Ihchach n'a connu qu'une seule femme,
Rkia Hmad, qui "brisa les barrières et le
plafond de verre" ; elle ouvrit une épicerie rue
3, avec de nombreux articles qu'on ne trouvait pas auparavant
dans ce village. Elle fit mieux, en mettant à la disposition
des villageois des légumes et des fruits. Elle dirigeait
seule son affaire et se déplaçait à Talborjt
et en Ville Nouvelle au marché de gros pour s'approvisionner.
Ce fut un cas révolutionnaire et un magnifique tremplin
pour les filles d'Ihchach qui commençaient à bénéficier
de l'alphabétisation moderne.
Rkia Hmad
était née en 1910 à Ifrane de l'Anti-Atlas.
Elle épousa Saïd Zandar (1910-1997) connu
sous le nom de "Chaf Saïd". Ils habitèrent
à Ihchach à partir de 1939-40, rue 2, en face du
Fendeq Chaffeî.
C'était une jolie femme aux traits fins, dynamique, très
forte de caractère et qui voyait loin.
Elle eut 6 enfants dont : Mohamed (qui fut agent d'autorité
au Port), Aïcha (dans l'enseignement), Mahjoub
(banquier, chef d'agence), Habib (professeur de français),
Khadija (professeur d'histoire et géographie),
Abdelmajib (banquier).
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Son époux Saïd Zandar
était originaire des Aït Baâmrane, né
dans les années 10.
Il fut chef cuisinier apprécié à Founti
chez le commandant de Région auprès des colonels
et généraux qui se sont succédés
: Deshorties, Olié, Miquel, Massiet du Biest et de Fürst.
En 1954-5, il intégra l'hôtel Mauritania.
Il avait une moto Terrot et une moto Jawa rouge.
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Lalla Rkia Ben Ahmed concurrençait bien les hommes d'Ihchach. De
plus, elle sut conquérir toute la clientèle féminine
qui se déplaçait tantôt pour acheter, tantôt
pour venir admirer la nouvelle boutique ouverte.
Lahsen Roussafi se souvient qu'à la
veille de la signature de l'Indépendance, elle avait conduit
une manifestation à Iggui Lbod.
"La population était rassemblée à
Tassouqt pour fêter l'ouverture des négociations
à Aix-les-Bains. Vers 22 h, l'armée était
arrivée dans deux jeep, demandant aux gens de rentrer
chez eux. Lalla Rkia leur répondit, qu'on ne gênait
personne dans ce village totalement autochtone. L'armée
tira deux grenades lacrymogènes ; j'étais sur le
pont d'Iggui Lbod.
Rkia Hmad ouvrit son épicerie pour nous distribuer des
oignons et de l'ail pour supprimer les effets des deux grenades,
en frottant sur les yeux et le front
Et c'était
efficace !"
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