Jean Epinat
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La Compagnie Générale
de Transport et de Tourisme au Maroc, CGTT ou C.T.M. fut créée en 1919 par Jean Épinat
et ses associés,
Eugène Paris et Paul Lutzy.
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En septembre 1912, lors de la visite du sultan Moulay Hafid en
France, Jean Épinat eut la main heureuse en fournissant
le personnel et les véhicules nécessaires. C'est
à cette occasion, qu'Épinat rencontra à
Vichy, le général Lyautey qui lui demanda d'étudier
un programme de transports en commun pour le Maroc, indispensable
pour le développement économique du pays et pour
sa "pacification".
Le projet fut interrompu par la guerre de 14-18.
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En 1919, Lyautey renouvela
son appel et Épinat proposa la candidature de sa société.
Il s'agissait d'une adjudication publique avec un cahier de charges
fixant le nombre de véhicules à fournir (au minimum
50) et leurs caractéristiques, en un délai très
bref de 4 mois pour être présentés à
Casablanca.
Épinat réussit ce tour de force et la CGTT (sigle
C.T.M., Cie Générale de Transport et de Tourisme
au Maroc, ancêtre de la C.T.M.) nouvellement créée
le 30 novembre 1919, fut déclarée adjudicataire.
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La mise en place des nouvelles lignes de transport au Maroc au
lendemain de la guerre 14-18 exigea d'Épinat et de ses
collaborateurs des efforts surhumains. Néanmoins, la rentabilité
de l'entreprise fut assurée grâce à la subvention
d'état prévue dans le cahier de charge.
Pour le renouvellement du contrat en 1922, la Cie acquit le droit
d'exploiter une flotte de taxis automobiles permettant de relier
les gares de la C.T.M. aux centres environnants. La concurrence
des chauffeurs-patrons et des petites entreprises disposant de
plusieurs véhicules et pratiquant des tarifs bas, menaçait
la pérennité de la C.T.M..
En raison de son organisation plus coûteuse, la C.T.M.
risquait de se trouver en difficulté et s'employa à
racheter et absorber ses concurrents, en particulier les deux
plus importants : les "Transports Blat" et les "Transports
Zakar".
Blat fut absorbé facilement et entra au service de la
C.T.M. L'entreprise Zakar (S.A.C.A.R., Sté Anonyme des
Automobiles Rapides) dirigée par Mme Zakar-Audibert, qui
n'hésitait pas à prendre elle-même le volant,
donna du fil à retordre avant d'accepter d'être
rachetée.
Ensuite, la C.T.M. put augmenter ses tarifs.
Les premières lignes de transport
de la C.T.M. étaient celles des grands axes Casa-Marrakech,
Casablanca-Fès-Oujda, Casablanca-Tanger, Casablanca-Agadir.
En 1922, la C.T.M. exploitait déjà huit lignes
régulières à partir de Marrakech, Meknès,
Rabat, Casablanca, Safi, Mogador et Mazagan.
Toutes ces lignes, sauf Casablanca-Agadir,
étaient en concurrence avec les Chemins de Fer du Maroc.
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Dans la zone Sud, la C.T.M. étendit son réseau
en créant des lignes intérieures secondaires où
des nationaux exploitaient aussi des transports de voyageurs.
C'étaient pour la plupart des petits transporteurs qui
gênaient la C.T.M. et que la C.T.M. gênait. Épinat
comprit qu'il devait faire une transaction et leur abandonna
une partie de ses services.
Parmi ces transporteurs, Laghzaoui représentait
une entreprise de moyenne importance. Épinat lui laissa
le champ libre et s'en fit un ami.
En ce qui concernait la Région de Mogador-Agadir, la C.T.M.
effectuait les lignes Marrakech-Mogador ou Safi-Mogador, et les
transports Fernand Barutel assuraient la correspondance C.T.M.sur
la ligne Agadir-Mogador pour les voyageurs et le Service Postal.
La dépression économique qui
suivit la crise de 1929 plongea le secteur en plein marasme.
La Cie qui avait déjà diversifié ses activités
dans les mines et le tourisme et érigé le transport
de voyageurs en département autonome prit la majorité
du capital de la Compagnie Auxiliaire de Transport (CAT)
au Maroc.
La maison mère devint le 5 janvier 1934 l'Omnium Nord
Africain (O.N.A.) laissant le monogramme C.T.M. à
l'activité Transport.
Épinat fut le Président de la C.T.M. depuis sa
création en 1919 jusqu'à la constitution de l'Omnium
Nord-Africain O.N.A. en 1934, et fut Président de l'ONA
jusqu'en 1950 (pour des raisons de santé, il cédera
alors ses actions à la Banque de Paris et des Pays-Bas
: Paribas).
En 1946, la C.T.M. fut détachée
de l'ONA et vendue au CFM, Chemin de Fer du Maroc.
En 1950-1, le Trésor Marocain racheta la C.T.M. au CFM.
(Source Félix Nataf, Jean Épinat, Un homme,
une aventure au Maroc).
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