Vers 1925 - Établissements
F. Barutel |
Les premiers services de transports
dans le Souss furent créés à l'initiative
de Fernand Barutel entre Marrakech et Taroudant au cours
des années 20, à partir de Marrakech où
il résidait Place Jemaa El Fna. Fernand Barutel commença
avec un taxi avant d'organiser les transports dans le Souss à
plus grande échelle.
L'histoire de Fernand
Barutel ...
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Les premières camionnettes
marquées FB firent leur apparition vers 1924 :
trois au début, qui transportaient six personnes au maximum,
sur une piste difficile entre Taroudant et Agadir. Deux ans après,
un service intensif existait entre Taroudannt et Tiznit.
Joséphine, l'épouse de Fernand, qui avait obtenu
son permis de conduire dès 1920, n'hésitait pas
à accompagner son mari en cas de besoin, si le graisseur
n'était pas disponible.
En raison des belles perspectives
de développement qui se présentaient pour Agadir
et son débouché sur la mer, Fernand Barutel
décida de créer un établissement de transports
à Agadir.
Il fit venir au Maroc en 1924 son frère André
BARUTEL et son épouse Élisa les chargeant
d'organiser la construction des Établissements Barutel
à Agadir.
André et sa famille s'installèrent à Agadir
au début de 1925 mettant en place sous la conduite
de Fernand les "Établissements Fernand Barutel"
.
Élisa Barutel créa l'"Hôtel Barutel"
rebaptisé "Hôtel du Souss" et la
"Brasserie du Souss" (Souvenirs de Serge Barutel).
Le tout était supervisé par Fernand Barutel qui
depuis Marrakech organisait les transports dans le Souss. Il
disait qu'un camion valait un bataillon en matière de
pacification en rendant hommage à un autre capitaine
d'industrie : M. Épinat qui avait créé
la Compagnie de Transports Marocains (CTM) en 1919 (Nord-Sud,
N°10, 1933). Jusqu'en 1930, la région d'Agadir restera
en zone d'insécurité.
Fernand Barutel et son épouse
Joséphine rejoignirent André et Élisa Barutel
à Agadir vers 1925.
Dans les années 30,
les Établissements Barutel occupaient une place
prépondérante sur le front de mer : sur la rive
Sud du Boulevard Bourguignon (RP 25) à côté
du marché municipal et du souk Bougame : ils assuraient
la messagerie, le transport des voyageurs et des marchandises
et tout le nécessaire pour le meilleur accueil possible
des voyageurs :
- bureaux des gares routières
Barutel et CTM,
- la Brasserie du Souss,
l'Hôtel du Souss,
- les ateliers de mécanique
automobile,
- la Concession Citroën,
- alimentation de détail
et de gros (Épicerie de l'Atlantide), (Glacière
de l'Atlantide),
- garage et distribution
de carburants pour
les véhicules automobiles dont ceux de la SATAS, la
Concession Citroën.

Les lignes de voyageurs furent progressivement les suivantes
:
- Agadir-Mogador-Agadir ;
- Agadir-Tiznit-Agadir ;
- Agadir-Taroudant-Agadir ;
- Agadir-Taroudant-Igherm-Taroudant-Agadir
(avec une cantine Barutel à Igherm) ;
- Agadir-Biougra-Aït Baha-Biougra-Agadir.
Les Transports F. Barutel
assuraient un service quotidien de bus entre Agadir et Mogador
(Ligne Agadir-Mogador), le Service Postal et la Messagerie ainsi
que la correspondance CTM.
Fernand Barutel avait su s'entendre avec M. Épinat (CTM)
qui avait été chargé d'organiser les transports
automobiles au Maroc par le résident Lyautey en 1919 et
qui avait mis en place une politique assez dure envers les petits
transporteurs locaux. Certains qui n'acceptèrent pas les
accommodements exigés par Épinat se trouvèrent
en difficultés et d'autres furent rachetés ; mais
Épinat et Barutel s'entendirent et les transports Barutel
furent chargés d'effectuer la correspondance CTM dans
la région du Souss.
En 1930, le ravitaillement
des populations de l'Anti-Atlas et du Dra s'effectuait journellement
par Marrakech et Taroudant.
Fernand Barutel participa aux transports des militaires dans
le Sud, prospectant et organisant le transport par camion sur
les pistes du Sud jusqu'aux confins de la Mauritanie. |
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Ces déplacements dans
le bled lui permirent de se lier d'amitié avec des personnalités
locales (tels M. Demnati et Hadj Embarek) et militaires qui l'introduisirent
dans les territoires jusque-là interdits aux civils. Son
entourage raconte qu'il fut amené à secourir un
jeune enfant gravement blessé de la famille de Ma El Aïnin
(du sultan bleu El Hiba ou bien de Merebi Rebbo), ce qui lui
ouvrit des portes jusque-là fermées aux Européens.
C'était une des caractéristiques de Fernand Barutel
: on le trouvait partout, là où il y avait quelque
chose à créer ou des liens à tisser entre
les gens.
Une photographie de 1931 montre
un bus Barutel sur la piste d'Igherm où il existait une
cantine qui faisait partie des établissements Barutel.
1932 - SATAS (Anciens
Établissements Barutel)
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La SATAS (Société
Anonyme des Transports Automobiles du Souss) fut créée
vers 1932 par Fernand Barutel ; Le nom de SATAS est indissociable
de celui de son créateur qui sera président du
Conseil d'Administration ; M. Épinat, (président
de la CTM et de l'ONA) en sera actionnaire ; Fernand Barutel
restera majoritaire et sera en retour actionnaire de l'ONA. La
SATAS reprenait les anciens établissements Barutel.
Fernand Barutel n'oubliait pas de rendre hommage à M.
Épinat en ces termes : "Si Agadir est doté
de moyens de transports puissants qui ont résisté
aux difficultés, si Agadir peut et doit espérer
dans le développement agricole et minier de son hinterland
qui assureront à son port une prospérité
certaine, il fallait un animateur, un prodigieux entraineur.
Tout le monde l'a deviné, il s'appelle Monsieur Épinat"
(F. Barutel, oct. 1933, Nord-Sud, N°10, p. 24)
La SATAS sur le front de mer,
disposait de garages, de la concession CITROEN et de distributeurs
de carburants.
Les établissements
de Fernand Barutel sur le front de mer contribuèrent au
développement de la ville, du port et de la région
du Souss.
Ils firent en 10 ans la fortune de Fernand Barutel qui en oublia
presque qu'il faudrait un jour rendre les clefs et évacuer
les lieux quand les autorités civiles et militaires l'exigeraient.
Ce ne fut une surprise pour personne mais parmi les pionniers
de la première heure, certains ne voulaient pas lâcher
la rive sud du boulevard sans contrepartie estimant qu'ils avaient
contribué à la création de cette ville et
au développement de la région. |
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La SATAS avec ses multiples
branches faisait vivre plus de 300 familles dans le Territoire
d'Agadir :
- SATAS et BCT : 265 salariés
(176 indigènes, 10 israélites marocains, 79 européens)
;
- Brasserie du Souss : 19 salariés
(9 indigènes, 1 israélite marocain, 3 européens)
- Épicerie et Glacière
de l'Atlantide (9 indigène, 1 israélite marocain,
2 européens)
Mais au printemps 1938, quand
les choses se précisèrent, F.Barutel n'était
pas prêt.
Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour retarder
la destruction de ses établissements d'autant que le magnifique
immeuble que la SATAS (architecte Erwin Hinnen)
faisait construire sur la rive Nord du boulevard Bourguignon,
n'était encore qu'au commencement de sa construction.
Par ailleurs, Fernand peinait à racheter les locaux du
restaurant "Atlas" ou encore ceux de "l'Excelsior"
qu'on ne voulait lui céder qu'à prix d'or pour
y placer la "Brasserie du Souss" vouée elle
aussi à la destruction.
In fine, alors que la situation tournait brusquement en faveur
de F. Barutel parce que les Domaines avaient oublié d'effectuer
certaines formalités qui permettaient d'espérer
de reculer de 2 ans le départ des récalcitrants,
le colonel Vignoli (chef de région d'Agadir) à
force de diplomatie réussit à obtenir l'accord
de Barutel pour évacuer les lieux.
L'évacuation put commencer à partir de juillet
1938 (lettres de M.M. Barutel, Guernier, colonel Vignoli (chef
du Territoire d'Agadir), de novembre 1934, 1936, 1937, 1938,
archives du CADN).
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Vers 1939, la SATAS intégrait l'immeuble
du même nom juste en face des anciens Établissements
Barutel.
Au-dessus de l'immeuble de la SATAS, l'hôtel Terminus (40
chambres) et son restaurant (tenu par Paul Gautier) allaient
dominer la baie.