Ihchach avait son boxeur qui s'adonnait
corps et âme à ce sport. Il s'appelait Mohamed
Lârrag et habitait la rue N°7 à Ihchach.
Son père était chauffeur de taxi à Inezgane
dans les années 40-50. Mohamed travailla dans un restaurant
puis dans une boulangerie en Ville Nouvelle du côté
du Marhaba.
Il était de la même génération
que son ami Cherhbili dit Boukhari.
Ils partaient tous les deux à la Cité
Robinson pour assister aux entrainements du grand boxeur international
: Marcel Cerdan. Dans cette cité, on avait aménagé
un ring juste pour ce champion, pour qu'il puisse être
près de la grande chanteuse Édith Piaf. De là
est partie cette envie de notre boxeur Mohamed Lârrag
; on racontait qu'il avait rencontré le champion du monde
en personne qui lui avait transmis le " virus-bénédiction
". Il animait les soirées de boxe à l'Hôtel
Terminus qui devint l'Hôtel Mauritania à l'immeuble
SATAS. Il y faisait des combats avec les boxeurs marocains Abdallah
Novo, Lahoucine Hmimich, Nbou de la Kasbah, Moulay Ali Ntkhassassite,
Ahmed Kassimi, Samba
Il croisa les gants avec de nombreux boxeurs
de la BAN qui participaient à des combats lors de leur
service militaire à Agadir.
Lors des sorties de scouts à la source Aîn Oufella,
il nous rejoignait pour nous enseigner la boxe. Il arrivait avec
un sac plein de gants de toutes tailles.
Sa devise était : "Apprenez la boxe pour vous
défendre et pour défendre celles et ceux qui ne
peuvent pas se défendre".
À Tassouqt, il faisait des exhibitions en tenue pour ancrer
ce sport dans le village. Personne n'a oublié ce jeune
homme plein de punch qui voulait marcher la tête haute.
Aujourd'hui, cet homme qui a pris de l'âge,
vit à Casablanca depuis des décennies. Il est devenu
muezzin dans une mosquée de son quartier. C'est lui qui
appelle les fidèles à venir prier, méditer,
chercher le calme intérieur
cinq fois par jour,
toujours disponible et apprécié dans son quartier.
On se dit alors que la boxe est un sport qui ne cherche pas à
détruire "l'adversaire". La fin du grand boxeur,
champion du monde, Mohamed Ali, renforce encore notre sympathie
envers notre boxeur Mohamed Lârrag
muezzin.