Le séisme eut lieu dans la nuit du lundi 29 février au mardi 1er mars 1960 (02 ramadan 1380). Ce fut pendant le ramadan alors que le chergui faisait monter les températures à plus de 40 ° autant le jour que la nuit. Quelques quinze secondes suffirent à détruire la Kasbah qui s'effondra presque complètement sur ses habitants dans une poussière infinie. Il n'y eut que quelques dizaines de survivants.

Comparaison des effets du séisme avec les structures tectoniques

Les témoignages concernant la Kasbah et le séisme sont rares contrairement à ceux des autres quartiers de la ville.

 
 

 
En ce sens, le témoignage du Dr Corson, médecin volontaire venu de France au secours d'Agadir, qui avait connu la Kasbah avant son effondrement, est précieux.

Il nous dit : "Agadir n'est plus qu'une ville morte. La Kasbah est certainement le quartier qui a le plus souffert. À l'intérieur des remparts, il n'y persiste rien d'intact, sauf l'école, seul bâtiment construit en béton armé"
(Dr P.J. Corson, SOS Agadir, avec les volontaires français dans la ville morte, Medica, p. 8, Témoignage du Dr Corson repris dans Mémoires d'un séisme - Agadir 1960, Roger Le Toullec, 2002).

 

Toutes les maisons de la Kasbah s'écroulèrent générant une poussière intense, asphyxiante pour les personnes qui se trouvaient dans les ruelles. La Kasbah fut détruite à 100% (R. Ambroggi) (W. Cappe, p. 177). Parmi les bâtiments rescapés, un mausolée, une école et le château d'eau. Seul le bâtiment du château d'eau ne sera pas rasé et deviendra par la suite un transformateur. L'enceinte de la Kasbah perdit ses créneaux et la partie supérieure de ses murailles.

 

 
 
 
 

 

 
 
 
 

 
" Le café maure, nous dit le Dr Corson, qui dominait de 250 m l'océan, est en ruine. Le pourcentage de destructions est ici de 95 % et la plupart des immeubles sont pulvérisés " (ibidem, p.8).

 
 
 
 

 

 
 
 
 

 
Le Dr Corson poursuit : " Le maximum de destructions de la ville a été observé sur les maisons de la Casbah et de Yachech, maisons anciennes dont la construction traditionnelle et locale se ramenait à un empilement de pierres non taillées, approximativement solidarisées par de la terre séchée ou par des mortiers pauvres " (ibidem, p. 19).

 

 

 

 

 
 

 
 
 

 

 
 
 
 

 

" Pour le déblaiement et les travaux de désinfection et de désinsectisation, la ville [fut] divisée en 5 secteurs : la Kasbah, Founti, Talborjt, Yachech et le Quartier Industriel ". " Les équipes de prophylaxie étaient sous la direction du Dr Sentici, chef de cabinet du ministre et chef de la prévention ".


" À la Kasbah et à Yachech, les chances des survivants étaient tellement réduites, [poursuit le Dr Corson], qu'il fut décidé de procéder à un nivellement intégral. Ce travail fut confié à des équipes américaines munies du matériel approprié. Le personnel était d'ailleurs réduit au minimum et s'activait dans une poussière infernale avec un équipement inhumain, masque à gaz, bottes, lunettes, combinaisons, par une température de plus de 40 °.
Lorsqu'une couche de matériaux était poussée sur les ruines, les équipes de désinfection répandaient du chlorure de chaux, puis les bulldozers recouvraient à nouveau de matériaux de démolition et tassaient.
Les avions et les hélicoptères survolaient sans arrêt les ruines et déversaient du D.D.T. en poudre ou en solution. Il fut utilisé par les avions et les équipes au sol, environ 50 tonnes par jour " (ibidem, p. 11).
" C'est à la Kasbah que le spectacle est le plus cruel [nous dit le Dr Corson]. Son nivellement intégral par les bulldozers ne tenait aucun compte - et il était nécessaire qu'il en fut ainsi - ni du contenu des maisons ni des cadavres. Tout était aplati pêle-mêle : meubles incrustés de nacre, somptueux tapis, bibliothèques, coussins, théières, matelas éventrés, cadavres. Puis le bulldozer revenait, poussant devant lui des matériaux empruntés aux ruines de la maison voisine. Les équipes sanitaires le suivaient arrosant le terrain de chlorure de chaux. Encore une nouvelle couche de matériaux et c'était terminé. Dans quelques mois, dit-il, la Kasbah aura digéré ses habitants et dans quelques années elle sera devenue une colline verdoyante " (ibidem, p. 19).
Les années qui suivirent le séisme tinrent la Kasbah éloignée de tout processus de restauration en raison de l'urgence et des priorités de la reconstruction de la ville détruite (toutefois le mausolée de Sidi Boujm'a fut reconstruit assez rapidement à l'initiative du pacha d'Agadir ; deux autres petits mausolées furent reconstruits ensuite).