Pour nous, dit Lahsen,
Vacuum c'était Baccoum.
Baccoum, c'était synonyme de chaleur
et de cuisine rapide. Ma mère avait acheté une
Vacuum d'occasion chez sa patronne, Mme Piny, qui habitait
à la fin de la rue Châaba à Talborjt, dans
les années 40. Elle l'utilisait le soir dans sa chambre
à coucher pour nous préparer le souper et pour
nous éclairer.
De temps à autre, elle
me demandait de pomper sur un bidule pour faire monter le carburant.
J'aimais effectuer cette manuvre qui permettait de faire
surgir les flammes et d'aviver le feu. Quand l'ordre tardait
un peu, je regardais ma mère pour obtenir l'autorisation
de manuvrer pour quelques secondes seulement.
Tout le monde n'avait pas un tel trésor. Nos voisins venaient
le voir et demandaient le prix. Cette machine avait coûté
à maman un mois de travail ! Sa patronne la payait 4 jours
sur 6 jusqu'à ce que 30 jours de travail soient effectués.
Maman l'entretenait chaque
dimanche.
Elle utilisait du citron et
des cendres de la cuisine pour faire briller le métal
de cuivre et faire ressortir le nom de Vacuum.
Le soir, elle nous faisait
écouter de la musique avec son gramophone.
Nous posions nos têtes sur elle tout en regardant les flammes
magiques du réchaud Vacuum qui étincelait.
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Nous avons toujours cru que
c'était celui que nous appelions monsieur Labaccoum
à Ihchach qui était le fabricant jusqu'à
ce qu'on nous apprît qu'il n'était qu'un simple
employé de la Vacuum et de Barutel.
Ce bon réchaud nous a accompagné durant des années,
faisant partie de nous.
Le séisme dévastateur du 29 février 1960
nous a séparés. Nous n'avons pu le récupérer
emporté avec les milliers de citoyens restés sous
les décombres aplatis
à jamais (souvenirs
de Lahsen Roussafi).
