Guy Tassin de Villepion, car tel était son nom, naquit en 1887, dans
une famille aisée de vieille noblesse.
De son père, avocat dans la région de Clermont-Ferrand,
il reçut une éducation sévère et
très jeune, il partit explorer le monde en tant que journaliste.
On le trouva ainsi à Port-Arthur en 1904-1905 lors
du siège par les Russes, puis au Mexique, en Turquie
et dans la forêt amazonienne où il fut retenu
en otage échappant de justesse à la mort.
Cet homme intrépide et courageux
se révéla être un grand sportif pratiquant
le rugby et la natation aux Etats-Unis. C'est en Californie
qu'il s'initia à la natation dans le cadre de la Young
Men Catholic Association (YMCA) à l'Olympic Club
de San Francisco.
En 1913, il devint champion de brasse de la Côte du
Pacifique (détenteur du 50 yard brasse des EU) et
devint entraîneur au Guatemala.
En 1914, il traversa fleuves et lacs du Guatemala.
À partir de là, Guy de Villepion, fut reconnu comme
un authentique spécialiste de la natation sportive et
développa l'enseignement de la natation sous toutes ses
formes grâce aux nombreuses langues qu'il pratiquait.
En 1914, il participa à la Grande Guerre. Sa connaissance
de la natation et du sauvetage lui permit de sauver plusieurs
soldats belges de la noyade sur la rive gauche du canal de l'Yser.
Il sera décoré de l'Ordre de Léopold II
par le roi des Belges.
|
 |
Pendant l'été
1920, Guy de Villepion donna des cours de natation et d'éducation
physique aux estivants sur la plage de "Bonne Source"
à Pornichet.
L'été suivant, il créa des clubs de plage
dans le Sud de la France (St-Jean de Luz en été
et Cannes en hiver).
Il ouvrit un cours de gymnastique et le club "Les Canards
et les Dauphins" en s'inspirant de la pédagogie américaine
fondée sur le jeu et l'émulation.
Il obligea ses deux filles à faire chaque matin ½
heure d'éducation physique et une grand marche en plein
air, leur fit pratiquer plusieurs langues et taper à la
machine à écrire.
De Villepion lança la Station
de St Jean de Luz : "St Jean de Luz, la plage où
l'on nage" où il fit construire un grand portique
et un ponton flottant imposant.
|
Spécialiste du crawl, il installera
sur le sable une table permettant l'apprentissage à sec
des mouvements.
Il plaçait "la pratique de la
natation" au dessus de tout autre exercice physique.
Il organisait des fêtes balnéaires, des jeux nautiques
et des courses de nage pour une clientèle aisée.
À partir de 1927, il développa non seulement l'enseignement
de la natation, mais également l'aquaplane, le ski nautique,
le water-polo (p. 121).
|
En 1929, il écrivit un premier
livre sur la natation "Nageons" (éditeur
Grasset) avec une devise :
"Nul ne sait si bien nager qu'il ne
puisse mieux nager".
En 1937, il publia "L'eau, ma grande amie" (éditeur
Grasset)
et en 1957 "La natation moderne" (Hachette,
l'encyclopédie par l'image) et recevra la médaille
d'or de la Jeunesse et des Sports pour ses actions et publications.
Guy Tassin de Villepion reste une référence
dans l'histoire du sport pour Jean-Michel Delaplace [L'histoire
du Sport - L'histoire des sportifs],
comme pour Thierry Terret, historien du sport, actuel
recteur de l'Académie de la Réunion
http://visio.univ-littoral.fr/revue-staps/pdf/219.pdf
|
 |
Guy Tassin de Villepion fit la promotion de quantité de lieux touristiques
dans le monde (à Miami, puis en Uruguay à
Punte del Este, à Sitgés, à Busot
en Espagne, à Estoril au Portugal, à
Évian, à Jersey, aux Baléares
et aux Canaries (station de Mas Palomas).
"De Villepion ne semblait pas intéressé par
l'argent", "il préférait les relations
humaines tout en choisissant les plages les plus riches et très
mondaines" (p. 210).
En 1937, âgé de cinquante ans, on ne sait pour quelles
raisons, dans la force de l'âge, il abandonna la responsabilité
du club "des Canards et des Dauphins" à ses
deux filles et partit pour le Maroc.
Il repartira aux Etats-Unis juste avant la 2ème guerre
mondiale puis reviendra combattre avec les troupes françaises
au Maroc.
À Agadir, en juin 1947 (il avait
60 ans), il proposa simplement ses services au Nautic Club
dans un courrier adressé au président Laugier du
NCA (Archives du NCA).
On ne lui connaissait pas de famille. C'était un vieux
monsieur solitaire et distingué qui se faisait appeler
simplement Monsieur Villepion. Il vivait modestement disposant
d'une petite chambre au Nautic Club d'Agadir en échange
de services rendus. Mais tous ont gardé le souvenir d'un
homme ayant beaucoup de prestance avec son panama et son costume
clair ou décontracté et sportif en short et chemisette
hawaïenne. Dans ses cours aux enfants, il était simple
et discret, toujours très élégant, avec
une voix douce et posée. Tous le regardaient et l'écoutaient
subjugués. Il savait faire régner la discipline
et la politesse sans avoir à élever la voix pour
intéresser ses élèves (souvenirs de Pierre
Le Cars).

|
|
Des USA, il avait ramené des palmes
en tôle alu pour le plus grand plaisir des gadiris qui
n'en avaient jamais vues.
Il lui arrivait de partir au large dans l'océan
et racontait qu'il avait été accompagné
au retour par des orques (souvenirs d'Alexandre Kaladgew).
On ne sait s'il eut à subir à
Agadir le séisme du 29 février 1960 mais en 1967
à l'âge de 80 ans, alors qu'il se trouvait au Portugal,
en Algarve, dans une petite station balnéaire paisible,
"ironie du sort, accomplissement suprême", "la
mer, sa grande amie", l'emporta dans la mort pour toujours
(p. 108).
|
 |
[Source : Histoire des clubs de plage au XXes Chap. Guy Tassin
de Villepion, "L'eau ma grande amie", par Michel Rainis,
L'Harmattan) (Souvenirs de Pierre Le Cars, Édith Le Méné,
Danielle Terrier).]
|