Protectorat de la France
sur le Maroc
Traité de Fès du 30 mars 1912 |
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Le général Lyautey fut nommé Résident général
en avril 1912.
Au début du Protectorat français sur le Maroc,
Agadir était isolée des autres villes du Maroc,
coupée de toutes informations. Des troubles éclatèrent
et les quelques ressortissants français et européens
qui s'y trouvaient dont la protection n'était pas assurée
comme le commerçant Fernand Honnorat furent priés
de quitter les lieux dès réception de l'avis du
Consul de France à Mogador (Lettre du consul Marc du 20
avril 1912).
En mai 1912, Ahmed El Hiba (surnommé le
sultan bleu) proclama Dar Islam en danger et se plaça
en moqaddem du djihad. Il fut proclamé sultan à
Tiznit le 26 mai. Il invita toutes les tribus à le rejoindre
et devint maître du Souss.
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19 Juillet 1912
Bombardement d'Agadir |
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Le
garde côte chérifien "Marrakchi"
escorté du croiseur "Cosmao" de la Marine
française bombarda Agadir le 19 juillet 1912 en
raison du soutien des habitants de la Kasbah à El Hiba.
Les bateaux auraient bombardé la nzala de Tanout Ou Roumi.
Des maisons auraient été atteintes à Founti
et dans la Kasbah (en particulier la mosquée dont le minaret
se serait écroulé) (Revue maritime, N° 19-24).
Le Cosmao aurait bombardé la citadelle d'Agadir (19 juillet
1912) et le bombardement aurait fait deux morts.
Selon les officiers du "Cosmao", le "bombardement
se serait borné à peu de choses : quelques coups
de canon sur la nzala de Tanout ou Roumi et sur les habitations
de Si Abderrahman Ksimi".
"Quelques coups de fusil seraient partis de Founti, un
seul obus aurait été envoyé en réponse.
Un coup de canon aurait été tiré sur le
magasin du Makhzen et un autre sur la mosquée".
Quand El Hiba apprit qu'un bateau avait bombardé
Agadir, il changea la route qui devait le mener à Marrakech,
envoya un contingent de 400 cavaliers pour secourir la place
forte d'Agadir et empêcher tout débarquement. Il
plaça son beau-frère et cousin Cheikh Sidi Hmed
(Cheikh Sidi Hmed Ould Cheikh Khalifa) au poste de khalifa
d'Agadir Ighir. |
Bombardement d'Agadir
(7 et 8 août 1912) |
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Devant les progrès du
mouvement hibiste, un nouveau bombardement de la citadelle
d'Agadir occupée par le contingent hibiste, aurait été
décidé par les Français.
Durant deux jours consécutifs (7 et 8 août 1912)
la place aurait été bombardée par le "Cosmao".
El Hiba, proclamé sultan à Marrakech le 15 août
1912, ne le sera que pour une courte durée ; ses troupes
seront battues à la bataille de Sidi Othman en
septembre 1912 et lui-même sera contraint à la fuite.
Cheikh Sidi Hmed tiendra Agadir Ighir jusqu'en mai 1913 où
on assista à une multiplication des nzalas (trois sur
la côte sont contrôlées par les Ida Ou Tannan,
dont une à Aghroud, les Imesguine contrôlent celle
de Tamraght et les Aksimen sont installés à la
porte de Founti). Cheikh Sidi Hmed en installa une pour son propre
compte à la porte du fondouk de Sidi Boulknadel.
Il sera chassé le 31 mai 1913 par le nouveau caïd
makhzen des Ihahane, Lahsen Oufqir.
(Rachid Agrour, Le mouvement hibiste et les tribus berbères
de l'Anti-Atlas 1910-1934, Thèse d'Histoire, Université
Paris I Panthéon Sorbonne, 2009). |
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Occupation française
d'Agadir Ighir |
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En juin 1913, le résident Lyautey donna les instructions
suivantes au commandant du Groupe du futur Poste d'Agadir
(Poste qui sera sans territoire attaché mais rattaché
au point de vue commandement et administration au Cercle de Mogador)
:
" Le Commandant du Poste d'Agadir sera chargé
de la garde de la citadelle et de ses abords, de surveiller la
contrebande qui pourrait se faire. Aucune opération militaire
ne pourra être entreprise en dehors de celles que la sécurité
du Poste rendra nécessaire, dans son rayon de défense
immédiate. Les rapports avec les Européens ne font
l'objet d'aucune instruction pour la raison simple qu'il n'y
a pas d'Européens et aucune autorisation ne sera accordée
dans les premiers temps.
L'occupation d'Agadir n'est pas une étape vers l'occupation
du Souss, " son objet est de s'assurer de la possession
du Port d'Agadir ".
Le poste d'Agadir doit être pour le moment un poste de
renseignements et d'observation, un poste d'attente.
Peu avant le débarquement des troupes
françaises, les Ida Ou Tanan auraient attaqué
Agadir le 13 juin au matin. Le petit croiseur "Cosmao"
les bombarda. On ne sait quels furent les dégâts.
Le groupe militaire chargé de l'occupation
d'Agadir fut concentré à Mogador dans les
premiers jours de juin 1913, placé sous les ordres du
Chef de bataillon Decherf du 3e Zouaves. Il comprenait
30 officiers, 43 sous-officiers, 52 caporaux, 737 soldats et
183 chevaux et mulets.
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13 juin 1913  |
Le 13 juin 1913 vers 18 heures, le groupe militaire français constitué
quitta la rade de Mogador pour se rendre à Agadir, embarqué
à bord des deux transporteurs "La Circassie"
et "la Ste Hélène", escortés
par le croiseur "Du Chayla".
Le général
Brulard (commandant la région de Marrakech), son
état-major, et le colonel de Lamothe (chef des
Affaires Indigènes de cette région) étaient
à bord du "Du Chayla".
Le petit croiseur "Cosmao" était déjà
en rade d'Agadir ayant bombardé les Ida Ou Tanan le matin
même.
Parmi les différents corps d'armée
embarqués se trouvaient :
L'Infanterie avec :
- L'État-Major du 2e Bataillon du 3e Zouaves :
le commandant Decherf, le capitaine adjoint Cortade, le lieutenant
officier de détails et le médecin Aide-Major, 1
sous-officier, 2 caporaux, 12 soldats et 40 chevaux et mulets
;
- Les troupes d'Infanterie :
- La 6e Cie du 3e Zouaves : capitaine Franceschi (avec
1 cheval), 2 lieutenants d'active, 1 lieutenant de réserve,
9 sous-officiers, 12 caporaux et 155 soldats ;
- La 8e Cie du 3e Zouaves : capitaine Heranney (et
1 cheval), 1 sous lieutenant de réserve, 11 sous-officiers,
15 caporaux, 143 soldats,
- Une Section de Mitrailleuses de Zouaves : lieutenant
Juliany, 1 sous-officier, 2 caporaux et 23 soldats ;
- La 13e Cie du 3e Tirailleurs Algériens : capitaine
Martin (avec 1 cheval), 2 lieutenants, 1 sous-lieutenant
indigène, 7 sous-officiers, 8 caporaux, 129 soldats ;
- La 13e Cie des Tirailleurs Marocains : lieutenant Maigret,
1 khalifa (lieutenant marocain), 1 sous-lieutenant indigène
algérien, 1 caïd du Tabor, 4 sous-officiers, 2 caporaux,
149 soldats, 35 chevaux et mulets;
La Cavalerie :
- 1 Peloton de Spahis Marocains : avec 1 lieutenant, 1
sous-officier, 2 caporaux, 32 soldats, 25 chevaux et mulets ;
- 1 capitaine commandant l'Artillerie du Poste ;
- 1 section de la 5e Batterie Col. de 65 : avec 1 lieutenant,
5 sous-officiers, 4 caporaux, 51 canonniers, 65 chevaux
et mulets. Les servants étaient français, les conducteurs
étaient sénégalais et avaient avec eux une
douzaine de femmes ;
- 1 section de 80 de campagne : avec 1 adjudant et 4
canonniers ;
Le Génie :
- 1 capitaine chargé du service dans le poste (avec un
cheval), 1 sous-officier, 1 caporal et 14 soldats ;
- 1 capitaine chargé de l'installation d'un poste de TSF,
2 caporaux et 8 télégraphistes ;
L'Intendance :
- 1 officier d'Administration de 2e classe du Service des Subsistances
;
- 1 sous-officier et 1 caporal ;
Le Service de Santé :
- 1 médecin major, chef d'ambulance (et 1 cheval) ;
- 1 sous-officier et 12 infirmiers ;
Les Postes et Télégraphes - Trésor :
- 1 commis de Trésorerie, chef de bureau ;
Le Service de Renseignements :
- Le capitaine Haring, chef de Bureau (avec 1 cheval)
;
- Les lieutenants Alibert et Latron (avec 1 cheval) ;
- Quelques moghaznis.
Le détachement emportait 1000 coups
par pièce et par fusil, des vivres pour 3 mois, le matériel
du Génie et du Service de Santé nécessaires
aux premières installations.
Pour le débarquement, 42 barcassiers indigènes
avaient été réquisitionnés à
Safi ainsi que 6 barcasses légères, grands canots
pour le franchissement de la barre.
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14 juin 1913
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le 14 juin, vers
5 heures du matin, les bateaux transporteurs arrivèrent
en vue d'Agadir.
Depuis les bateaux, on pouvait observer la
forteresse perchée sur un piton ; sur les flancs de la
kasbah une maigre végétation était visible
; à mi-côte se trouvaient le fortin, Founti, village
indigène avec ses deux koubbas et la fontaine.
Le débarquement se passa sans trop
de problème malgré une forte houle.
Le pays était vide ; " quelques
burnous descendaient de la Kasbah " nous dit le capitaine
Poulain.
La violence de la barre empêcha de continuer le débarquement
sur la plage Ouest qui se poursuivit sur une anse plus au Sud
appelée Plage du débarquement.
Des barcasses arrimées par deux à
une vedette faisaient sans cesse la navette entre les bateaux
et la plage transportant hommes et animaux.
" Sitôt
débarqué, le commandant du poste, sous la protection
des avant-postes, monta à la Kasbah pour en faire la reconnaissance.
Il redescendit quelque peu effaré devant les ruines
et la saleté au milieu desquelles vivaient quelques juifs,
et du peu d'espace disponible pour installer les troupes "
;
Le général Brulard débarqua à
son tour vers une heure du soir et fit lui aussi sa reconnaissance.
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Après quelques discussions les troupes prirent leurs emplacements
dans la Kasbah :
- L'État-Major
et le Service de Renseignements s'installèrent dans la
maison du Pacha,
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- La 6e Cie du 3e Zouaves
s'installa dans la cour de la Mosquée,
où furent mis en place le four Godelle et du matériel
administratif.
La mosquée était très abîmée
et n'avait plus de minaret.
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- La 13e Cie de Tirailleurs
Marocains s'installa dans le Souk et dans un coin
du Mellah,
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- La 13e Cie de Tirailleurs
Algériens s'installa à l'extérieur,
sur une esplanade, au pied des remparts, devant la porte de
la Kasbah,
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- La 7e Cie du 3e Zouaves
s'installa au Fort Portugais (batterie) à mi pente
: avec une section au point d'eau de Founti où
le capitaine du Génie et le médecin du "Du
Chayla" débarquèrent avec les marins pour
établir un projet pour le curage et l'assainissement de
l'eau et assurer la garde de ce point.
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- Un peloton de Spahis (chargés
de protéger le débarquement) resta sur la Plage
pendant plusieurs jours puis occupa une partie du Mellah,
- Les 65 de Montagne prirent position sur le Bastion
Nord (Nord-Est),
- Les 80 de Campagne avec projecteurs et mitraillettes
sur les Bastions Nord-Est, face à la montagne.
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Le 15 juin au lever du soleil, le drapeau du Maghzen et le drapeau français
furent hissés sur un bastion de la Kasbah.
(Source : Commandant V. Poulain, L'Occupation d'Agadir,
14 juin 1913, in "L'Armée d'Afrique" n°56,
1929, pp. 182-187).
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