Première école publique - rue 2
 
 

 
 
 
 

 
Lahsen se souvient de la première école publique ouverte à Ihchach.
C'était en 1947, dit-il, Mohamed Ou Saïd Zandar et moi étions sur une trappe d'eau abandonnée qui avait servi pour relever l'eau potable venue de Tildi qui devait être acheminée vers Founti dans les années 20.

J'habitais le fendeq d'Omar Chaffeî et Mohamed habitait une maison toute proche rue 2. C'est jusqu'à ce jour mon ami d'enfance. On passait notre temps mort à pêcher dans cette trappe, les papiers … Ces derniers représentaient des tassergalts, des pageots, des sardines, etc. La partie finissait en décomptant les prises pour connaître le gagnant.
Mohamed était presque toujours le vainqueur.
Nous utilisions le même matériel : un bout de ficelle qui avait servi pour empaqueter le pain de sucre et un bout de fil de fer qui servait d'hameçon. Je l'entendais grommeler quelque chose, il me disait qu'il communiquait avec les poissons !

 Un jour, un fourgon militaire de la Croix-Rouge s'arrêta tout près de nous.
Un jeune militaire blond descendit et nous regarda faire. On communiquait par gestes.
Il nous invita à monter dans le véhicule par l'arrière. Nous étions très contents de monter dans un beau véhicule pour la première fois.
Nous descendîmes devant une spacieuse maison mitoyenne de Charjane et de l'officier des Eaux et Forêts.

Le véhicule continua son chemin vers Tassouqt.

 

 M. Mohamed Sbaî nous reçut. Tous les petits garçons trouvés dans la rue, étaient "embarqués".
L'école était constituée d'une classe sans bancs ni tables même pour l'instituteur.
Le sol était cimenté. Il y avait un tableau noir avec ses deux volets. L'instituteur avait dessiné au tableau, une grande, grande hirondelle ; on n'en avait jamais vue de pareille dans le ciel d'Ihchach. Dans un coin de la grande cour était stockée la chaux qui servait de craie. Un WC et un robinet étaient à notre disposition. Toute la cour était cimentée.

Une heure après, le fourgon arriva avec une dizaine d'enfants.
L'instituteur nous expliqua notre présence dans ce local : "À partir d'aujourd'hui, vous êtes dans une école publique, vous allez apprendre l'arabe et le français.
Nous allons vous donner tout ce qu'il faut : cahiers, crayons, gommes ; chaque jour, matin et après-midi, on vous donnera du pain blanc et du chocolat.

 

Si vous ne vous absentez pas, on vous donnera des jouets, des toupies, des billes en verre multicolores …
Vous allez le dire à vos parents et leur demander de venir me voir pour que je leur explique.
Deux heures après, le maitre nous lâcha et chacun de nous reçut un bon morceau de pain blanc et un bon morceau de chocolat.

On vécut la plus longue nuit en attendant 8 h du matin pour aller dans cette école pour en savoir plus…