Le Port d'Agadir


Souvenir de Pierre Bouvier

 

Pierre Bouvier se souvient de l'entrée du Port, située au bout de la Plage en tournant à gauche avant d'entrer à Founti. Les gardes à l'entrée (Police ou Gendarmerie) étaient plutôt débonnaires et le jeune garçon y entrait facilement.


 

Son père, Émile Bouvier, était arrivé vers 1928 à Agadir.
Il était détaché de l'Administration des Travaux Publics en tant que Commissaire principal.

Il avait un bureau et disposait d'un chaouch, au Port dans la partie Travaux Publics des Services du Port.
Il s'agissait d'un poste administratif à l'Aconage (l'Aconage désignant les opérations de chargement et déchargement des marchandises entre le bateau et le quai ainsi que les opérations de transport et de manutention).

Toute l'Administration du port se trouvait là avant le séisme.

Pas loin du bâtiment se trouvait la Buvette du Port, lieu fortement "structurant" du secteur.

 Pierre, qui n'avait pas 10 ans, aimait particulièrement tourner autour de la grande Halle aux poissons ; elle était toute en longueur, avec ses grands étalages, où l'on pouvait voir des requins et surtout les grandes chambres froides toutes blanches, couvertes de glace en fort contraste avec la température extérieure et où les gens devaient se protéger en portant d'épaisses vestes en peau de mouton.


Devant la Halle, sur le port de pêche, le déchargement des petits chalutiers était un spectacle continu.

De l'autre côté du port, les grandes grues "girafes" se déplaçaient sur des rails, transportant des minerais, notamment des minerais de fer et de manganèse, entassés directement sur les quais.


Après la Halle, en direction d'Anza, existait une deuxième issue du Port au-delà de laquelle se trouvait une bruyante station de concassage.


Sur les gros blocs des jetées du Port, il y avait constamment des pêcheurs parmi lesquels Jean, le frère ainé de Pierre. Les sars ne manquaient pas.
Pour Pierre, les murènes, pêchées avec une grosse ficelle et un clou en crochet, fiché d'un morceau de barbaque, étaient les plus impressionnantes. Il se souvient que son frère avait peiné à en sortir une dont la queue s'était agrippée à la saillie d'un bloc de la jetée.

 

 

Les enfants adoraient regarder pendant des heures les rares paquebots de croisière qui stationnaient dans la baie d'Agadir. Émile Bouvier recevait généralement une invitation pour monter à bord et c'est ainsi que Pierre avait pu voir le port depuis le pont du "Lyautey" de la Cie Paquet et peut-être aussi depuis ceux du "Djenné" et du "Koutoubia".

 
Le Lyautey

 
Le Djenné

 
L'Azemmour

 Le "Djenné" fit escale à Agadir en juillet 1956 et les Gadiris furent nombreux grands et petits à venir admirer ce bateau de croisière.

 
 Il en fut de même pour le paquebot "Lyautey".

En 1958-9, les Gadiris furent comblés par la visite d'Aristote Onassis sur son yacht "Le Christina" avec à son bord l'ancien premier ministre Winston Churchill.

 

Les enfants de l'âge de Pierre étaient aussi très excités par le garage flottant du hors-bord d'André Guelfi au milieu du bassin proche de la plage. En 1958-59, des championnats de ski nautique se déroulèrent sur le grand bassin avec des épreuves impressionnantes de saut à ski.
Vers 1958, Émile Bouvier quitta son bureau du Port de Pêche pour s'installer à l'occasion d'un recoupement administratif dans la fameuse "Soucoupe volante" à l'entrée du port.

(Souvenir de Pierre Bouvier).