Travaux de la Commission mixte fondatrice des 13, 14, 15 mars
 
 

 
Les réunions importantes de cette Commission mixte prévue par la dépêche N° 1014 SGP du 11 février 1921, précisée par la dépêche N° 1600 SGP du 5 mars 1921 se déroulèrent à Agadir le 13, 14 et 15 mars 1921 sous la présidence de :

  • M. Maitre-Devallon (directeur général adjoint des TP) ;
  • le colonel Freydenberg (commandant le Cercle autonome d'Agadir),
  • les ingénieurs des Ponts et Chaussées (Picard et Monat chef du Service des TP à Marrakech),
  • M. Favereau (Chef du Service des Domaines),
  • des représentants des Douanes, PTT, Enseignement,
  • M. Cortscharoff (représentant le Service d'Architecture Spécial et des Plans des villes),
  • le Service de Santé, le Secrétariat général du Protectorat, L'État-Major du Maréchal, la Marine,
  • les Services municipaux (représentés par le capitaine Mondet qui s'était auto-investi de cette fonction ce qui constituera un incident),
  • la Direction des Renseignements

y participèrent.
 

 

 
Le 13 mars 1921, deux sous-commissions furent créées :

 

  • La 1ère sous-commission technique (composée du directeur adjoint des TP (M. Maitre-Devallon) et des ingénieurs Monat et Picard) fut chargée d'examiner les questions de Travaux Publics et en particulier de fixer l'emplacement définitif du port ;
     
  • La seconde sous-commission présidée par le commandant Cavard (représentant la Direction des Renseignements) et comprenant tous les autres membres de la commission fut chargée de rechercher le meilleur emplacement de la ville future et de chercher à appliquer sur le terrain le plan dressé à Rabat par M. Prost (Chef de Service des Plans de Villes) suivant les données fournies par la mission Sanglé.  
 
 

 
En fonction du plan, la seconde sous-commission devait examiner les solutions suivantes :

Solution A :

  • Édifier la ville indigène sur le 1er mamelon à l'E-S-E du douar réservé ;
  • Affecter à l'autorité militaire le 2ème mamelon à l'E-S-E du précédent ;
  • Attribuer à la ville européenne les 3ème et 4ème mamelons ou croupes situés entre le précédent et la limite probable de l'ensemble de la ville à l'E-S-E.

Solution B : Reporter la ville indigène sur le dernier mamelon à l'E-S-E et déclarer ainsi l'ensemble des affectations (militaires et ville européenne) d'un échelon vers le N-N-E.

Le rapporteur rappela que les nécessités budgétaires ne permettaient pas d'envisager un vaste programme d'installation qui entrainerait des dépenses considérables de travaux urbains (voirie, égouts, etc.).
L'objectif était de systématiquement rechercher un emplacement qui permettrait de faire face aux besoins immédiats sans engager de grosses dépenses tout en réservant l'avenir.

 

 

14 mars 1921 :

  • La 1ère sous-commission estima, après s'être rendue sur le terrain, qu'il y avait lieu d'abandonner l'emplacement actuel du port et de le reporter près du débarcadère (utilisé par les Subsistances) dans la portion de la baie comprise à l'Est des subsistances et le ravin de Tildi :

    - Cette position était importante car elle déterminait également l'emplacement de la ville nouvelle.

    - M. Cortscharoff (Représentant le Service d'Architecture spécial et des Plans de ville)) rendit compte que la 2ème Sous-Commission avait examiné sur le terrain le plan Prost en tenant compte des directives générales exposées au cours de la 1ère réunion.
    Le commandant Cavard trouva le plan trop vaste et la part faite à la ville indigène trop belle, évoqua des problèmes d'hygiène et de salubrité lors de la traversée de la ville européenne par les troupeaux et souhaita l'application de la solution B qui avait également l'avantage de rapprocher les premiers occupants des installations militaires ce qui devrait les sécuriser.
    Le colonel Freydenberg proposa que la partie sud du mamelon de Talborjt qui faisait face à la mer soit réservée aux "indigènes aisés" et que la partie nord soit réservée aux "indigènes de condition plus modeste" et qu'une route spéciale desserve le village indigène pour éviter ainsi la traversée de la ville européenne par les troupeaux d'animaux.
     

Le colonel Freydenberg demanda in fine le maintien du projet Prost tel qu'il était envisagé lors de la 1ère réunion. Il en fut ainsi décidé.

Les représentants de chaque service intéressé furent invités à déterminer sur le plan l'emplacement et la superficie des terrains dont ils demandaient l'attribution.
 

  • L'usine électrique et les installations électriques furent placées en B immédiatement après la Marine.
  • Le Quartier commercial fut situé de part et d'autre de la route (numéroté de 1 à 10 sur le plan rédigé par M. Prost). Le Front de mer était créé.
  • Le capitaine Mondet attira l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait à loger dès le débarquement, les fonctionnaires des Services municipaux indispensables. Actuellement, selon lui, le recrutement était impossible par suite de l'absence de logements qui empêchait toute affectation d'agents à Agadir, dont il y aurait par ailleurs le plus grand intérêt à fixer le nombre.
    Un crédit de 100 000 francs était prévu par la Direction des Affaires Civiles pour le paiement des fonctionnaires des Services Municipaux.
    On décida que le Services des TP pourrait édifier rapidement des logements provisoires si des crédits suffisants étaient prévus à cet effet.
    Comme c'était le cas, les TP commencèrent à édifier les premières villas des TP visibles dès 1922 sur les photographies.
 
 

 
15 mars 1921 :
En fonction des résultats de la réunion du 14 mars, la 1ère sous-commission apporta des modifications à son projet d'accès au port ;

La Commission établit le programme des travaux à entreprendre en 1ère urgence :

  • Terminer et parfaire la piste Mogador-Agadir pour la rendre accessible aux véhicules ;
  • Construire des logements pour le personnel des Travaux Publics, Acconage et des Douanes ;
  • Construire la conduite d'eau principale qui partant du réservoir traversera le terrain militaire et aboutira à l'hôpital futur avec embranchement vers la jetée actuelle pour apporter l'eau à la ville nouvelle et à l'ancienne ;
  • Racheter le matériel d'aconage.

Parmi les travaux urgents à effectuer par la Municipalité, il fut décidé :

  • La construction d'un égout de l'abattoir à la mer avec branchement d'un dépôt secondaire de la Poste à l'égout principal ;
  • La conduite d'eau du réservoir à l'abattoir ;
  • La construction de bâtiments qui serviront à loger le personnel (4 ménages) ;
  • La construction d'un abattoir ;
  • Le tracé des principales artères ;
  • La clôture des cimetières ;
  • Le déplacement du cimetière israélite ;
  • La construction de hangars et de magasins.

Il fut recommandé de commencer la construction de l'hôpital le plus tôt possible.
 

S'ajoutèrent :

  • PTT : construction du Bureau selon les plans type, bureau, salle du public et logement d'un ménage ;
  • Enseignement : un groupe scolaire français de 4 classes, 2 logements (un pour le directeur, un pour la directrice - École franco-berbère et israélite remise à plus tard ;
  • Finances : recette des finances et logement du receveur. 

Le Service Plan des Villes devait être provisoirement abrité dans les locaux des TP.
Les TP disposaient des crédits nécessaires pour l'exécution des travaux qui dépendaient de la Direction générale des TP et ceux qui intéressaient le Service des Douanes.

Il fut décidé que les Services des TP pourraient réaliser sans délai le programme des travaux exposés ci-dessus dès qu'il serait approuvé.

L'évaluation des autres dépenses et des crédits existants était indispensable à établir ainsi que les mesures d'exécution.
La construction avec les moyens du pays ne coûtant pas plus cher que l'édification des baraquements provisoires démontables en bois, la Commission estima qu'il convenait de procéder à des constructions de pierre quitte à les revendre ensuite lorsque les Services s'installeraient de façon définitive dans le secteur administratif qui leur sera réservé dans la nouvelle ville.

Le directeur général adjoint des TP demanda l'aide du Service du Génie dans l'accomplissement de son programme

 

 
La situation juridique des terrains à Agadir fut alors exposée à la Commission par M. Favereau (Chef du Service des Domaines).
Tout le périmètre dans lequel se trouvait englobé Agadir et ses environs était en principe (sic) Makhzen.
En ville pouvaient exister : ou bien des immeubles Makhzen, melk, ou bien des immeubles dont l'asel (nue-propriété) était Makhzen mais dont la zina (propriété des constructions) appartenait aux occupants. En dehors de la ville n'existaient que des terrains Makhzen, occupés à titre guich par les tribus environnantes. Ce n'était là qu'un principe général : il était possible qu'il y eût des biens ruraux habous ou melk dont le caractère était établi par des titres réguliers.
Le seul moyen d'apurer définitivement la situation juridique des terrains d'Agadir était la procédure de délimitation du domaine de l'État prévue par le dahir du 3 janvier 1916.

Dahir du 3 janvier 1916 :

Cette procédure relativement rapide ne pourrait être engagée qu'après l'ouverture d'Agadir.
Or il était indispensable que le lotissement de la ville nouvelle soit prêt avant l'ouverture afin que les premiers arrivants trouvent immédiatement de quoi s'installer. Il était possible dans ces conditions que les terrains choisis par la Commission pour l'emplacement de la ville nouvelle fassent l'objet de revendications qui ne seront connues que lorsqu'elles seront révélées par la voie de l'opposition à la procédure de délimitation.
Ceci ne devrait pas être un obstacle, il était nécessaire d'agir comme si les terrains étaient libres ; le Domaine réglerait plus tard les litiges (Commission, p. 19, CADN).
 
En ce qui concernait l'emplacement de la ville nouvelle, cet emplacement était constitué par des terres non cultivées que leur nature rocheuse rendait impropre à la culture. Il s'agissait des terres "mahroum" dont la propriété en droit musulman appartenait à l'État.
Il fut proposé que le capitaine, Chef du bureau local des Renseignements, fasse établir un acte de notoriété attestant que le périmètre dont les limites étaient celles de la ville nouvelle, appartenait à l'État en tant que mahroum et n'avait jamais fait l'objet d'appropriation privative.
La délimitation proprement dite en la forme du dahir de 1916 portant sur tous les terrains d'Agadir, ne pourra se faire qu'après l'ouverture de la ville. En attendant, le cadi devra refuser catégoriquement toutes autorisations quelles qu'elles soient d'acte constitutif, déclaratif ou translatif de propriété portant sur les terrains d'Agadir.
La Direction Générale des TP devra prendre un dahir d'utilité publique concernant le port et les installations annexes, les voies de communication y compris la voierie, le chemin de fer, l'adduction d'eau, les égouts, l'installation des services publics, l'hôpital et toutes les installations d'utilité publique.
Ce dahir déclaratif d'utilité publique portera la réserve d'une large zone de servitude.
L'autorité militaire prendra de son côté en ce qui concerne le terrain d'installation qu'elle aura choisi, toutes les mesures qu'elle jugera opportune.