Marcel Reine
(1901-1940)

 

 

Mermoz disait à propos de la Ligne et à propos des pilotes : " Par bonheur, il y a la ligne. Et sur la ligne, il y a Guillaumet, il y a Reine ".

 

Né le 1er décembre 1901 à Aubervilliers (Seine).

Brevet militaire au Centre d'instruction d'Avord après avoir obtenu son brevet civil à l'École de Pilotage Morane-Saulnier.

1924- Marcel Reine entre aux Lignes Aériennes Latécoère le 30 décembre 1924, affecté sur Toulouse-Dakar puis sur Casablanca-Dakar ;

Il sera fait trois fois prisonnier des Maures, notamment avec Édouard Serre.

Il participe au sauvetage de l'équipage urugueyen du colonel Larrre Borges.


1929- Affecté en Amérique du Sud en 1929 sur Buenos-Aires- Asuncion, Buenos-Aires - Rio-de-Janeiro et Buenos-Aires - Santiago du Chili.

Reine obtient le prix du Pilote de Ligne en 1930

1940- Il disparaît en mer le 27 novembre 1940 avec Guilllaumet, Le Duff, Frankes et Montaubin, ainsi que deux passagers dont le Haut Commissaire Jean Chiappe dans l'avion d'Air France (un avion Farman F 223.4, immatriculé F-AROA aux couleurs d'Air France, baptisé Le Verrier) qui s'abattit en flammes au large des côtes de Sardaigne. L'avion transportait le Haut Commissaire Chiappe qui devait être conduit à Beyrouth ; il fut abattu par un avion de chasse italien dans le canal de Sardaigne.

Lors de sa disparition, Marcel Reine comptabilisait 9 100 heures de vol, dont 81 traversées de l'Atlantique-Sud pour une distance totale de 1 500 000 kilomètres parcourus.


Pilote aux très nombreuses distinctions

Citation à l'Ordre de la Nation :
REINE Marcel
Pilote doué d'une haute valeur morale et de qualités professionnelles hors pair. Affecté dès ses débuts sur la ligne Casablanca-Dakar, s'affirme par son audace et sa maitrise.
Deux fois prisonnier des Maures à la suite d'atterrissages forcés.
A effectué 81 traversées de l'Atlantique Sud et des passages répétés de la Cordillère des Andes.
Spécialiste des vols de nuit, l'un des réalisateurs des grandes lignes aériennes postales.
Farouchement attaché à cette mystique du courrier, riche des plus nobles émulations et des plus rares vertus.

 "Je n'ai connu personne qui fut insensible au charme de Reine, dira Joseph Kessel, en 1941 en dans "La revue des 2 mondes" à la mort du pilote.

Petit, rablé, les cheveux clairs, les yeux bleus et les joues roses, près de l'enfance et de ses jeux, tel nous le décrit Kessel.
Les fantaisies de Reine le suivaient comme une légende.
Il y avait aussi les dépannages héroïques, le sauvetage sous les balles maures de l'aviateur uruguayen Larre-Borjes et les deux rudes captivités que lui et ses camarades avaient subies en dissidence.
À Casablanca, à Dakar, on lui passait tous ses excès. Il entrait, souriait et emportait les cœurs.
Ancien chef d'escadrille, Didier Daurat, directeur d'exploitation de la Cie Latécoère, conduisait les pilotes de lignes comme il avait mené d'autres jeunes hommes au combat, c.-à-d. avec une fermeté qui allait jusqu'à la rigueur la plus inflexible. Mais cette rigueur loin de révolter ou décourager ceux qui lui étaient soumis, exaltaient au contraire en eux les ressources les plus profondes et les plus belles.

 Si Reine avait par sa faute retardé un courrier ou mal secouru un camarade, ou rebroussé chemin sous une tempête de sable, il eut été renvoyé.

Mais quand Daurat apprit les manœuvres folles de l'avion piquant sur la grande place en fête, il dut revoir en pensée le pilote de cet avion, pilote à la figure d'enfant luttant pendant des mois dans les tornades, le désert, ignorant la fatigue et la crainte, passant toujours partout jouant sa vie pour le courrier et pour la ligne.

C'était un merveilleux pilote et Daurat garda Reine.

Mais s'il avait fallu en désigner un qui fut aimé de tous, Reine eut certainement été celui-là. Il devait ce privilège au fait que jamais une parole, une action ne vint démentir les qualités de son visage. On ne pouvait résister à sa joie de vivre à sa gentillesse, à sa verve heureuse, ses fureurs comiques, son vocabulaire d'une saveur étonnante. Personne n'était plus généreux que lui, il ignorait l'ennui, l'envie, la vanité.

Source : Joseph Kessel concernant la mort de Marcel Reine dans la Revue des deux Mondes