Je me rendis en France pour visiter
mes correspondants. J'avais commencé une correspondance
en CM1, de 1955 jusqu'à ce jour, avec des Français
de la région d'Amiens (Méricourt sur Somme) et
de Cambrai. J'avais aussi parmi mes correspondants un Togolais,
une Grecque et une Belge.
J'avais réussi à garder leurs
correspondances, récupérées parmi les décombres
8 jours après la fermeture de la zone sinistrée.
Avec mon épouse Aïcha, nous avons visité
le Nord de la France dont les grottes de Naours qui servirent
lors des guerres depuis la IIIème siècle. Ces galeries
souterraines creusées sur une centaine de kilomètres
avec église, places, moulins, forgerons, étables
pour animaux, constituent un exemple extraordinaire de ville
souterraine créée pour survivre.
Le fils de mon correspondant étant
devenu maire de Méricourt sur Somme, nous fûmes
invités à assister aux feux de la Saint-Jean,
à la célébration d'un mariage. Ce
fut l'occasion de côtoyer les habitants et de leur parler
du Maroc, de ma ville Agadir, et de mon village Ihchach.
Chez Gisèle, la mère de Franck
Beauvarlet, maire de Méricourt, je n'ai pas pu retenir
mes larmes en voyant toutes mes lettres de correspondances conservées
intactes depuis les années 50. Je ne me souvenais pas
avoir envoyé autant d'objets artisanaux ni comment ? Je
remercie vivement encore cette famille.
J'ai ensuite déposé une plaque
en marbre façonnée à Agadir, sur la tombe
de mon correspondant (d'Airbus) qui est décédé
alors qu'il se préparait à venir me retrouver pour
la première fois à Agadir, juste un mois après
qu'il eut pris sa retraite. Il est enterré au cimetière
de Fort-Mahon plage.
Lors de notre voyage en Europe avec mon épouse
Aïcha, nous nous sommes rendus en Hollande pour découvrir
ce beau pays. La sur d'Aïcha et son époux nous
ont conduits partout sur le sol néerlandais.
Nous avons renoncé à nos billets
d'avion pour le retour pour faire le chemin terrestre par la
Belgique, la France et l'Espagne.
J'ai maintenant une idée du rocher
de Gibraltar.
Actuellement je consacre mon temps à
écrire sur mon Agadir et particulièrement sur
mon village autochtone. Avec des amis gadiris, nous avons
édité 3 ouvrages en arabe et en français
portant sur les Mémoires d'Agadir au XXe siècle.
Depuis quelques années, je fais partie d'une superbe équipe
(Marie-France Dartois, Régine Caïs-Terrier) qui s'attelle
à mettre à la disposition de tous les Mémoires
des quartiers et cités d'Agadir bien avant leur création
et au-delà de leur destruction par ce terrible séisme
du 29 février 1960.
Je milite maintenant pour que les Mémoires
de mon Agadir ne s'effacent pas auprès des responsables
et des élus qui se succèdent dans cette ville depuis
le séisme.
Sans ce destin de février 1960, je pense que je n'aurai
jamais eu l'occasion de vous présenter cette biographie
riche et restreinte à la fois.
Lahsen Roussafi