LA POPULATION ENTRE DE BONNES MAINS
Mohamed Bijaâd, un surdoué qui a gardé le sens de la famille

Abdehafid AMEUR Publié dans MarocHebdo le 11 - 10 - 1997
 
 

 
Cadre brillant et dynamique, Mohamed Bijaâd a été nommé par Sa Majesté le Roi à la tête d'un département pour lequel il a une forte prédilection. Portefeuille sans titulaire depuis le dernier remaniement ministériel, le secrétariat d'Etat à la Population a désormais à sa tête un grand patron qui a intégré le principe de communication.
Dire que Mohamed Bijaâd est un amoureux des chiffres est plus qu'un euphémisme durant toute sa carrière, il va faire de la statistique son domaine de prédilection et il connaîtra même la consécration puisqu'il a été nommé Secrétaire d'Etat chargé de la Population par Sa Majesté le Roi le 29 septembre 1997.
Le parcours professionnel de Mohamed Bijaâd s'annonce exceptionnel au tout début, puisque c'est en 1966 qu'il obtient son diplôme de l'Institut national d'économie et de statistiques appliquées (INSEA) de Rabat, à l'âge de 21 ans.

Né à Agadir en 1945, Mohamed Bijaâd est considéré comme un surdoué dans sa famille.
Issu d'un milieu modeste, c'est à l'Ecole des garçons d'Agadir que Mohamed Bijaâd va effectuer ses études primaires, il sera admis au nouveau collège d'Agadir, ensuite. Il y obtiendra son Brevet en section mathématiques.
Nous sommes en 1960. Une année marquée par le terrible tremblement de terre d'Agadir. Mohamed Bijaâd, comme tous les autres élèves du Nouveau collège d'Agadir, qui ont survécu à la catastrophe, sera envoyé d'abord au Lycée Moulay Ismaël de Meknès puis au Lycée Moulay Slimane de Fès.
Son assiduité lui vaudra d'être orienté vers les Sciences mathématiques. Cette distinction va l'obliger à changer d'établissement. Et c'est vers le célèbre Collège Moulay Driss qu'il va être aiguillé.
Mais un souci ne le quitte jamais: il doit aider sa famille dont la situation matérielle est loin d'être enviable. Une contrainte qu'il lui faudra désormais prendre en considération dans tous ses choix professionnels futurs.
L'éventail des écoles qui, à l'époque, ouvraient leurs portes aux lycéens titulaires d'un baccalauréat en Sciences mathématiques était certes large. Mais le statut de fonctionnaire qu'offrait l'INSEA de Rabat à ses étudiants allait peser de tout son poids. Ce statut permet, en effet, à ses étudiants de bénéficier d'une bourse qui équivaut au double du montant des bourses accordées par d'autres institutions.
Un avantage dont il va faire bénéficier sa famille restée à Agadir. Elle en a besoin.
Il a 17 ans, quand il entre à l'INSEA. Le passionné d'économie et de statistiques qu'il a toujours été voit ses vœux se réaliser lorsqu'il accède à cet institut. Il en a toujours rêvé.
En 1966, quand il obtiendra son diplôme d'ingénieur statisticien, c'est au ministère du Plan, considéré à l'époque comme un super-ministère, qu'il sera affecté.
Il aura ainsi la charge de gérer un département hautement stratégique, celui des Grandes Etudes et analyses de projets. Le titulaire du portefeuille était alors Mohamed Bargach. Les nouvelles fonctions de M. Bijaâd vont lui permettre de faire ses premières armes dans le domaine des statistiques.

En 1968, Mohamed Bijaâd prend un second départ: il réussit au concours d'entrée à l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique de Paris.
Cette expérience lui sera d'une grande utilité en raison des enseignements qu'il va en tirer, car dès son retour au ministère du Plan en 1974, il sera nommé directeur du département des Etudes et analyses des projets. Il sera ensuite promu directeur de l'Administration centrale du plan et du développement régional. Ses fonctions lui vaudront de diriger les travaux de mise à jour des plans quinquennaux lancés entre 1973 et 1992. Il travaillera sur l'analyse économique des projets et des programmes de développement ainsi que sur l'établissement de modèles de croissance.
Au terme de cette mission, il sera nommé secrétaire général du ministère du Plan, puis de l'Incitation à l'économie et enfin de la Population.

Le fait que le portefeuille de la Population n'a pas été affecté à un département précis, lors du dernier remaniement ministériel, a engendré un sentiment de frustration chez les fonctionnaires et les cadres de ce ministère qui a pourtant joué un rôle de pointe dans la politique gouvernementale. La nomination de Mohamed Bijaâd au secrétariat à la Population est donc tombée à point nommé pour dissiper ce sentiment d'abandon.
Le nouveau promu conçoit son action au sein de ce ministère en trois volets : promotion du système d'information statistique, dynamisation du secteur de la statistique, et satisfaction de la demande des régions en données et en études précises.
Des chantiers sur lesquels Mohammed Bijaâd compte travailler tout en menant une action soutenue pour la mise en place du Conseil national du plan. Une œuvre qui reste tributaire de l'élection du parlement bicaméral auquel il reviendra de concrétiser ce projet.

En attendant, Mohamed Bijaâd compte déployer tout le potentiel de connaissances qu'il a acquises dans le domaine des statistiques et des stratégies de développement au service du département dont il a maintenant la charge et dont il est un fin connaisseur.