Pierre-Édouard Pradel (1891-1954)
30 années consacrées au Service de la Santé militaire et civile au Maroc
 
 

 

 Pierre Edouard Louis Pradel naquit le 29 septembre 1891 à Saint Anthème dans le Puy de Dôme.
Engagé volontaire pendant la guerre 1914-1918, Pradel fut blessé le 25 août 1914 et fut fait prisonnier à Sarrebruck ; il s'évada le 2 juillet 1916 pour la Suisse où il fut soigné pour une tuberculose.


Il choisit de partir au Maroc en 1917 avec son épouse Jeanne Taillandier (née à Clermont-Ferrand le 16 octobre 1895) pour rejoindre une équipe médicale en tant que Sergent gestionnaire de l'hôpital militaire de Marrakech.


 

 
Pierre Édouard avait fait des études de préparateur en pharmacie.
Ils s'installèrent à Marrakech où naquit leur 1er enfant, René, en octobre 1917.
En 1918, la famille arriva à Mogador dans son affectation par les ambulances "Tommy".
Yvonne naquit en novembre 1918 mais cette petite fille malade obligea sa mère Jeanne à la faire soigner à Clermont-Ferrand où naitra Simone en décembre 1919.

En 1920, la famille réunie arriva à Agadir où Pierre Édouard reçut une affectation au titre d'Officier de Santé et Préparateur en Pharmacie. Il fut nommé agent sanitaire maritime et gestionnaire de l'infirmerie ambulance de la Kasbah d'Agadir.

Il racontait avoir fait un débarquement spectaculaire à dos d'homme avec sa famille et être tombés en pleine épidémie de peste et de typhus. Agadir était encore en zone d'insécurité mais cela ne l'empêcha pas de parcourir tout le bled jusqu'aux limites du Sahara, seul au début puis avec le Dr Gauthier par la suite, sans aucun incident même avec les dissidents.
Il gardait le contact avec Agadir par pigeons voyageurs (1952, extrait enquête du Petit Marocain, envoyé spécial Jacques Le Prévost).
Il dirigea l'infirmerie ambulance du Service de Santé maritime commandée par le Dr Iguare.

Toute la famille habitait la Kasbah où naitront Paulette en mars 1921 et Magdeleine en juin 1922.

En 1921, vivant seule en France la mère d'Édouard, Marie Dubois (1869-1922) vint rejoindre la famille, mais mourra peu après en 1922 et sera enterrée dans le cimetière de la Kasbah puis à Ihchach.
 

 
 


En 1929, Pradel passa définitivement au service de la Santé et de l'Hygiène Publiques où après concours, il fut nommé infirmier spécialiste, se consacrant à la lutte contre les épidémies meurtrières sévissant dans le Souss, épidémies de typhus et de peste particulièrement sévères en 1930-34-37 et 40 et celles de la variole de 1945-46.

En 1941, il fut nommé adjoint de santé. Il reçut en 1942 la médaille d'or des épidémies et fut promu spécialiste de santé honoraire en 1947 date à laquelle il fit valoir ses droits à la retraite (Hommage du Dr Rilter, médecin chef régional à Agadir).

 

 
 
 Du côté de Jeanne Pradel-Taillandier, ses parents Charles Taillandier (né le 7 février 1866) et Marie Muron (née le 21 octobre 1876) avec leur fils Georges (né le 26 juillet 1905) quittèrent la France pour la rejoindre à Agadir en 1923.
Le dernier enfant Pradel, Jacqueline naitra en 1925.
Quand la famille Pradel habitait encore Agadir Oufella (Agadir d'en haut), les enfants descendaient tous les matins à pied depuis la Kasbah jusqu'à l'école européenne située sur le Front de mer entre le Souk Bougame et la Poste. M. Souard fut leur instituteur, ensuite ce fut M. Bosc. Les enfants Pradel se baignaient, ramassaient des fruits de mer et pêchaient à l'endroit où se trouve maintenant le port d'Agadir.
Dans les années 30, le cinéma muet Boisseuil, en plein air était animé par une pianiste Mme Amy Joly. On y projetait des films que les familles Pradel et Taillandier regardaient avec ravissement.
 
 
 Les Marocains connaissaient, reconnaissait et vénéraient même le "Père Pradel", le "Toubib" ou encore "Bou l'Afia" celui qui manie le feu pour détruire tout ce qui contamine l'homme.

Adjoint spécialiste de santé pour les épidémies (peste, typhus, variole, etc…) pendant les années 1929 et 1930, il se déplaçait un side-car et avec une ancienne ambulance de l'armée la "Barentole", rafistolée de tous les bouts.
Malgré la pénurie de véhicules, d'essence et de pneus et grâce à une volonté opiniâtre, il réussit à conjurer les épidémies qui ravageaient le Souss en 1929 et 1940.

Durant plusieurs mois, se déplaçant dans les douars les plus éloignés, il vécut au milieu de foyers de contagion parmi les plus meurtriers. Vaccinant sans cesse les Marocains pour les préserver de ces grands fléaux, il ne fut jamais oublié ; il suffisait de voir les marques d'affection qui lui étaient prodiguées lorsque le "Toubib" rencontrait par hasard femmes, enfants et vieux marocains de la montagne ou des tribus de la vallée.

 
 

 
Les Aït Pradel comme on les appelait, quittèrent la Kasbah vers les années 1930 pour être logés au Square Briand. Les enfants fréquentaient encore l'école du Front de mer où Madame Torcatis fut leur institutrice. Par la suite, les Pradel s'installeront vers 1948 en Ville nouvelle, rue de Stockholm à la villa Janine.

 
 

 
Pierre-Édouard Pradel était très impliqué dans la vie sociale et politique de la ville en tant que franc-maçon et membre du Conseil du Gouvernement.
Pierre-Edouard Pradel s'est éteint à 63 ans, le 24 octobre 1954, plongeant la population gadirie, française et marocaine d'Agadir et de la région dans la peine (Souvenirs du petit-fils de Pierre Édouard Pradel, Gérard Orgeollet Gros, Agadir 1960, mai 2012).
Pradel, "appelez-moi Pradel" disait-il, avait le sens de l'humain, du dévouement et de fidélité envers ses amis.
M. Michel, de la Loge maçonnique d'Agadir, rappela lors des ses obsèques l'action de Pierre-Édouard Pradel dans la loge maçonnique (initié à la loge Wodrow Wilson à l'Orient de Mogador GODF et président d'honneur du Grand Orient espagnol en exil) et son observance d'un des enseignements fondamentaux de l'Ordre maçonnique qui est celui de la tolérance (M. Michel, Debarre G.O. 1954).
Un autre maçon, Fernand Barutel raconta comment, ensemble, ils avaient vu avec bonheur se réaliser la ville nouvelle d'Agadir dont ils étaient si fiers.

 

 

Il fut Iwiss Ou Gadir Ou fla, nous dit Lahsen Roussafi : le fils d'Agadir Ou Fla.
Pierre Edouard Louis Pradel né le 29 septembre 1891 à St Anthème dans le Puy de Dôme est mort à Agadir le 24 octobre 1954.