Da Mohamed
fut l'un des premiers habitants d'Ihchach. Il occupa un logement
de fortune à Ihchach Ouflla comme tant d'autres célibataires
qui travaillaient à la construction de la future ville
d'Agadir.
Il commença par travailler au port
en tant que docker.
Lahsen se souvient : dans les années 40, Da Mohamed arrivait
avec d'autres dockers dans un camion-plateau parsemé de
grains de blé et d'orge. Les enfants grimpaient sur le
plateau pour récupérer le maximum de grains que
les mamans faisaient griller.
Ils attendaient chaque jour l'arrivée du camion. Avant
qu'il ne reparte, Lahsen avait vu Da Mohamed Sbaïss charger
la chaudière du camion avec du charbon, actionner le ventilateur
manuel pour attiser le feu : c'était le gazogène.
Son fils Lahcen fut scout avec Lahsen Roussafi et alla
au Lycée YBT avec lui.
Da Mohamed ouvrit une épicerie à
l'entrée du village, rue 2, pour occuper son fils.
Lahsen Roussafi se souvient : "J'ai
passé la nuit d'avant le séisme avec lui ; il préparait
une interrogation. Je le devançais d'une année
et je me désistais la nuit du séisme. À
ce jour, ils sont sous les décombres d'Ihchach aplati.
Des décombres qui ne sont pas sécurisées
par une ceinture de murailles pour éviter les profanations
par des rôdeurs ou des animaux sauvages dont les sangliers.
À chaque visite de mon village, aujourd'hui, je m'arrête
devant le lieu de la maison de Lahcen mon ami, pour prier et
penser que je devais être là ce jour du 29 février
1960.
À quelques mètres de ce lieu vers l'entrée
du village, c'est maman Fatima qui est enterrée
en 1994. Le destin a voulu cela".