En 1966, cet immeuble, appelé à jouer un rôle
primordial dans la composition générale du "cur"
de la ville et qui sera le fleuron du nouveau centre urbain,
était encore au stade de gros uvre.
Il représentera un "véritable exercice de
bravoure" en raison de nombreuses contraintes.

L'immeuble A chevauche en partie le comblement du ravin de
Tanout.
Il n'est pas une barre au sens monumental mais plutôt un
immeuble-pont, garant de la nouvelle cohésion sociale
(Nadau, 149).
Pour Nadau, il représente le travail des deux architectes
qui a consisté à atténuer l'effet de longueur
(183 mètres) par un travail soigné de verticales
allant en se divisant vers le haut. Les ossatures de béton
apparentes sont rassurantes par rapport au traumatisme du séisme,
et les pans de murs lisses et blancs, esthétiquement parfaits.
Le traitement du sol de la place, de la rampe et de la galerie
en portique tente de rompre la monotonie des grands espaces alentour.
Un jadwal (canal d'amenée) traditionnel et un bassin
(qui ne fonctionne plus) voulaient fournir "le décor
aquatique propice à la sociabilité" (Nadau,
160).
     
Lors de l'élaboration du plan de "servitudes architecturales"
du centre-ville, il apparut rapidement que la place principale
(place 1) considérée comme le véritable
cur de la ville, devait être un espace fermé
où aboutiraient toutes les circulations de piétons
par des chemins plus ou moins étroits, bordés de
commerces ou simples promenades (Riou et Tastemain, a+u n°4,
36).
Deux des côtés de la place commerciale étaient
destinés à recevoir des immeubles bas et relativement
courts ; l'immeuble A (situé entre l'avenue A (rue du
Prince héritier Sidi Mohamed) et l'avenue B (avenue du
Prince Moulay Abdallah) se signalait par contraste par des dimensions
importantes. Cette disposition devait permettre de lier entre
eux les divers édifices compris entre les avenues A, B,
C, D, entourant le cur urbain et affirmer nettement
la vocation commerciale de la place 1 (Place Hassan II).
Vu l'importance et la qualité nécessaire de cet
édifice, les modules choisis pour l'immeuble A devaient
servir de règle pour les deux autres immeubles fermant
la place 1.
Chaque secteur fut confié à un des architectes
du groupe qui devait coordonner l'ensemble des constructions
en concertation avec les urbanistes.
Les architectes Riou et
Tastemain qui furent chargés de l'étude
de l'immeuble A, furent en conséquence chargés
de celle de toute la place.
Description de l'immeuble A |
Le complexe immobilier de l'Immeuble A était prévu
sur deux niveaux de commerce, un niveau de bureaux et deux niveaux
d'habitation :
Niveau 1 (niveau de la Place 1 commerciale)
Tout le rez-de-chaussée donnant sur la place était
destiné à être occupé par des magasins
de luxe, des agences de voyage, des banques ou des cafés
et restaurants. Ces commerces étaient protégés
par un portique (galerie couverte au plafond supporté
par des arcades profondes). Ils laissaient parfois place à
des escaliers menant au niveau supérieur et à une
importante trouée traitée en patio qui marquait
le passage principal vers la rue B (Moulay Abdallah) ; le passage
était constitué par une large rampe prenant naissance
au niveau de la place et passant au-dessus d'un grand bassin.
Le module des piliers du portique était le double de celui
choisi pour les immeubles.
Les magasins étaient desservis par l'arrière sur
les parkings.
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Niveau 2 (niveau de l'avenue B : du Prince Moulay
Abdallah)
Ce niveau était également occupé par des
commerces, desservis par un large balcon formé par la
dalle du portique et par des passages sur l'avenue B et vers
la place administrative (place 2).
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Niveau 3-4-5
Il était prévu de consacrer la plus grande surface
possible des étages à des bureaux divisibles au
gré des preneurs ; le niveau supérieur était
réservé à des appartements de luxe avec
terrasse-patio privée.
Mais la demande fut telle que les appartements prirent le pas
sur les bureaux. En raison d'une orientation peu favorable, la
façade Sud-Ouest fut protégée par des loggias
assez fermées contrastant avec les commerces des étages
inférieurs, largement ouverts (Beurret, 36).
L'immeuble A constitua par sa dimension exceptionnelle (183
mètres de long) et sa situation privilégiée
au cur de la ville, face à la baie d'Agadir, une
création marquante et originale de la reconstruction.
Il parvint à s'insérer sans dominer étant
plus long que haut.
"Avec une clarté et simplicité des volumes,
une ossature bien affirmée et de légers éléments
verticaux en béton brut de décoffrage liant entre
eux les longs panneaux blancs des façades, cet immeuble
devait, selon Beurret, être l'un des édifices les
plus réussis de la reconstruction".
Entrepris sous le régime du préfinancement par
l'État, cet immeuble pouvait offrir lors de son achèvement
diverses formes d'utilisation : location, cession fractionnée
par local commercial et appartements dans le cadre d'une copropriété,
etc
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