Eloi Ville
(1896-1932)

 

 

Pilote
Né le 12 mai 1896 à St Martin de Clelles.

Passionné d'aviation dès son enfance.
Pendant la grande guerre, il est incorporé dans le Génie. Il y apprend le métier de mécanicien.
En 1918, il fait une demande pour rejoindre l'aviation.
Il obtient le 10 septembre 1918, son brevet de pilote militaire. L'armistice est signé le 11 novembre.
Il obtient le 12 décembre 1924, la licence de pilote d'avion de Transport public.

1924 - Éloi Ville entre chez Latécoère en 1924 et loge "Au Grand Balcon".

En juin 1925, il est choisi par Daurat pour accomplir la 1ère liaison Casa-Dakar.

 Le 22 juillet 1925, alors qu'il assure le courrier avec le pilote Rozès ; ils arrivent normalement à Agadir et repartent après avoir changé d'appareils.
Après 1 heure 20 de vol, alors qu'ils survolent une nappe de brume à environ 1500 m d'altitude, Ville remarque que Rozès, volant à quelques distances en avant, descend progressivement et va se poser sur une plage. Ville descend aussitôt et se pose un peu en avant et fait demi-tour mais la roue extérieure s'enfonce dans le sable mouvant et il doit descendre pour dégager le sable devant la roue. Rozès arrive et tous les deux déportent le fuselage, mettant l'appareil face à la mer pour le ramener sur la bande consistante afin de rouler jusqu'à l'avion en panne.

 Celui-ci est déjà entouré par les Maures qui s'approchent des deux pilotes, les mettant en joue avec des fusils français (Gras). Les Maures (une vingtaine) leur font signe de descendre de l'appareil. Ils descendent bras levés. Ils sont saisis et sérieusement malmenés. Rozès tente de raisonner et de parlementer en vain. Il fait dévier un coup de fusil destiné à Ville dont les lunettes sont cassées. Ville parvient à se dégager et à se servir de son pistolet.
Les deux pilotes parviennent à atteindre l'avion et le poste de pilotage. Au moment où l'avion commence à rouler, une balle traverse l'aile supérieure de l'avion.

Ils ont été contraints d'abandonner le courrier.

 C'est alors que les pilotes refuseront de continuer le service à la stupéfaction de Daurat, chef d'exploitation. On envisage de faire escorter le courrier par des avions militaires armés. Finalement, tout se calme et rentre dans l'ordre ; Ville et Rozès dont les têtes ont été mises à prix sont envoyés à Dakar pour assurer la ligne plus au Sud.
Mais le problème persiste, Marcel Reine est capturé en décembre de la même année après un atterrissage forcé. Il est libéré 5 jours plus tard contre rançon.
La même aventure arrive à Mermoz en mai 1926.
D'autres pilotes tels que Gourp et Erable y laisseront leur vie.

Latécoère puis Bouilloux-Lafont créent bientôt la ligne d'Amérique du Sud.
La Ligne aérienne n'est pas encore réalisée. Elle ne le sera pas avant mai 1930 par Mermoz, Dabry et Gimié. Mais le courrier circule déjà entre le Brésil et l'Argentine. C'est sur cette ligne que sont effectués les premiers vols de nuit.

En 1928, Éloi Ville part travailler en Amérique du Sud.
Pendant 4 ans, il assure de nombreux vols.

En 1932, il compte à son actif 4 400 heures de vol dont 400 vols de nuit. Il a volé sur tous les appareils : Caudron, Nieuport, Breguet, Spad, Latécoère.

Mermoz dira de lui : "J'avais sur Casa-Dakar un bon camarade, un pilote d'un cran et d'une sûreté comme on n'en voit peu. Il s'appelait Éloi Ville. Avec Rozès, il a eu la première panne chez les Maures. Et il en a descendu quelques uns. Puis nous avons été coéquipiers. Combien de fois nous nous sommes sauvés mutuellement sous les balles des pillards. Puis, il est allé en Amérique et il a travaillé comme un lion.
Il y a trois jours, il m'a fait appeler. Il était dans une clinique, mourant. Il a crié de toutes les forces qu'il avait encore :
"Jean, je t'ai demandé de venir pour te dire : c'est toi qui a raison. Nous ne devons pas mourir dans un lit".

Il s'est éteint le 10 juin 1932, hélas sans gloire et sans reconnaissance de la part de ses compatriotes.