marocaine de Distribution d'Eau, de Gaz et d'Électricité)
qui approvisionnait Casablanca et Rabat depuis 1915 et 1916 (Samir
Saul, 2002, L'électrification du Maroc à
l'époque du protectorat, pp. 493 et suivantes).
Mais pour répondre à la demande,
en raison de l'éloignement de certaines régions,
EEM dut établir des centrales autonomes équipées
de moteurs diesel, comme à Oujda en 1929 et à
Agadir en 1930.