Les marocains donnèrent à cette
cité le nom de Lbattoir car elle fut construite
au Quartier Industriel, juste à côté des
Abattoirs. L'administration ainsi que les plans l'appelèrent
la Cité de l'Habitat marocain ou Cité
Indigène.
Ce fut la première cité construite au Quartier
Industriel vers 1947.
Elle était desservie
par la rue de Marrakech, la rue Poincaré,
la rue E et un terrain vague du côté de la
rue Painlevé.
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Il n'y avait dans cette petite cité, que des marocains,
du personnel des usines, des chauffeurs, des gardiens, des ouvriers
du Quartier industriel dit Quartier Lbattoir qui y habitèrent
dès 1947-48.
Par extension, le nom de Lbattoir fut donné aux autres
blocs d'habitation et même aux usines de conserves.
Quand d'autres cités furent construites, la cité
Lbattoir devint Lbattoir Aqdim (Abattoirs anciens). Les
anciens qui ont habité cette cité disent : "Je
suis de Lbattoir Aqdim". Les jeunes marocains commencent
à employer l'expression de "Hay Sinaî"
(Quartier Industriel) pour désigner ce quartier.
Dans cette cité quadrangulaire organisée
autour d'une place centrale et de trois ou quatre travées,
furent bâties les premières maisons basses sans
étage du Quartier Industriel.
Il y avait quelques petites échoppes d'épiciers,
boucher, boulanger, coiffeur, marchand de charbon.
L'arrêté municipal N° 494 du 29 avril 1953 autorisa
Brahim B. Ahmed à exploiter un café maure
à la Cité des Abattoirs et celui du 29 avril 1953
N° 497 autorisa Si Mohamed Ben M'Hamid dit Bouih à
y exploiter une gargote.
Le cousin de Lahsen Roussafi fut l'un des deux coiffeurs
de la cité avec son père. Le salon de coiffure
était mitoyen du magasin du vendeur de charbon de bois
et de pétrole lampant.
Un peu plus loin, c'était un boucher qui vendait
la viande de chèvre, des tripes et des pieds de mouton.
Un gargotier faisait à longueur de journée
des beignets et servait du thé à la menthe.
Le pain préparé à la maison, était
porté au Ferrane beldi (four) qui se trouve encore
maintenant dans le même immeuble (immeuble Ablad actuel)
rue de Marrakech prolongée.
Les maisons étaient composées de deux petites pièces
basses et minuscules, un petit patio, de l'eau saumâtre
arrivait au robinet, amenée par des tuyaux venant de Tanout.
Mais chaque maison avait ses toilettes et était (faiblement)
éclairée grâce à l'électricité.
Parmi les habitants de cette cité en 1960 Mohamed Lahbib
Bourquia qui fut conserveur.
Il n'y avait pas encore de bains maures au
Quartier Industriel et il fallait aller jusqu'à Talborjt
pour profiter du hammam.
Quatre portes permettaient d'entrer et sortir de la cité
mais pas de gardien car il n'y avait pas de problème de
sécurité. Selon les souvenirs des anciens, les
habitants de la cité vivaient en bonne harmonie et s'entraidaient
en toutes circonstances (mariages, baptêmes et décès).
L'institutrice, Mme Travers, assurait la classe.
Mais pour aller à cette école, il fallait traverser
une forêt d'euphorbes où l'on craignait de rencontrer
chacals et hyènes.
Il n'y avait pas de mosquée à minaret mais
une petite mosquée dans une simple maison avec une école
coranique (de la Tariqa Tijania) qui permettait l'apprentissage
de la lecture. Elle se trouvait en face du menuisier Padiou.
À cette époque des enfants avaient la tête
rasée, une longue mèche fine de cheveux tressés
depuis le dessus du crane et la djellaba.
Le soir, quand il y avait Boujeloud, c'était carnaval
avec des peaux de mouton et des masques. (Souvenirs de Hadj
Abdelmjid Nouny, infirmier, né à Fès
en 1944 qui a habité la Cité Indigène de
Lbattoir dans les années 50).
Cette cité fut rapidement rasée
peu après le séisme.