Les Aït Ou Marrakchi occupaient
le terrain de "La Domine" face au mausolée
de Sidi El Ghazi.
Les Aït Ou Marrakchi portaient ce nom car le père
de famille avait suivi les caravanes dans les années 20
pour se retrouver à Agadir en empruntant le long chemin
passant par Ameskroud.
Ba Marrakchi devint éleveur de bovins et de moutons.
Il avait choisi une grande surface où coulait l'oued Tildi,
jour et nuit, à quelques mètres de là. C'était
idéal pour y construire une zriba qui s'étendait
en même temps que son capital.
Il produisait de la laine brute, du lait et de la fromagerie.
Les habitants venaient acheter le mouton ou le bouc pour la fête
du sacrifice à l'Aïd Mqorn (Aïd El Kbir).
Chaque matin, il envoyait ses troupeaux aux environs du Lycée
Youssef Ben Tachfine.
Tout près de sa ferme (ou ranch comme on disait en pensant
aux films de cow-boys vus au cinéma Marhaba) se trouvait
un grand et puissant olivier au bord de l'oued qui était
visité par les malades. On disait que Ba Marrakchi
portait la baraka. On le sollicitait pour guérir
la coqueluche de tel garçon ou de telle fillette. Il ne
refusait jamais. Il prenait un clou forgé, un petit marteau
forgé, et plaçait la tête du malade contre
le tronc de l'olivier. L'enfant aidé par les parents fermait
les yeux, retenait son souffle, et après une salve de
3 coups sur le marteau, le clou s'enfonçait dans le tronc.
Ba Marrakchi félicitait l'enfant et lui disait quelques
mots à l'oreille. L'enfant souriait. La femme du "médecin"
lui tendait un bol en terre cuite plein de lait frais que l'enfant
buvait.
Une brève discussion amicale réunissait les deux
familles. L'enfant entre temps ne toussait plus, se sentait libéré
et venait embrasser la tête et les mains du couple Marrakchi.
Les honoraires ? Il n'en était pas question, il arrivait
même que l'enfant s'en retourna chez lui avec en cadeau
deux, voire trois ufs.
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