C'est l'industrie de la pêche qui
fit d'Agadir un grand port.
Pendant longtemps les marins autochtones pêchaient la
tassergalt et les Européens (Bretons et Portugais)
fréquentaient Agadir comme une relâche éventuelle.
On savait le fond très poissonneux mais on découvrit
une véritable manne.
Cependant jusqu'en 1939, le tonnage de poisson ramené
à la côte n'était que de 2 168 tonnes
en 1938 et de 1 203 tonnes en 1939 alors que Safi
aux mêmes périodes produisait respectivement 9 054
et 15 500 tonnes (R. Vacquier).
Durant la guerre 39-40, la fermeture en France
des usines de conserves de sardines (usines dévastées
par la guerre), les difficultés d'approvisionnement des
usines françaises encore en activité, donnèrent
une importance accrue aux pêcheries marocaines.
Certains armateurs et petits industriels
d'Agadir où n'existait alors aucune usine, se lancèrent
dans la fabrication de poissons salés ou fumés
qu'ils trouvèrent à écouler facilement en
France, en Afrique du nord et jusqu'en Afrique noire (René
Vacquier, mémoire de stage des contrôleurs
civils stagiaires, n° 190, La pêche et l'industrie
de la conserve à Agadir, 1948, CADN).
Des firmes françaises, considérant la situation
favorable d'Agadir, proche des lieux de pêche et la perspective
d'une main d'uvre abondante et peu chère, transportèrent
partiellement leurs intérêts à Agadir et
créèrent des conserveries : Amieux, Saupiquet,
Delory, etc., soit 25 conserveries à la fin de 1948,
alors que 25 ateliers de salaisons se convertissaient en conserveries
et que 6 usines nouvelles étaient prêtes à
fonctionner.
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Au fur et à mesure que se développait
la pêche industrielle liée au fonctionnement des
usines de conserve, le poisson dit industriel et particulièrement
la sardine se classait au 1er rang (R. Vacquier).
La sardine, produit phare d'Agadir :
C'est à proximité des côtes
d'Agadir que l'on trouvait de mai à décembre les
bancs de sardines en quantité et en qualité
pour la conserve.
La sardine se pêchait de nuit, durant le second semestre
de l'année en particulier de novembre à janvier.
Vers la fin des années 40, la sardine pouvait être
pêchée à Agadir durant 10 mois de l'année
contre 3 ou 4 mois sur les côtes atlantiques françaises.
À cette époque, la proximité des lieux de
pêche au thon au large des Îles Canaries permit aux
usines de conserves de travailler 11 mois sur 12 même après
la fin de la campagne sardinière (1948, R. Vacquier,
La pêche et l'industrie de la conserve à Agadir,
Mémoire de stage des contrôleurs civils stagiaires,
n°190, CADN).
Les bancs de poisson se déplaçant beaucoup, de
plus en plus au sud, l'évolution se fit vers des bateaux
de plus en plus élaborés disposant de méthodes
de détection des bancs de poisson et de cales réfrigérées
permettant la conservation du poisson frais.
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Évolution de la pêche à
Agadir :
En 1931 : 596 T de poissons étaient
débarqués à Agadir
En 1937 : 2 000 T
En 1941 : 1 250 T
En 1942 : 3 435 T
En 1943 : 2 910 T
En 1944 : 6 580 T
En 1945 : 6 600 T
En 1946 : 8 837 T (1 usine de conserves et 18 sardiniers)
En 1947 : 12 860 T (9 usines de conserves et 26 sardiniers)
En 1948 : 12 150 T (21 usines de conserves et 38 sardiniers)
En 1949 : 22 000 T
En 1950 : pêche
record de 28 905 T de sardines débarquées
En 1951 :
; (109 sardiniers)
En 1952 : 32 073 T
En 1953 : 56 303 T
En 1954 : 39 471 T
En 1955 : 33 085 T
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Ces chiffres suffisent à démontrer
l'essor considérable que prit le port de pêche d'Agadir
dès la fin des années 40 (Note sur la pêche
à Agadir, Général Miquel, chef
du commandement d'Agadir Confins, 22 novembre 1948).
Des aménagements conséquents permirent à
Agadir de disposer d'un port de pêche plus fonctionnel
entre 1948 et 1950.
En 1947, sur
les 12 860 T ramenées par les bâtiments d'Agadir,
les poissons se répartissaient ainsi :
- 9 500 T de sardines
- 1 163 T d'ombrines
- 1 040 T de tassergalts
- 383 T de palomettes
- 164 T de bonites
- 95 T de maquereaux
En 1948 : 12
150 T de poissons furent débarqués, plaçant
Agadir au 2e rang des ports de pêche du Maroc. En fin d'année
1948, des pêches importantes de thon dépassèrent
100 T par jour.
En 1950 : malgré
des difficultés provenant des déplacements des
bancs de poissons, 28 905 T de sardines furent débarquées
(dont 15 000 T furent utilisées pour produire 500 000
caisses de conserves).
En 1953 : le
port d'Agadir se hissait au 1er rang des ports de pêche
du Maroc avec 56 739 tonnes de poissons débarqués
pour une valeur contrôlée de 762 738 563 francs
(F. Barutel, Journal Agadir du 30 juin 1955).
Une partie du poisson était maréyé mais
la partie la plus importante était livré aux usines.
En 1950-51 : la pêche alimentait
62 conserveries et 11 usines de sous-produits.
En 1952 : la politique dite "des
concentrations" fut instaurée : "il apparaissait
à cette date que le maintien en activité de diverses
entreprises ne permettait pas de produire dans des conditions
de prix de revient compétitif et que la dispersion des
efforts interdisait toute rationalisation de la production"
(Péré, ibidem, p. 77).
Mais en 1958, en raison du sous-emploi de la main d'oeuvre,
l'administration interdit toute nouvelle mesure de concentration
et le nombre des usines en activité se stabilisa à
16 jusqu'en 1961.
Les conserves de sardines abondamment consommées dans
le cadre d'une économie de guerre et d'après guerre
étaient relativement délaissées par les
consommateurs européens.
L'existence du contingent exporté vers la France en franchise
de droits de douanes restait primordiale pour cette industrie
puisque la consommation marocaine n'absorbait que 10 % de la
production. Agadir exportait 40 % de sa production vers la France
où les conserves marocaines de 1ère qualité
se vendaient sur le marché français à un
prix très rémunérateur, les conserves françaises
étant d'un prix de revient très élevé
; ce qui permettait aux conserveurs marocains d'atteindre d'autres
marchés à des prix très bas parfois inférieurs
aux prix de revient et d'augmenter les volumes de fabrication.
L'industrie de la conserve employait chaque année 2 000
à 2 500 habitants d'Agadir dont 20 hommes (sertisseurs,
magasiniers, cuisiniers, chauffeurs) pour 200 ouvrières.
L'industrie des sous-produits qui groupait 4 usines en 1947 et
utilisait les déchets de poisson rejetés par les
usines de conserve, vit son nombre doubler ; ces usines employaient
une centaine d'ouvriers et des techniques modernes pour transformer
le poisson en farines destinées à l'alimentation
du bétail, en huiles brutes et raffinées utilisées
pour la fabrication de la margarine.
1959 : 61
000 tonnes de poisson débarqué
Au moment du séisme, Agadir était avec Safi le
plus important port de pêche du Maroc : 61 000 tonnes
de poisson furent débarquées en 1959 et 22
usines traitant le poisson étaient en activité.
Liste des conserveries en octobre 1948

En septembre 1951, la flottille de
pêche qui se développait sans cesse, atteignit le
chiffre de 109 sardiniers, jaugeant au total 1 978
tonneaux.
En 1955 :
La répartition des produits de la pêche n'était
plus en faveur des conserves de poisson.
Jusqu'en 1953, les usines de conserves absorbaient les
plus grandes quantités de poisson avec un pic à
11 500 T de poissons en 1950.
La conserve par son essor stimula l'industrie des sous-produits
(guano, farines de poissons) permettant d'utiliser les déchets
des usines et les poissons non usinables (L'essor d'Agadir
et du Souss, Réalités marocaines, Évolution
du Maroc en 1951).
L'industrie de sous-produits finit par se tailler la part
belle du marché.
En 1955, les usines de conserve représentaient
3 897 T alors que le guano et farines de poisson (4 667
T) ainsi que le poisson frais congelé (4 136 T) se développaient,
les uns grâce aux entreprises spécialisées
dans ce domaine (OMACI par exemple) et les autres grâce
aux chalutiers réfrigérés qui avaient fait
leur entrée (Guelfi).
L'industrie de la congélation, s'implanta solidement à
Agadir au port et dans les quartiers industriels d'Anza et des
Abattoirs à partir de 1953.
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La sardine restait le poisson phare qui produisait de la valeur :
- La sardine usinable
restait stable autour de 9 500 T en 1953-4-5 ;
- La sardine non usinable restait stable également autour de 4 800 T;
- La sardine utilisée en tant que
sous-produits était déjà
à un très haut niveau en 1953
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La pêche dépendait essentiellement
à 76,4% des bateaux sardiniers, des chalutiers à
10,4 %, de la pêche artisanale à 8,9 %, des bateaux
étrangers à 4%.
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