Lalla Rkia Hmad (1910-2007)
Unique commerçante d'Ihchach dans les années 50
 
 

 
 
 
 

 
Ihchach n'a connu qu'une seule femme, Rkia Hmad, qui "brisa les barrières et le plafond de verre" ; elle ouvrit une épicerie rue 3, avec de nombreux articles qu'on ne trouvait pas auparavant dans ce village. Elle fit mieux, en mettant à la disposition des villageois des légumes et des fruits. Elle dirigeait seule son affaire et se déplaçait à Talborjt et en Ville Nouvelle au marché de gros pour s'approvisionner. Ce fut un cas révolutionnaire et un magnifique tremplin pour les filles d'Ihchach qui commençaient à bénéficier de l'alphabétisation moderne.

Rkia Hmad était née en 1910 à Ifrane de l'Anti-Atlas.

Elle épousa Saïd Zandar (1910-1997) connu sous le nom de "Chaf Saïd". Ils habitèrent à Ihchach à partir de 1939-40, rue 2, en face du Fendeq Chaffeî.
C'était une jolie femme aux traits fins, dynamique, très forte de caractère et qui voyait loin.

Elle eut 6 enfants dont : Mohamed (qui fut agent d'autorité au Port), Aïcha (dans l'enseignement), Mahjoub (banquier, chef d'agence), Habib (professeur de français), Khadija (professeur d'histoire et géographie), Abdelmajib (banquier).

 

 
Son époux Saïd Zandar était originaire des Aït Baâmrane, né dans les années 10.
Il fut chef cuisinier apprécié à Founti chez le commandant de Région auprès des colonels et généraux qui se sont succédés : Deshorties, Olié, Miquel, Massiet du Biest et de Fürst.
En 1954-5, il intégra l'hôtel Mauritania. Il avait une moto Terrot et une moto Jawa rouge.

 
Lalla Rkia Ben Ahmed concurrençait bien les hommes d'Ihchach. De plus, elle sut conquérir toute la clientèle féminine qui se déplaçait tantôt pour acheter, tantôt pour venir admirer la nouvelle boutique ouverte.

Lahsen Roussafi se souvient qu'à la veille de la signature de l'Indépendance, elle avait conduit une manifestation à Iggui Lbod.
"La population était rassemblée à Tassouqt pour fêter l'ouverture des négociations à Aix-les-Bains. Vers 22 h, l'armée était arrivée dans deux jeep, demandant aux gens de rentrer chez eux. Lalla Rkia leur répondit, qu'on ne gênait personne dans ce village totalement autochtone. L'armée tira deux grenades lacrymogènes ; j'étais sur le pont d'Iggui Lbod.
Rkia Hmad ouvrit son épicerie pour nous distribuer des oignons et de l'ail pour supprimer les effets des deux grenades, en frottant sur les yeux et le front… Et c'était efficace !
"