Jusqu'au XIXe siècle au Maroc, l'Autorité
portuaire reposait sur le Raïs El Marsa (capitaine
du port) et sur l'Amine Adiouana (recette des Douanes)
nommés tous les deux par le sultan. Le Raïss
s'occupait de la corporation des barcassiers et de l'accueil
des navires. Il décidait seul de l'organisation du travail,
de la répartition des barcasses entre les navires, de
l'opportunité de sortir ou non selon l'état de
la mer et réglait entre les barcassiers tous les différents
d'ordre privé. Le Fquih (secrétaire) tenait
les comptes, encaissait les frets et payait les salaires. Il
avait la tâche de calculer chaque jour l'heure et la hauteur
des marées. Le Makhzen fournissait et entretenait
le matériel nécessaire au traitement des navires
et des cargaisons mais les recettes d'aconage étaient
réparties entre les barcassiers.
À Agadir, les pêcheurs se considéraient comme
étant les Aït Ugherrabo. Ils étaient
organisés en corporations placées sous le patronage
des saints comme Sidi Boulknadel et Sidi Abdallah Ou
El Hadj. La plupart des pêcheurs habitaient Founti.
En 1926-7, la Corporation des marins de Founti comprenait
une quarantaine de membres. Ils étaient plus nombreux
quelques années auparavant, mais beaucoup avaient émigré
dans d'autres ports où la vie paraissait plus facile.
Cette corporation avait pour saint patron Sidi Boulknadel,
maitre vénéré, auquel était réservée
sa part de prises, et pour amine, le Raïss Lahsen El
Gadiri.
Dans les années 20, le vieux raïss du port fut Lhassen
Ben Ali Aboudrar qui appartenait à une vieille famille
de raïss et de pêcheurs.
L'effectif permettait de mettre en service
9 barcasses : 4 grandes à 4 paires de rames (4
rameurs plus le raïss) et 5 petites à 2 paires de
rames (2 rameurs).
La pêche se pratiquait le long de la côte
et à l'embouchure de l'oued Souss, soit au filet,
soit à la ligne et au harpon. Mais elle était rendue
difficile par la barre.
La saison la plus favorable pour la pêche, commençait
au milieu du printemps pour finir en automne au moment des grandes
marées. Il n'était pas rare de voir près
des côtes, des bancs de poisson en telle abondance que
les barques rentraient parfois emplies jusqu'au bords (Rapport
Boniface, p. 33, 1927).
Parmi les variétés de poisson, les gros étaient
les plus recherchés : bonite, ombrine, daurade dorée,
la tassergalt gros poisson très prisé dans
le Souss (maintenant disparu) mais également les petites
espèces savoureuses comme les soles, les rougets, mulets,
mais aussi des crustacés, des crevettes, des homards et
des langoustes à l'embouchure de l l'oued Tamghart. Les
moules sur les rochers du rivage. Les sardines fréquentaient
le large.
À Agadir, l'industrie artisanale s'exerçait
sur le bord même de l'océan à l'endroit appelé
Necher El Hout (lieu où on étend le poisson)
qui comptait une quarantaine de fours qui furent démolis
lors de la construction du boulevard du capitaine Alibert. Ils
furent reconstruits au Sud de Founti à proximité
de Talborjt (CADN, Rapport Boniface, pp. 33-35,
1927).
À Agadir, la pêche débarquée était
vendue aux enchères par un dellal (crieur).
