Personnalités du Souss agricole

 

 
Georges PATIOU (1904-1987)
 


M. Georges PATIOU fut le plus ancien des pionniers de la vallée du Souss.

Il arriva au MAROC en 1908, à l'âge de 4 ans, avec ses parents venant de LYON.
Il passa son enfance et sa jeunesse à MARRAKECH.

Pendant les années 20, il fut affecté aux A.I. dans la région de MARRAKECH, puis au sud du Grand Atlas.
Au début des années 30, il s'installa dans le Souss où il fut, avec Monsieur Ludovic FOURNY, un des tous premiers colons.

En ce temps là, il n'y avait pour se rendre d'Agadir à Taroudant qu'un chemin (succession de pistes améliorées) qui longeait la rive nord de l'Oued Souss, traversant à gué les petits et moyens oueds affluents.

Un pont militaire fut construit sur l'Oued Issène à hauteur du Souk Et Tnine).


Sur la rive sud, la route Agadir-Taroudant actuelle n'existait pas. Pour se rendre des Ait Melloul à Ouled Teima, il n'y avait que des pistes défoncées et poussiéreuses.

C'est dans ces conditions de cheminement plus que précaires que les premiers colons français accédèrent à ce qui devait devenir- pour tous "le 44" qui n'était alors qu'un groupe d'une dizaine de maisons voisines de l'emplacement du Souk El Khemis.

Ces pionniers durent défricher, niveler leurs terres pour les mettre en culture, aménager les voies d'accès, c'est-à-dire les pistes et en faire des chemins praticables pour le transport de leur matériel et de leurs récoltes.

Ils creusèrent eux-mêmes leurs puits.

Georges PATIOU créa son "bled" à Kfifat, à quelques kms d'Ouled-Teima, il en fit un modèle de verger d'orangers et de clémentiniers.

De 1949 à 1953, il créa quatre propriétés et une station d'emballage pour le compte de propriétaires français résidant en France. Louis Guyomard prit la relève en Juillet 1953.
M. PATIOU eut deux enfants, deux filles.
Au moment de la nationalisation des terres des étrangers, en 1973, les autorités marocaines accédèrent aux demandes nombreuses et pressantes de tous ses voisins et amis marocains et lui laissèrent l'usufruit de son domaine jusqu'à sa mort.
Georges PATIOU, est décédé le 3 Avril 1987 à l'âge de 83 ans.

(établi d'après Louis GUYOMARD - Le Lien des Anciens d'Agadir et du Souss- 22 mai 1987)

 

Jean ÉPINAT (1877- 1956)

 

Dans le domaine de la colonisation, Jean Épinat (créateur et président de la CTM de 1919 à 1924 et président de l'ONA de 1924 à 1950) fut le 1er à préconiser dès 1930, la mise en valeur du Souss, signalant ses richesses et perspectives d'avenir.

Il conçut un programme agricole destiné à fixer dans la région un grand nombre de Marocains assurant ainsi à leurs familles si souvent décimées par les maladies (typhus) et la famine, des moyens normaux d'existence.

Son projet devait aboutir à ce que chaque famille marocaine devienne propriétaire au bout de 10 à 15 ans d'une petite ferme équipée.

Ces fermes devaient produire des fruits et des primeurs ainsi que du ricin pour la Défense Nationale. Le programme un moment amorcé, dut être abandonné en raison de l'opposition de l'Administration qui refusa l'approvisionnement en eau nécessaire aux cultures et cela bien qu'il dut être réalisé sans aucun concours financier du Protectorat.

Épinat avait chargé le marocain Lahoucine Demnati de l'acquisition de centaines d'hectares en friche qui devaient servir de base à ce programme. Une bananeraie fut constituée en 1932 sur une partie des terres achetées sur la route d'Agadir, entièrement placée sous grillage fin pour éviter les attaques d'insectes et de criquets, 20 ans après cette bananeraie était encore d'un bon rapport.

 (Raymond Lauriac, Essor agricole du Souss, 16 octobre 1954, La Vigie Marocaine).
Le domaine du Souss fut cédé à des colons venus d'Algérie quand il fut avéré que l'Administration refusait catégoriquement les droits d'eau nécessaires (Félix Nataf, Jean Épinat, un homme une aventure au Maroc, Éd. Souffles, 1987).
 

 

Lahoucine DEMNATI (1895- septembre 1960)

 

Sa famille était originaire de Demnate, connue sous le patronyme d'Aït Housseïn.
Lahoucine connut tout jeune, les combats que se livrèrent les Demnati dans la lutte pour ou contre les sultans Aziz et Hafid.
La rivalité entre son père Simoh, loyaliste azizi, et les Glaoua pro Hafid tournèrent en faveur de ces derniers et son père, déchu de son titre de chef de tribu, fut banni sur l'Île d'Essaouira ; les biens de la famille furent confisqués.
On dit de Lahoucine Demnati qu'il était illettré mais doué d'une intelligence exceptionnelle pour les affaires.


Après un séjour en France à l'âge de 20 ans, pour apprendre le français, il se serait installé à Marrakech pour faire du commerce.

Il construisit la kasbah familiale de Demnate afin d'y réinstaller ses parents et s'engagea dans la prospection minière.

Il épousa en 1929 une française, Geneviève Barrier, artiste peintre orientaliste de talent avec laquelle il sillonna le Haut-Atlas.
Il participa à la découverte de mines de plomb et de manganèse et de la mine de cobalt de Bou Azzer qui sera confiée à l'ONA (Omnium Nord-Africain, président Jean Épinat).
Il s'établit dans le Souss en 1933, à Dar Baroud, ancienne demeure du pacha Haïda Ou Mouïss à Taroudant, et ayant tissé des liens avec Jean Épinat, il se lança dans sa mise en valeur de cette région (plantation d'agrumes, bananeraie sous grillage fin). À la fin des années 40, il aurait créé la société holding "Aït Souss" (Wikipedia).
Il mourut l'année du séisme d'Agadir en septembre 1960.
 

 
 
 

Daniel MATTERA

 

 Daniel Mattéra fut président de l'Union des Syndicats de Maraichers, Primeuristes et Agriculteurs du Souss en fin des années 30 à Aït Melloul.

Selon lui, les essais faits en primeurs depuis 1933-34 dans le Souss prouvèrent que cette région était un véritable pays de primeurs tant par sa précocité que par sa qualité.


En janvier, février et mars, le Souss pourrait mettre la tomate à la portée de toutes les bourses en France.

 Les maraichers du Sous pourraient produire plus mais pourront-ils exporter leur récolte ? C'est la question que posait Daniel Mattera en 1939 (Le Souss, terre de primeurs, Agadir, capitale du Souss, Revue Le Maroc du Nord au Sud, juillet 1939).

 

Charles BRODOUX (1909-1991)

Né à Agen en 1909, dans une famille d'agriculteurs, Charles Brodoux arriva au Maroc vers 1931 à l'âge de 22 ans.
Il commença par travailler dans les milieux pétroliers avant d'être attiré par le Souss en 1938.
Il créa un domaine de primeurs et d'agrumes à et présida aux destinées de différentes associations de colons de la région.
Il fut élu le 1er janvier 1947 Président de la Section Agricole de la Première Chambre Mixte d'Agadir et délégué au Conseil de gouvernement et réélu en 1948.

Créateur et administrateur de plusieurs sociétés dont la "Cie du Souss" aux Aït Melloul, il fut un de ceux qui s'intéressèrent efficacement à la naissance et au développement du port d'Agadir.
Son activité fut inlassable dans le Souss (Revue N-Maroc, Spécial Agadir, 1950).

 

 

 

Jean SOLDINI


 
Il est né le 4 septembre 1921 à Sidi Bel Abbès.

Membre fondateur et vice-président de l'ASPAM, il fut un des pionniers de l'agriculture moderne d'exportation au Maroc et un des artisans de l'organisation du secteur de l'exportation agricole.
Ingénieur agronome, il arriva au Maroc après guerre, recruté à Paris par la Société des Grands Travaux de l'Est pour effectuer l'étude des sols dans le cadre des projets de grands barrages à construire au Maroc.
Il fut envoyé à Agadir pour le projet de barrage sur l'Oued Massa.

Il aurait été également missionné par la Banque d'Indochine pour réaliser une étude sur les possibilités et conditions de faisabilité de domaines agricoles dans le Souss.
Les commanditaires décideront d'investir dans cette région et confieront à Jean Soldini la mise en valeur des terres vierges achetées à Lahoucine Demnati à Aïn Chaïb et au Koudia.
Il développera l'agrumiculture et sera un des fondateurs de l'importante Association des Producteurs d'Agrumes au Maroc (ASPAM).

À Agadir, Jean Soldini sera Président du Syndicat des Agriculteurs du Souss ; il fera voter en novembre 1955 des modifications statutaires qui permettront aux agriculteurs marocains d'adhérer au syndicat au même titre que les agriculteurs européens (Petit Marocain, La lutte anti-acridienne, 29 novembre 1955).

Il sera très actif dans la lutte contre les acridiens.

 Le roi Hassan II achètera cette propriété et Jean Soldini sera maintenu comme directeur général.
Le roi lui confiera la mise en valeur des terres appartenant à la famille royale sur l'ensemble du territoire ainsi que la gestion des biens royaux.
Il sera directeur de 1967 à 1999 des "Domaines agricoles" (12 000 ha de terres irriguées) ("Domaines royaux" jusqu'en 2003).

Jean Soldini prendra sa retraite quelques mois avant le décès de Hassan II.
Jean Soldini a survécu au séisme de 1960, à l'accident d'avion de la Caravelle III Agadir-Casablanca du vol Royal Air Maroc, le 1er avril 1970, près de Berrechid lors de l'approche vers Casablanca. Il survécut au coup d'État de Skhirat en juillet 1971.


Il était marié à Simone et eut 5 enfants.
Il quitta le Maroc en 2000 après y avoir vécu 40 ans. Il est mort le 15 janvier 2009 à l'âge de 88 ans.

 

 

Pierre DÉAL, né au Maroc et décédé en 2003, fils du commandant Déal, deviendra gérant du Domaine de Kedima appartenant à Lahoucine Demnati.
Ce domaine sera vendu à une société financière en 1953-4. Pierre Déal sera l'adjoint de Jean Soldini.
 


Ludovic FOURNY

 

Il est né le 25 mars 1894 à Saffré (au Nord de Nantes) en Loire Atlantique dans une famille d'agriculteurs.

Il poursuivit ses études à l'École Normale d'Instituteurs de Nantes.
Au cours du Service militaire, Ludovic Fourny fut affecté pendant quelques mois dans un régiment de Zouaves à Casablanca.
Devenu lieutenant, il occupera un premier poste AI à Zarzis, oasis du Sud tunisien.

En 1923, il épousera Maria Lamendour originaire de Brest.
En 1924, il sera affecté en tant qu'AI au Maroc au 66ème RTM.

En 1925, il bénéficiera d'un congé sans solde de 3 ans pour s'installer comme colon à Sebaa-Aïoun (Les Sept Sources) dans la région de Meknès avec 60 hectares de terre de doums sans parvenir à vivre de son travail.

Il rencontrera M. Gret, ingénieur au Service des TP en poste à Agadir depuis 1930 qui le convaincra de s'installer dans le Souss "qui offre tous les atouts pour une mise en valeur agricole comparable à celle de la Californie".

Fourny arriva dans le Souss en 1934 avec sa famille, deviendra gérant d'un bled à la ferme de Cherarda au km 46 (Ouled Teïma : km 44) sur la route de Taroudant sur 20 ha ayant comme propriétaire M. Foing.
Après défrichage d'arganiers et de jujubiers, installation de pompes pour irriguer, des orangers seront plantés sur ces parcelles nouvellement défrichées et en intercalaire en maraichage avec de la tomate marmande et des melons charentais et Canteloup.

  Vers 1938, Fourny fera l'acquisition d'une vingtaine d'hectares au lieu-dit Aouïnah (La petite source) contigüe au Km 44 à droite vers Taroudant qui deviendra le site de la SARL "Hortival" oasis de vie et de verdure (en association avec Marie Louise Mac Daniel). Fourny y développera une pépinière.

 
 

 

En 1954, l'invasion de criquets anéantira les récoltes.
Ludovic Fourny s'éteindra en novembre 1966.
Son fils Gabriel Fourny qui lui succédera, quittera à son tour Hortival en 1973.

(Une saga coloniale – Depuis une tente sous l’arganier – Jacqueline et Paul Fourny, Novembre 2001)