Dans les années 40-50, des villageois
d'Ihchach partaient au pèlerinage à la Mecque
par bateau de croisière à partir de Casablanca.
Chaque année, ils étaient 3 ou 5 qui décidaient
de partir ; on assistait à leur départ et à
leur retour.
Le point de rencontre était Iggui Lbod pour le
départ. Les citoyens du village, par centaines, hommes,
femmes et enfants, les accompagnaient à pieds jusqu'à
Sidi El Ghazi.
Les femmes lançaient des youyous, les hommes récitaient
des versets du Coran.
Les taxis les attendaient pour les amener Place du Commerce à
Talborjt où se trouvaient les cars ; le moment était
émouvant autant pour les villageois que pour les futurs
pèlerins. Ils écoutaient les doléances des
gens qui leur demandaient de saluer en leurs noms le prophète
Sidna Mohamed à Médine et d'implorer Dieu pour
chacun à la Kaâba Moucharafa : "C'est une
lourde responsabilité, disaient les villageois, mais Dieu
vous aidera à vous souvenir de chacun d'entre nous".
Les taxis démarraient sous les "Allah Ou Akbar"
et que "Dieu vous protège à l'aller et
au retour".
Un grand silence plein de piété régnait
et la population ne rebroussait chemin que lorsque les taxis
dépassaient "Banistir" (Ballester).
Le voyage en bateau aller/retour et le pèlerinage
duraient presque 2 mois et demi.
Les nouvelles étaient interrompues durant tout ce temps.
Les postes de radio étaient rares à Ihchach pour
espérer avoir une information. Chaque vendredi à
la mosquée, on priait pour que les pèlerins d'Ihchach
et ceux du monde entier puissent accomplir leur devoir religieux
et reviennent sains et saufs.
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Au retour, le chef du groupe de pèlerins
téléphonait depuis Casablanca pour indiquer la
date et l'heure de retour probable à Ihchach.
L'heure d'arrivée au village était calculée
pour qu'elle se situe après la 3e prière journalière
et qu'elle coïncide avec celle du retour des villageois
qui travaillaient à l'extérieur d'Ihchach.
On les accueillait à Sidi El Ghazi, les habitants
venaient nombreux pour les saluer. Les hommes leur embrassaient
la tête, les enfants leur embrassaient les mains, les femmes
leur jetaient du basilic et lançaient des youyous.
Une marche très lente s'ensuivait et les pèlerins
entourés, tous habillés de blanc, les yeux noirs
de khôl ; on ne sentait que l'odeur des meilleurs parfums
venant de la Mecque.
Les pèlerins portaient des chapelets
qui sentaient l'ambre, rare au pays. Chacun essayait de s'approcher
et de toucher le nouveau pèlerin pour que la "baraka"
et la chance lui sourient à lui aussi pour pouvoir accomplir
à son tour le devoir religieux de pèlerinage.
Une fois arrivés à Iggui
Lbod, les pèlerins et les villageois se dirigeaient
vers la mosquée principale pour prier quelques instants
et remercier Dieu de les avoir aidés à accomplir
ce 5e pilier de l'Islam.
Durant une semaine, les pèlerins recevaient chez eux les
gens du village, partageaient avec eux l'eau bénite de
Zamzam, les dattes bénites, l'encens et divers
parfums qu'ils avaient ramenés dans diverses et nombreuses
caisses.
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Les visiteurs offraient des pains
de sucre, des volailles et les plus proches donnaient des caprins
et des moutons destinés à nourrir les visiteurs
durant les 7 jours à venir.
Les pèlerins offraient en retour des petits tapis de prière,
des objets rares, de l'ambre et d'autres choses introuvables
ici.
À compter du retour, on n'appelait plus le pèlerin
par son nom direct mais par celui ci précédé
de Hadj.
Après ce rituel, les amis venaient revoir le Hadj pour
écouter ses récits, les rencontres avec les hommes
blancs, rouges, noirs, jaunes, les lieux visités, les
difficultés rencontrées,
Ces nouveaux pèlerins devenaient de bons "instructeurs"
pour les futurs pèlerins qui pensaient aller accomplir
leur devoir religieux
Un jour !
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"Aux lieux saints de l'Islam"
: film de l'INA :
https://youtu.be/719r_vaXLRA