L'eau à Ihchach,
sources et ressources
 
 

 
 
 
 
 
 
 
L'oued Tildi, par ses sources d'eau douce, coulait depuis les temps anciens jusqu'à la plage d'Agadir.
Le village d'Ihchach était alimenté en eau douce par la source de Tildi (Aîn Izdar : source du bas) qui se trouvait à quelques mètres du marabout Sidi Ahmed Ou M'hend.

A vol d'oiseau, Ihchach était à 1800 m de cette source.

Les Français, dans les années 20, construisirent une canalisation avec de grandes buses maçonnées bien au-delà du marabout de Tildi jusqu'au bassin qui se trouvait à quelques 150 mètres du sanctuaire. Ils pensaient alimenter la future ville d'Agadir à partir de ce point.


 
  La première canalisation alimentant en eau Agadir n'était pas couverte. Elle passait près du quartier "Ballester".
Gaspard Ballester avait bien observé l'alimentation en eau dans les années 20 et c'est la raison pour laquelle il avait décidé d'y implanter la cité "Robinson" en aval d'Ihchach (c'est ainsi que Chantal, une de ses petites-filles, apprit son métier d'artiste dans cet oued humide et argileux).

 
 

 
 
 

 
À Ihchach, l'eau s'écoulait par séguias naturelles, pour arroser les petites parcelles jusqu'au mausolée de Sidi El Ghazi Ou Hmad (à l'entrée de Ihchach dans le premier cimetière musulman). Une séguia relia momentanément Ihchach à Founti. Les troncs de palmiers coupés verticalement en deux et vidés servaient de séguia-ponts entre la rive gauche et la rive droite de l'oued Tildi.

 
 

 
Les deux fontaines d'Iggui Lbod (Iggui Lbod signifie en tachelhit : au-dessus du robinet) furent aménagées à l'emplacement du futur Ihchach vers 1923/24.
Les Français pensaient sans doute y installer un village.
Entre temps, les puits de Tanout Ou Roumi (près du "Club Méd" actuel) montrèrent un débit plus intéressant que celui de la source de Tildi.
En 1935/36, le Service Hydraulique décida d'alimenter Ihchach par canalisation.
Les travaux de réaménagement de la place des fontaines de Ihchach furent confiés à M. Afouiz en 1936.
Toute la surface de la place de la fontaine fut recouverte de pierres plates de couleur jaunes et rouges.
Le terrain fut légèrement incliné vers l'oued pour faciliter l'écoulement des eaux perdues.
On planta des eucalyptus et des faux poivriers qui y sont encore aujourd'hui. Une ceinture bien maçonnée et cinq larges escaliers protégeaient les fontaines.

 
 
 

Un pont piétonnier en partie couvert de mosaïques reliait les fontaines à la place Tassouqt.

 
 
 
 
 
L'eau des fontaines était très bonne à boire durant 6 mois de l'année mais en été, l'eau devenait saumâtre et perturbait le goût du thé à la menthe qui est l'une des sources d'alimentation des autochtones.
Les Ait-Ihchach furent alors obligés d'aller chercher l'eau de source soit à Aïn Izdar (source d'en bas) près du mausolée Sidi Ahmed Ou M'hend ou bien à Aïn Ouflla (source d'en haut) dont l'accès ne passait pas par l'oued.

On préférait ce trajet, nous dit Lahsen Roussafi : les femmes portaient le kamkom (gargoulette) sur le dos relié au front par une corde, les filles portaient le seau sur la tête, les garçons utilisaient un ou deux seaux galvanisés.
Au retour, on avait une magnifique vue panoramique sur notre village. Toutes les petites parcelles cultivées étaient vertes à longueur de l'année. On avait tout le temps de bavarder avec les filles le long de l'étroit sentier qui passait à fleur du dépôt souterrain de la Poudrière du Sud marocain.
Le chemin était toujours gai, les filles chantaient, les femmes lançaient des youyous.
On ramenait à chaque fois de la menthe, de l'absinthe (chiba), des tomates-cerises juste ce qu'il faut pour la journée, jamais plus ! C'était une discipline que nous respections ma sœur et moi-même aux terrains du Quartier Industriel actuel.


 
 
 

 

Les fontaines qui avaient résisté au séisme furent détruites ensuite.

L'oued Tildi est aujourd'hui devenu aride, sans verdure, à longueur d'année. Le séisme du 29 février 1960 a occasionné des cassures dans la nappe phréatique. (Souvenirs de Lahsen Roussafi).