Cimetière européen - Tombes de militaires musulmans ayant combattu pour la France

Ce cimetière se trouvait à l'extérieur des remparts de la Kasbah, tourné vers le levant, accroché au flanc de la montagne, sur le roc, en dessous du bastion du Sud-Est, au-delà de la route et du début de l'esplanade.

Le cimetière était entouré d'un mur chaulé de blanc. Les tombes blanches étaient parfaitement alignées selon un dispositif très ordonné ; tombes d'Européens morts à Agadir après 1913, celles de militaires français, légionnaires de toutes nationalités mais également de militaires musulmans ayant combattu pour la France, tombe du jeune Michel Vieuchange mort en 1930 après son expédition pour découvrir Smara.

Michel Vieuchange

Ce cimetière fut mis en place vers 1915 peu après le début de l'occupation française de la Kasbah. Il n'y avait quasiment pas de civils européens avant cette période.

 

Le cimetière fut déplacé après le séisme et les tombes rejoignirent celles du cimetière européen de Yachech.

 

Cimetière musulman et cimetière juif de la kasbah

Selon la tradition orale, les autochtones musulmans en lutte contre les Portugais au XVIe siècle et morts aux combats, auraient été enterrés sur la colline El Ghezwa dans l'aire où se déroulèrent les combats.

Selon d'anciens gadiris, les cimetières juifs et musulmans se trouvaient sur la colline depuis le bastion Est face aux carrières d'El Ghezwa jusqu'au ravin de ce dernier, sur une largeur de 200 mètres pour les Musulmans et sur une largeur de 100 à 150 mètres à l'Est pour les Juifs. Il n'y avait pas de mur de protection autour des deux cimetières ni aucune séparation, ni aucun ordre dans la disposition des pierres tombales qui permettraient de retrouver des traces.

Des soldats musulmans auraient été enterrés au pied de la Kasbah, juste au-dessus du vénéré Sidi Boutini.

 

Cimetière au bord de l'océan

Un cimetière juif et un cimetière musulman auraient existé au pied de Talborjt du côté de l'océan maintenant sous les constructions de la Marina d'Agadir. C'est dans ce cimetière que les Juifs gadiris situaient la tombe de Rabbi Khlifa Malka avant son déplacement dans les années 40 au cimetière juif de Yachech. C'est également à cet endroit que se trouvait le mausolée de la sainte Lalla Sfia vénérée par les Musulmans.

Rabbi Khlifa Malka

Lalla Sfia

Il pourrait s'agir du cimetière qui apparaît au bord de l'océan sur une gravure ancienne de Martinus Lambrechts datée de 1740-1. La légende hollandaise dit : "Zoogenaamde Pakhuiysen der Christenen, dog nu vervallen, vaer digte by der Christenen en Iooden haar Kerkhof is".
S'agissait-il d'un cimetière chrétien, de tombes chrétiennes entretenues par des Chrétiens dont la chevelure était rousse ? à moins qu'il ne s'agisse de Juifs ? ; les traductions divergent sur ce point.

On retrouve ce cimetière du bord de l'océan sur la carte du commandant Poulain datant de 1913 sur le côté gauche du ravin d'El Ghezwa .

Au printemps 1921, lors d'un voyage organisé dans le Souss par Prosper Ricard, Chef du Service des Arts Indigènes du Maroc (1920-1935) en compagnie du capitaine Martel, de MM. Pallary et Sharpe, le linguiste Émile Laoust (1876-1952) évoquait un cimetière juif au bord de l'océan près de la "Jetée portugaise" : Le port berbère s'étend au fond de la baie auprès d'un wharf [quai de déchargement perpendiculaire au rivage] en construction, non loin d'un cimetière juif avec de grossières figurations humaines taillées dans les pierres tombales " (É. Laoust, Pêcheurs berbères du Sous, Hesperis, 1923, T. III, p. 244).

Nous retrouvons ces pierres tombales sur des photographies et cartes postales anciennes à coté de l'établissement Boisseuil vers la fin des années 10


Paul Zeys dans son livre sur le règlement des conflits immobiliers à Agadir en 1932 nous précise à propos du cimetière juif : "Ce cimetière se trouvait au Sud des 5e et 6e secteurs, il était revendiqué par trois requérants et occupé par un jeu de tennis. La Communauté Israélite ne le revendiquait pas, parce que dit-elle : " Les Juifs ne meurent pas à Agadir ".
Ce terrain avait servi de sépulture depuis plus de deux cents ans aux Israélites, ainsi qu'en fait foi la sépulture du Hazan Khalifat Melka qui s'y trouve. Avant la guerre, Marx, un allemand de Hambourg, habitant Mogador, affirmait avoir acheté ce terrain d'un musulman ; une délégation d'Israélites d'Agadir était allée le trouver pour lui représenter leurs droits sur la sépulture de leurs ascendants. La guerre survint et le conflit ne fut pas tranché. Ces terrains furent mis sous séquestre, mais parmi eux, ce cimetière ne fut pas retrouvé.
En fait, l'intention de la Municipalité d'Agadir est de créer un cimetière nouveau au Nord de Talborjt, dans les terrains que la Commission a attribué à l'État. D'autre part, le cimetière devenu jeu de tennis tombait fatalement dans la règle générale du front de mer à purger et à libérer de toute occupation ; il appartiendra donc aux intéressés, État et Communauté Israélite de s'entendre. Quant aux revendiquants, ils furent placés dans des terrains voisins"
(Paul Zeys, Conflits immobiliers des Confins Sud marocains (1911-1932), p. 213).

Selon Haïm Zafrani, la tombe de Lalla Sfia, sainte locale honorée par les Juifs et surtout par les Musulmans se trouvait proche de la tombe de Khlifa Malka (Haïm Zafrani : "2000 ans de vie juive au Maroc : histoire et culture, religion et magie", p. 172).

Les deux sépultures, nous dit Haïm Zafrani ont été transférées depuis le front de mer, l'une dans le nouveau cimetière juif de Yachech, la seconde dans une zaouïa de Sidi Boulknadel, près du port.