Hadj Mhend Abatkok était originaire du douar Ida Ou Batkok
qui se trouvait juste au-dessus de la source asséchée.
C'était un homme d'affaires, bel homme de grande taille,
toujours bien habillé à la marocaine (sauf le serwal
qu'il ne portait pas), de blanc vêtu avec un turban blanc,
les yeux maquillés de khôl, une barbe assez longue.
Il fit fortune : ses nombreuses affaires, ses maisons et immeubles
en attestaient.
Il avait l'habitude de s'adosser à un grand siège
de voiture du côté du dépôt de charbon
d'Ali Lajoudane (qu'on appelait également Ali
Sergent ou plus souvent Ali Charjane) bien en face
du moulin pour surveiller d'un oeil attentif son hammam, son
magasin de gros en alimentation, sa maison, son dépôt
de bois et charbon mais surtout les entrants et les sortants
d'Ihchach.
Un jour un ami lui dit : "Waw-Waw M. Abatkok ! Tu as
tout ça et tu ne portes pas de pantalon" ! Abatkok
lui répondit doucement : "Tu l'as bien vu ? Alors
mon jeune ami, tu n'auras jamais de ta vie le trachome".
Ali Lajoudane présent, pleurait de rire. Cette anecdote
se répète encore entre amis d'Ihchach.
Il possédait un hammam (le jour pour les femmes
et la nuit pour les hommes) et des maisons qu'il louait près
du quartier Robinson.
Il était à Ihchach, l'unique grossiste en alimentation
générale. Il possédait cette grande
maison qui donnait sur la place des caravaniers. Il avait
construit un joli petit immeuble moderne près du buraliste
de la Cité Rocca.
Il avait, selon les dires, ses entrées directes au "Bureau"
(Bureau des Affaires Indigènes de Founti) sans avoir besoin
de taper à la porte et sortait servi comme il l'entendait.
Il possédait également un dépôt-vente
de charbon toujours route de Tildi juste après Iggui Lbod,
un peu avant le souk Iselmane.
Abatkok et sa famille, sauf un enfant de
huit ans, périrent dans cette
grande maison au cours du séisme.
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