La Kasbah d'Agadir Ouflla possédait un certain nombre de canons, une cinquantaine selon une tradition orale, au moins une dizaine dans les souvenirs des témoins actuels : six canons de petits calibres et quatre canons longs en bronze.
Selon la tradition, ces canons seraient d'origine portugaise, datant du XVIe siècle d'avant 1541.

Les canons furent installés à des endroits fixes sur des affûts en bois ou sur des chariots, en des points stratégiques des bastions :

- au niveau du Fort portugais,
- de l'éperon du Sud-Ouest face à la mer,
- dans la tour du bastion Nord-Est face aux collines environnantes,
- dans la tour du bastion Sud-Est devant l'esplanade et sur la terrasse du côté du jardin exotique.

Ces canons assuraient la défense de la Kasbah du côté des montagnes, du port et de l'océan, contrôlaient les pistes, routes d'accès et porte de la Kasbah.

Le Fort Portugais
 
 

 

En septembre 1911
, lors du "Coup d'Agadir", le journaliste André Morizet, de passage à Agadir avec son épouse, relata cet épisode dans la revue "Illustration" :

"Le Khalifa nous offrit un logement dans le "quartier français" de la Kasbah […] Nous établîmes notre camp dans une cour […] dans une batterie, la batterie principale de la terrible forteresse. Près de nous, deux vieux canons, majestueusement ornés des armes du Portugal, étaient braqués vers le large à travers les créneaux. L'un d'eux possédait encore son affût, un délicieux petit chariot de bois à roues pleines ; l'autre en était dépourvu : sa bouche menaçait le ciel et sa culasse reposait sur le sol"
(L'Illustration, Samedi 26 Septembre 1911, Villégiature à Agadir, André Morizet, pp. 194-197).

Le Coup d'Agadir 1911


 
 
 

 

 Les visiteurs de la Kasbah qui se rendaient au Café maure étaient fréquemment photographiés sur le vieux canon en bronze portant les armoiries du Portugal, canon qui se trouvait sur la terrasse près du Café maure.

 
 
 

 

Sur l'un des canons en bronze, photographiés avant le séisme, on pouvait reconnaître le blason des armoiries du Portugal et confirmer ainsi l'origine portugaise de ce canon. 

 

 
 

 

On retrouve au centre de ce blason, cinq écussons disposés en croix, entourés d'une bordure chargée de sept châteaux, trois sur le chef, deux sur le flanc et deux vers la pointe.

 
 

 
 
 

 

En 1970, les photos suivantes montraient :
- 4 canons de la Kasbah,
- 1 des 2 canons du Fort Portugais,
- 1 grand canon démonté mais hors du Fort portugais.

 

En 1975 :

 

De ces canons de la Kasbah, cinq sont localisés en 2014 :

- Les deux longs canons placés à l'entrée de la Willaya proviendraient du Fort portugais. Ils ne portent pas d'inscription. Il est possible que ces canons aient été placés au Fort portugais par les Français en 1913. La pièce entière mesure environ 4 mètres. Ces deux canons portent au cul l'assise de fixation.

 

- Deux autres canons moyens en acier de 2,40 mètres de long se trouvent à l'entrée du musée Olhao d'Agadir et portent une seule inscription moulée à l'oreille : 75. Ce sont les canons sur lesquels s'appuient les ingénieurs Evesque et Fleury photographiés à la Kasbah en 1911.

 

 

- Un canon en acier de 1,70 mètre de long, sans inscription se trouve à l'entrée du jardin Olhao, ayant perdu une oreille d'assise.

 

Olhao est une ville portugaise jumelée à Agadir et qui a financé ce grand jardin.

Les beaux canons en bronze portant les armoiries du Portugal n'ont pas été retrouvés.