On reconnaissait les hammams
aux tas de bois stockés près de la chambre de chauffe.
Le vestiaire comprenait un nombre suffisant de niches où
l'on rangeait les vêtements. Le caissier se tenait dans
le vestiaire pour surveiller. Les enfants de moins de 6 ans accompagnés
ne payaient pas.
Chaque personne avait droit à un seau en bois (aga).
On accédait depuis le vestiaire à la première
chambre dite modérée puis à la seconde très
chaude sans qu'il y ait de portière.
Les chambres étaient presque obscures ; un mât placé
en travers permettait d'accrocher le pantalon (seroual) ou le
vêtement long.
Des bacs d'eau froide et d'eau chaude se trouvaient dans la chambre
modérée. Des petites toilettes avec une porte courte
s'y trouvaient également.
Quand on manquait d'eau chaude ou froide, quelqu'un disait à
haute voix : "Bard ou sghoun à Moulay Yacoub"
(eau froide ou eau chaude, Moulay Yacoub).
Une fois le corps en sudation, on s'enduisait de savon beldi
en pâte (dit savon noir) à base des cendres de coques
d'amandes, réputé pour décoller facilement
toutes les couches de saletés accumulées. Ensuite,
on frottait son corps avec de l'alfa broyé. Pour les pieds,
on utilisait des morceaux de pierre de l'oued, rugueuses ou lisses.
Dans les hammams, il y avait toujours un ou deux hommes au service
des baigneurs pour les frotter, les étriller, les étirer,
les masser et aider jusqu'aux ablutions finales en remplissant
les seaux d'eau. |
Les gestes du masseur étaient assez
folkloriques, accompagnés d'un sifflement et de légères
tapes qui hypnotisaient le baigneur, balloté dans tous
les sens et qui disait de temps à autre :
"Que Dieu bénisse tes parents !"
Les mêmes gestes étaient effectués chez les
femmes dans leur hammam.
Les hommes s'entraidaient entre eux même s'ils ne se connaissaient
pas auparavant (la même chose chez les femmes).
On se rendait au hammam deux fois par mois.
Les horaires étaient bien arrêtés : le jour
pour les femmes, la nuit pour les hommes.
Les trois hammams avaient un accès direct à l'eau
courante et déversaient leurs eaux usées directement
dans l'oued Tildi.
On reconnaissait l'emplacement, aux roseaux qui y poussaient.
Tout le monde sortait du hammam bien enveloppé des pieds
à la tête pour éviter le "coup de froid".
Monsieur Simon (directeur de l'école
musulmane de garçons de Talborjt et de l'école
primaire d'Ihchach) distribuait des bons d'accès gratuit
au hammam Abatkok tous les 15 jours. Il y avait certainement
une convention entre les établissements scolaires ou M.
Simon et le hammam Abatkok.
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