Zone civile d'Agadir-Ben Sergao
1945-1949

 

 

 

 Après guerre le 26 juin 1945
l'Aviation civile française est nationalisée. L'ancienne société privée Air France devient propriété de l'État. Une décision du 29 décembre 1945 met fin à l'exploitation du R.L.A.F. et confie l'ensemble du réseau aérien français à la Société Nationale Air France.
Les surplus de Douglas DC3 et DC4 américains et l'arrivée des Bloch 161 "Languedoc" de fabrication française permettent aux ailes françaises de se redéployer.

 1946

le Bureau Terrains de la Direction des Bases aériennes du Ministère des TP et des Transports est chargé de la gestion de tous les aérodromes.
Les premières fiches détaillées sont éditées ; sur celle d'Agadir, est mentionnée la zone Air France


En 1948, Air France devient Compagnie Nationale, 
société d'économie mixte régie par le code de l'Aviation Civile.
Escale régulière de la ligne Casablanca-Dakar depuis sa création, Agadir ne sera plus qu'une escale occasionnelle des lignes d'Air France lors de la mise en service d'appareils gros porteurs qui vont effectuer Casablanca-Dakar sans escale. Cependant plusieurs compagnies privées continuent à y atterrir.

 

 Air Atlas (Cie Chérifienne de l'Air)

 En mai 1946, Eirik Labonne, Résident Général au Maroc, convoque à Rabat, un ingénieur d'aéronautique (M. Jallez), un ancien pilote de ligne devenu chef de la base aérienne d'Air France à Marseille (M. Vedel), en présence de M. Solignac, ingénieur en chef des Mines et membre du cabinet civil du Résident, dans la perspective de créer une société chérifienne de transports aériens.

 

Cette entreprise a pour objectifs de :

1- Seconder Air France dans le transport des fonctionnaires sur la France (la plupart ne pouvant rentrer en métropole pour les vacances, faute de transports) ;

2- Relier entre eux les principaux centres de l'activité marocaine et les relier ensuite à l'Algérie et à la Tunisie ;

3- Préparer les pèlerinages aériens sur la Mecque ;

4- Étudier la possibilité de renouer par la voie aérienne le vieux trafic des marchandises entre le Maroc et le Centre Afrique ;

5- Assurer au Protectorat un service régulier avec une ville ou un port méditerranéen pour drainer sur la France, les marchandises marocaines empruntant la voie aérienne et éventuellement des passagers n'empruntant pas les longs courriers d'Air France.

La liaison Casablanca-Agadir apparait comme une nécessité et depuis la création d'Air Atlas, elle sera exploitée tous les jours sauf le dimanche.

Il est décidé qu'il sera fait appel à du matériel français pour remplir les objectifs à atteindre.
Tout d'abord sont utilisés des Ju 52 sortant neufs de l'usine et aménagés, à la demande du Résident Général, de façon la plus confortable possible pour faire oublier les banquettes des appareils précédents.

 La Compagnie Chérifienne de l'Air est organisée en septembre, créée le 9 octobre 1946 et prend le nom d'Air Atlas.

Air Atlas est basée à Casablanca et dessert l'Algérie, la France et l'Espagne.
M. Vedel établit un projet d'exploitation et fixe à 10 le nombre d'appareils nécessaires pour accomplir les itinéraires prévus.

Soit :


Intérieur du Maroc :
- Une ligne Casablanca-Marrakech-Agadir et retour, au minimum tri-hebdomaire ;
- Une ligne Casablanca-Rabat-Tanger-Oran et retour au minimum tri-hebdomadaire ;
- Une ligne Casablanca-Rabat-Meknès-Fès-Oujda-Oran-Alger, au minimum tri-hebdomadaire ;
- Une ligne Casablanca-Rabat-Oran-Alger en ppl avec Air-France, tribebdomadaire.


Au-delà du Maroc :
- Sur la Tunisie : Une ligne Casablanca-Oran-Alger-Tunis et retour trihebdomadaire ;


- Sur la France :
o Une ligne Casa-Rabat-Oran-Perpignan, trihebdomadaire.
o Une ligne de fret : Casa-Oran-Perpignan-Paris.
o Une ligne saisonnière : Casa-Alger-Tunis-Le Caire- La Mecque pour les pèlerinages.

 

 Sur le plan financier, la Société Air Atlas se constitue avec un capital de 150 millions réparti sur les bases suivantes :

 

- Groupe métropolitain : 51% (avec possibilité de donner plus tard 33,5% à Air France) ;


- Groupe marocain : 49% (avec attribution de 34% au Gouvernement chérifien et 15% aux intérêts privés marocains).

 


Des difficultés surgissent rapidement entre le Résident et le ministère des Transports pour la répartition des actions de la Société.
Pour des raisons diverses, la Tunisie ne donne pas suite au projet et décide d'opérer pour son propre compte.
Côté appareils, le Ju 52 se révèle commercialement inexploitable tant sur les lignes intérieures du Maroc (trop grande capacité pour une trop faible demande) que pour les liaisons avec la France pour lesquelles le prix de revient moyen de 25 000 francs l'heure de vol est prohibitif.
En présence de ces résultats, la Direction Générale d'Air Atlas demande au CA de février 1947 qu'il soit procédé à la revente immédiate d'une partie de la flotte qui consiste en 10 trimoteurs.
Pour diminuer les dépenses, la Cie loue cette fois des Martinet 6NC 702, bi-moteurs rapides à 8 places qui semblent convenir au genre d'exploitation du réseau d'Air Atlas.

Ces appareils s'avèrent incapables d'assurer un réel progrès malgré leur vitesse supérieure, en raison des pannes mécaniques et électriques fréquentes. Il devient nécessaire de procéder à la liquidation de tout ce matériel et son remplacement par des appareils aussi rapides, mais plus robustes et pouvant fournir un coefficient de rotation plus élevé.

 

 La situation particulièrement critique dans laquelle se trouve Air-Atlas en 1948 oblige le Protectorat à faire entrer Air France au capital ; le gouvernement chérifien décide d'en assurer seul l'apurement.

Il est procédé à une répartition du capital de 150 millions de la société sur les bases suivantes :


État Chérifien : 34%,
Air France : 33% ;
Banque d'État du Maroc : 6,66%,
TAIM : 2,66 %,
Intérêts divers : 23,68%.

 Les appareils Martinets et Ju 52 sont mis en vente ; Air France cède à Air Atlas quatre Douglas DC 3 en location vente.

Dès le printemps 1948, pour faire face au trafic, le Martinet est remplacé par des DC3 à 21 places, plus confortables et moins bruyants (Revue Notre Maroc, Spécial Agadir, 1950)

 

 
 Les années 48 et 49 sont des années de réorganisation et de mise au point pour l'aviation civile et commerciale.


En 1948, Air Atlas 
(Air Couscous pour ceux de la BAN et les usagers) sert les voyages vers la France mais dessert également les lignes intérieures du Maroc à savoir :
Casablanca Marrakech Agadir/Casablanca Rabat Meknès Oujda/Casablanca Rabat Tanger.

 

Source : 1955 - René Pages - Une société d'économie mixte au Maroc - La Compagnie chérifienne des Transports aériens (CCTA - Ex-Air Atlas) Bulletin économique et social du Maroc.