"Entrepôts Frigorifiques d'Agadir"
Par dahir n° 246 du 24 août 1939, autorisation
fut donnée à M. Jean Paggiolo, industriel
à Agadir, d'installer une usine frigorifique pour les
divers traitements des poissons et crustacés sur les terre-pleins
du port d'Agadir, sur une parcelle de 1 000 m2 louée à
cet effet au Domaine Maritime.
Selon l'annuaire des entreprises coloniales
au Maroc en 1951, les "Entrepôts frigorifiques
d'Agadir" furent créés en 1948.
Ils appartenaient à une société
privée et jouissaient d'une concession. Ils entrèrent
en activité au début de l'année 1951.
Ils auraient été construits
en partie par l'entreprise ALLIOT de Nantes pour le compte de
l'armateur André Dhellemmes de Concarneau (Souvenirs
de Jean Le Rouzic).
Quand la Halle aux poissons fut construite entre 1948-52, les
Entrepôts frigorifiques occupèrent la partie de
la Halle au Poisson tournée vers le Camp Alibert alors
que la Criée se trouvait côté mer ; ce bâtiment
comportait un étage sur rez-de-chaussée de 21 m.
de large sur 35 m. de long.
Raymond HUMEAU père fut directeur des "Entrepôts
frigorifiques" du Port de 1951 à 1977. Raymond
Humeau arriva à Agadir en 1947, marin de l'Armée
de guerre ; il devint en 1951, directeur dans le civil des "Entrepôts
Frigorifiques du Port d'Agadir".
L'établissement appartenait à l'entrepreneur Geoffroy
Guichard ainsi que l'usine "La Conserve Océane"
qui se trouvait au Quartier Industriel d'Agadir.
La famille Humeau habita un temps le Camp Alibert puis en 1956
une villa à l'Extension X.
René Rochais était chef frigoriste, responsable
de la fabrication de la glace. La saumure ammoniaquée
dégageait une odeur épouvantable qui faisait traverser
les ateliers en apnée (souvenir de Raymond Humeau fils).
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L'essentiel de l'activité de l'Entrepôt
était tournée vers la pêche. Les pêcheurs
marocains venaient prendre de la glace mais ils n'étaient
pas les seuls ; les pêcheurs espagnols s'approvisionnaient
en pains de glace ou en glace concassée.
D'énormes pains de glace passaient dans un concasseur
extérieur accolé au bâtiment ; la glace était
ainsi réduite en petits morceaux qui tombaient directement
dans la benne d'un camion.
Trois compresseurs Sulzer permettaient au Frigorifique de disposer
de 900 000 frigories/heure. L'entrepôt frigorifique pouvait
quant à lui contenir 225 T de poissons en cageots ou 175
T de poissons en vrac dans les salles de congélation à
-15°, et 100 T de poissons dans les chambres de stockage
à 0°.
La capacité des chambres froides et de congélation
comprenait également une fabrique de glace produisant
20 à 30 T de glace par jour dont la plupart était
broyée, destinée à garnir les caissettes
de sardines au moment du débarquement.
Le frigorifique produisait de la saumure à -15 ° qui,
pompée directement dans les cales des sardiniers, leur
permettait de ramener un poisson bien conservé là
où il se trouvait.
Une installation, fonctionnant par douche de saumure à
-18 °, congelait le poisson en caissettes pour l'exportation
ou la vente à l'intérieur du pays. Sa capacité
était de 50 tonnes par jour.
Des chambres froides pouvaient stocker 300 tonnes de poissons.
Deux autres chambres froides permettaient de stocker d'autres
denrées : beurre, fromages, etc
À peine terminé, l'entrepôt frigorifique
s'avérait déjà exigu. La construction d'un
nouvel entrepôt était envisagé sur l'épi
Est (Réalités Marocaines, p. 92).
Des installations privées permettaient
de congeler et de stocker différents produits.
Principales installations privées
dans la ville :
- Frigema
- Congélation : 30 T par 24 H
- Stockage : 225 T
- Maroc-Bretagne
- Congélation : 15 T par 24 H
- Stockage : 150 T
- Guelfi
- Congélation : 20 T par 24 H
- Stockage : 100 T
- Cofraga
- Congélation : 20 T par 24 H
- Stockage : 150 T
Certaines entreprises (Frigema, Maroc-Bretagne
et L'Océane) produisaient des sardines congelées.
Seule la France achetait cet article à l'import et ouvrait
un contingent annuel. Sur les lieux de fabrication, la marchandise
devait être stockée à -25 °C et lorsque
les camions se présentaient à long du navire, les
contrôleurs de l'OCE exigeaient un minimum de - 20°.
Par la suite, La Transat et les Cargos Eurafricains
se partagèrent ce trafic à Safi et à Agadir.
La société Maroc-Bretagne possédait
le petit "Alizé", navire congélateur
sous pavillon chérifien. C'était l'"Alizé"
qui guidait les chalutiers locaux vers les eaux méridionales
à la recherche de thons et de bonites qu'il congelait
sur les lieux mêmes de la prise (Souvenirs de K. A.
Jensen).
Après le séisme, les Entrepôts
frigorifiques furent déplacés sur le quai des Chalutiers
près du petit phare. Le bâtiment plus important
et plus fonctionnel prit le nom de "Glacières
d'Agadir" et changea plusieurs fois de propriétaires.