Pierre, qui n'avait pas 10 ans, aimait
particulièrement tourner autour de la grande Halle aux
poissons ; elle était toute en longueur, avec ses grands
étalages, où l'on pouvait voir des requins et surtout
les grandes chambres froides toutes blanches, couvertes de glace
en fort contraste avec la température extérieure
et où les gens devaient se protéger en portant
d'épaisses vestes en peau de mouton.
Devant la Halle, sur le port de pêche, le déchargement
des petits chalutiers était un spectacle continu.
De l'autre côté du port, les
grandes grues "girafes" se déplaçaient
sur des rails, transportant des minerais, notamment des minerais
de fer et de manganèse, entassés directement sur
les quais.
Après la Halle, en direction d'Anza, existait une deuxième
issue du Port au-delà de laquelle se trouvait une bruyante
station de concassage.
Sur les gros blocs des jetées du Port, il y avait constamment
des pêcheurs parmi lesquels Jean, le frère ainé
de Pierre. Les sars ne manquaient pas.
Pour Pierre, les murènes, pêchées avec une
grosse ficelle et un clou en crochet, fiché d'un morceau
de barbaque, étaient les plus impressionnantes. Il se
souvient que son frère avait peiné à en
sortir une dont la queue s'était agrippée à
la saillie d'un bloc de la jetée.
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