Le village de Founti et la Kasbah d'Agadir Ouflla furent les deux quartiers historiques d'Agadir.
Logée au creux d'une vaste baie, Agadir, nom actuel de l'ensemble de la ville, possédait une rade dominée par une colline rocheuse couronnée par la Kasbah Ouflla ; à ses pieds le village de Founti, village de pêcheurs jusqu'à l'occupation française en 1913.
Il est vraisemblable mais, sans preuve archéologique avérée que ce site fut fréquenté par les Phéniciens, cependant l'identification d'Agadir avec le "Russadir" de Polybe reste encore incertaine de même que l'identification de Founti avec le site de "Guttè" du périple d'Hannon évoquée par l'ethnologue Georges Marcy.

 

 Étymologie du toponyme Founti


On trouve généralement au toponyme Founti une origine en référence au mot portugais "fonte" : à l'emplacement où les Portugais choisirent de s'installer en 1505, se trouvait une source. C'est cette source (fonte) qui serait à l'origine du nom de Founti : fonte : fontaine (EB, G. Camps, Agadir) (É. Laoust, Pêcheurs berbères du Sous, Hespéris, 1923, Vol. 3, p. 244).

Le nom de Founti nous renvoie ainsi à l'occupation portugaise de 1505 ; cependant il est étonnant que le nom de Founti n'apparaisse pas dans "La Chronique de l'Anonyme portugais", ouvrage fondamental portugais, qui relate la naissance de Santa-Cruz du Cap de Gué en 1505 et sa destruction en 1541.


Il est vraisemblable, vu sa situation idéale, que le village que nous nommons Founti ait existé avant l'occupation portugaise au début du XVIe siècle ; ce nom de Founti est attesté par le fait que le site se trouvait chez les Aït Founti (D. Jacques-Meunié, I, p. 342, nbp. 32 ; II, p. 754) (Figanier, Ch I, p.18).

On trouve le terme de Founti chez El Oufrâni (XVI-XVIIe) sous cette forme et sous la forme Teftent ; El Oufrâni raconte comment en 916 H (1510-1511) El Qaïm reçut le serment de fidélité des chefs de tribus à Tedsi et qu'il convia les populations à marcher contre les Chrétiens et à les chasser du port de Teftent (Oufrani, Nohzet-El Hâdi, trad. Oudas, I, p. 32). Page 76, cet auteur parle de la localité appelée Founti qui est voisine d'Agadir (Oufrâni, I, p. 76) : Marmol donne également à Founti le nom de Teftent considéré comme un féminin de Funti (Figanier, Ch.1, note 19, p. 248).

L'éthnologue berbérisant G. Marcy signale que le mot Funti ne correspondrait pas au terme portugais "fonte" mais à celui de "fund" (dune en berbère mauritanien) (G. Marcy, Notes linguistiques autour du périple d'Hannon, Hespéris, Vol. XX (1935, p. 50- Note 5 et p. 51), (Figanier, Ch. 1, p. 18-19 et note 12a p. 248). Afund signifie petite dune en zenaga (Kamal Naït-Zerrad, Dictionnaire des racines berbères, III, racine FND, p. 579).

Ceci n'est pas sans faire écho à ce que décrivait le 22 janvier 1884, Charles de Foucauld :
" À 11 heures, après avoir franchi quelques dunes de sable de 8 à 10 mètres de haut, je me trouve au bord de la mer. Je longe le rivage jusqu'à Agadir. Le chemin passe au-dessous de cette ville, à mi-côte entre elle et Founti : Founti est un hameau misérable, quelques cabanes de pêcheurs, etc. " (Vicomte Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc (1883-1884), p. 185, Rééd. 1998, L'Harmattan).

 

 Historique

Au XVe siècle, vers 1480, le nom d'Agoa de Narba apparait sur les cartes en remplacement de celui de Porto Mesguina (Port des Mesguina) qu'on trouvait sur le Canevas de la carte catalane de 1375 (Massignon, pp. 59-63) (Cenival, nbp N°1, p. 22).

Ce lieu était connu sous le nom de Porto Mesguina, de Gartguessem (Port des Ksima)(Léon l'Africain), de Gart Kisima qui étaient les noms primitifs d'Agadir.

Il semble acquis qu'avant même l'arrivée des Portugais en 1505, Agadir l'Arbaâ dont le nom évoque celui d'un grenier fortifié, était un site portuaire ou un mouillage pour la région du Souss, au nord de l'embouchure de l'oued du même nom, et disposait d'un souk du mercredi, Souk l'Arbaâ (D. Jacques-Meunié, II, p. 864).
Il n'y avait pas de port à proprement parler mais une rade assez bonne pour les vaisseaux de haut bord. Elle était toutefois très inhospitalière en hiver, saison pendant laquelle le mauvais temps empêchait les bateaux d'aborder pendant deux ou trois mois. Avant la première installation portugaise, il n'y avait pas de place forte sur le rivage, mais les marchands européens venaient y trafiquer et vendre des armes en contrebande (Portugal I, 51) (D. Jacques-Meunié, II, p. 753).

En 1506-7, selon Valentim Fernandes, le "Cap de Guer forme une baie qui a un bourg et un château de Maures" distinguant ainsi les deux établissements. Les historiens de l'époque emploient le terme de "Maures" pour désigner les Berbères, de Chérifs pour désigner les Princes saadiens dans le Souss (successivement Mohamed El Qaïm à l'origine de la dynastie saadienne, son fils ainé Ahmed Al Arej, puis Mohamed Ech Cheik le cadet qui deviendra le premier souverain saadien du Maroc).
Le cosmographe portugais Duarte Pacheco Pereira (1460-1533) (Esmeraldo de Situ Orbis) cite d'une part le nom d'Agoa de Narba (forme portugaise d'Agadir l'Arbaâ) et d'autre part le nom de Santa-Cruz. Selon cet auteur, "l'anse de Narbaa a pour amer [repère] une montagne élevée qui la domine avec quelques masures au-dessus".

 



Il distingue bien Agoa de Narba et le château de Santa-Cruz qui se trouve en contrebas : " En bas sur le rivage, se trouve le château de Santa-Cruz, lequel tient la dite anse où peuvent mouiller tous les grands bateaux, par bon fond et bon ancrage ". " Cette forteresse [Santa-Cruz]est située tout près de la mer, et elle est facile à repérer car tous les autres châteaux qui se trouvent derrière le dit Cap Guir sont situés en haut sur la montagne et celui-ci est voisin de la mer " (De la côte atlantique du Maroc au début du XVIe siècle d'après les instructions nautiques portugaises, Hesperis, 1927, vol 7, pp. 229-258).

 

Dans une lettre datant du 6 juillet 1510, adressée au roi du Portugal, les habitants de Massa citent le nom arabe du lieu : "Agadir el Arbâa" qui semble bien confirmer l'existence d'un souk du mercredi (arbaa) près de l'agadir du même nom.


 

 

 Historique de
Ci-dessous, un diagramme synthétique indique les grands périodes de l'histoire de Santa Cruz de Cabo de Guer ainsi que les évènements qui se sont succédés dans chacune de ces périodes.
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