Fosses communes mars 1960
 
 


 

Après le séisme, des milliers de morts furent extraits des décombres.
Mais dans les jours qui suivirent, les autorités marocaines ne purent en raison du nombre élevé de victimes et des nombreux problèmes qui se posaient (en particulier la canicule), faire ensevelir chaque corps dans une tombe individuelle de sorte qu'un
 certain nombre de victimes furent inhumées quelle que soit leur nationalité dans des fosses communes
(Ambassadeur de France au Maroc, CADN).

 

C'est ainsi que pour des raisons sanitaires, en raison de la température qui régnait (plus de 40°) et la crainte d'épidémies qui risquaient d'aggraver la catastrophe, les cadavres furent chaulés et enterrés dans des fosses communes par les FAR.
 
 

La vallée de Yachech fut choisie pour l'aménagement au bulldozer de grandes fosses pour inhumer des milliers de cadavres, généralement non identifiés, découverts au milieu des ruines (Dr Corson, p. 9, Medica mars 1960).
 
 

Dans les premières 48 heures, 2 000 cadavres furent ensevelis et à la fin du 3ème jour, ce chiffre atteignait 4 000.
 

Les travaux de pulvérisation, d'épandage de chaux, de déblaiement au bulldozer étaient particulièrement pénibles en raison de la chaleur, de l'odeur, de la poussière et des risques de contamination des inévitables blessures manuelles.
 

C'était le Ramadan et certains sauveteurs musulmans effectuèrent un travail infernal sans repos en respectant le jeûne pendant les dizaines d'heures qui séparaient le lever du coucher du soleil (Dr Corson, p. 11, Medica, mars 1960).
 
 

Lorsqu'une couche de matériaux était poussée sur les ruines, les équipes de désinfection répandaient du chlorure de chaux, puis les bulldozers recouvraient à nouveau de matériaux de démolition et tassaient.

Les avions et hélicoptères survolaient sans arrêt les ruines et déversaient du DDT en poudre ou en solution environ 50 tonnes par jour.

 

À Yachech et à la Kasbah, les chances de trouver des survivants furent tellement réduites qu'il fut décidé de procéder à un nivellement intégral. Ce travail fut confié à des équipes américaines munies du matériel approprié.
Le personnel était réduit au minimum et s'activait dans une poussière infernale avec masques à gaz, bottes, lunettes, combinaisons.

 Combien de fosses communes furent ainsi créées à Ihchach ?

10 selon le Dr Courson.
95 % des victimes marocaines décédées au cours du séisme auraient été placées dans des fosses communes à Ihchach dont 3 à 4 000 toujours ensevelies sous les ruines aplaties du village même.
On avance le chiffre de 12 000 victimes du séisme qui se trouveraient dans les fosses communes d'Ihchach, ouvertes au bulldozer ou manuellement à la pioche.

D'autres victimes du séisme seraient à la Kasbah sous les couches de gravats aplanis (chiffre répandu de 600 morts) ; les victimes de Founti seraient dans les fosses communes de Ben Sergao avec quelques 10 % de victimes de Talborjt qui seraient décédées à la BAN. On estime que les fosses communes de Ben Sergao renfermeraient 1 500 à 2 000 victimes.

Les fosses n'étaient pas profondes, les victimes étaient mises à la queue leu-leu dans des sillons faits avec les pioches et les pelles ou dans des fosses creusées par les engins ensuite recouvertes de chaux.

 
Les fosses communes d'inhumation furent creusées derrière le centre médico-social en avant des cimetières juif et européen.
 

 

 Que sont devenues ces fosses communes ?

 

 

"On a tout brouillé" nous dit Lahsen Roussafi.
Cela signifie qu'on ne sait plus rien de précis sur le terrain concernant la situation des fosses communes : pas de mur pour délimiter les fosses, pas d'indications écrites, car actuellement des tombes recouvrent même partiellement les endroits où se trouvaient les fosses communes.

Des anciens d'Ihchach, parmi ceux qui ont perdu des membres de leur famille et des amis au cours de la catastrophe de février 1960 se désolent devant cette situation qui ne leur permet pas de se recueillir sur la tombe ou à l'endroit d'inhumation.

Un monument rappelle simplement qu'à Ihchach "Ici, reposent en fosse commune les victimes du 29 février 1960".

 
 
 
 

 

Des anciens d'Agadir ne sont pas les seuls à trouver cette situation déplorable ainsi Le journal Agadir 24. Info le 20 janvier 2012 :

 
 Tombes sans cadavre dans les cimetières musulmans d'Ihchach
 
 
 
 

Agadir24.info le 20/01/2012

Le journal électronique Agadir24, déplore la tragédie humaine qui ne concerne pas cette fois-ci des vivants mais des morts musulmans. Cette tragédie a été révélée après que le "journal" se soit rendu sur les lieux à Ihchach pour découvrir une grande quantité de tombes sans cadavre. Ainsi a-t-on constaté des trous par-ci par-là qui posent questions. D'après les citoyens, des hordes de sangliers et des dizaines de chiens errants viennent chaque jour détruire les tombes dans ces cimetières qui ne possèdent pas de murs de protection.
Il y a aussi des sorciers professionnels, qui viennent non pour prier sur leurs morts mais pour s'adonner à la sorcellerie et récupérer les ossements. Tout cela perdure alors que les responsables et les élus ferment les yeux sur ce qui se passe ; ce qu'aucun être humain qui a une sensibilité dans son cœur ne peut admettre.
Nous constatons juste à quelques mètres de ces cimetières musulmans d'Agadir, les cimetières juif et européen très bien tenus, très bien soignés, très bien sécurisés.
" Prenez soins de vos morts musulmans, messieurs les responsables et messieurs les élus ".