Le scoutisme fut créé
à la veille de l'Indépendance en 1956. C'était une initiative du parti de l'Istiqlal
du Souss. L'idée était de combler le vide sécuritaire
au cas où la France se retirerait rapidement.
À Ihchach, on fit appel à Lahoucine
Chenoun connu sous le pseudonyme de "Bilao".
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C'était un homme polyvalent, initiateur,
créateur et fonceur auquel Lahsen tient à rendre
hommage.
Il fut un éclaireur très doué qui participa
à l'émancipation des jeunes du village.
Lahoucine était épaulé
par deux militaires en retraite qui avaient servi en Indochine
: l'un de couleur s'appelait "Maréchal Lahcen"
(il portait des moustaches comme celles du maréchal Lyautey)
et l'autre le Commandant Ba Reffali était un homme
de grande taille.
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On nous apprenait à marcher au
pas, nous dit Lahsen, on nous apprenait l'endurance et on nous
enseignait les premières leçons militaires.
Les entraînements se déroulaient entre Iggui Lbod
et le cimetière européen.
Nous n'étions pas encore habillés comme des scouts.
"Nous devions veiller à l'ordre, à la sécurité,
empêcher les débordements lors des visites fréquentes
des personnalités qui se rendaient à Tassouqt ou
sur la place spacieuse après le dispensaire. Ainsi, nous
accompagnâmes le premier gouverneur Abdeslam Sefroui
qui visitait Imouzzer, Inezgane et les environs.
On nous appelait les fils du
Sultan".
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Quand la police fut sur pieds, on put s'adonner
au vrai scoutisme que nous apprenions chaque soir dans un local.
Le manuel était celui du scoutisme français.
Des groupes d'âge furent constitués et nous sortîmes
tous les dimanches à la forêt qui était surnommée
"Difendi" car interdite, défendue. C'était
une immense forêt d'eucalyptus, de mimosas et d'autres
espèces, qui s'étendait de l'oued Tanout Ou Roumi
à l'oued Souss.
Chaque dimanche, le garde forestier français nous rejoignait
pour assister à nos travaux et nous donner des cours sur
la sauvegarde des forêts.
Les scouts d'Ihchach apprirent le secourisme
et les premiers soins à donner. Le personnel du Dispensaire
nous donnait des cours et nous approvisionnait en boîtes
de 5kg de fromage et de 5 kg de lait en poudre, en bidons d'huile,
en céréales en poudre, etc
Les tentes (comme celles utilisées au souk) constituaient
des fardeaux parmi les plus lourds à transporter.
On allait dans les douars les plus éloignés. La
nuit, on organisait pour les gens des fêtes musicales et
des sketchs. La tournée durait environ deux mois.
Une belle époque que celle du scoutisme qui reste à
ce jour dans nos mémoires.
Lahsen Roussafi
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