Lyautey se rendit à Agadir à
plusieurs reprises :
Le 14 septembre 1912
Après l'échec du sultan bleu El Hiba à Sidi
Bou Othman, Lyautey effectua une visite d'inspection en rade
d'Agadir à bord du "Du Chayla".
Les Français se disaient convaincus que la rade d'Agadir
était remarquable, qu'un port pourrait se développer
à cet endroit et peut-être même une ville.
Mais le sort d'Agadir, toujours interdite
au commerce depuis le sultan Sidi Mohamed Ben Abdalah en 1776,
fut remis à plus tard faute de moyens : pour Lyautey,
la "pacification" de la zone Oum-er-Rbia-Mazagan-Marrakech
et celle des Zaër était prioritaire (Lettre de
Lyautey du 18 septembre 1912, rédigée à
bord du "Du Chayla").
Dans une instruction du 6 octobre 1912, à l'intention
du Commandant de Région, Lyautey précisait ses
objectifs : "pacification et organisation des tribus"
entre l'Oued Tensift, l'Atlas et la côte atlantique pour
assurer la liberté de communication avec Mogador. La barrière
de l'Atlas ne devait pas être dépassée. L'entière
liberté de communication des ports de Mazagan (El Jadida),
de Safi, Mogador vers l'intérieur devait être obtenue
afin d'assurer l'ouverture au commerce et le développement
économique de la région de Marrakech.
Le 21 février 1913
De Mogador, le résident Lyautey se rendit à Agadir,
à bord du "Friant".
Dans une lettre rédigée le 22 février 1913
à bord, Lyautey qui craignait des incidents au Sud de
Mogador, réaffirmait sa position: "Interdiction
de toute intervention directe à Agadir qui doit rester
un front passif, ne pouvant y consacrer les effectifs suffisants".
Mais en juin 1913, l'occupation d'Agadir et
l'installation d'un poste militaire de défense de ce point
éminemment stratégique furent décidées
par Lyautey qui donna les instructions nécessaires (Instruction
du 7 juin 1913).
De 1913 à 1925, Agadir fut déclarée "zone
d'insécurité", interdite à la circulation
des civils européens et aux transactions immobilières.
Personne, en dehors des autochtones, des militaires, de quelques
rares fonctionnaires ou de civils servant l'armée et agréés
par la Résidence, ne pouvaient se rendre et séjourner
à Agadir.
Lyautey demanda aux services d'Henri Prost,
architecte et urbaniste, directeur du "Service spécial
d'architecture et des plans des villes" de 1914 à
1922 à Rabat, de prévoir les plans d'un port, d'une
ville "Indigène" et d'une ville "Nouvelle"
à Agadir.
Le résident général créa une procédure
spéciale pour concilier les litiges immobiliers dans un
arrêté du 25 avril 1919.
En octobre 1919 : les Bureaux d'Agadir
et de Taroudant furent créés.
En 1920 fut créé le Cercle d'Agadir dont
dépendaient les Bureaux d'Agadir et de Taroudant.
À partir de 1919, il fut à nouveau
fortement question d'ouvrir Agadir au commerce et des commerçants
de Mogador étaient prêts à s'investir.
Mais en 1921, alors que le résident Lyautey souhaitait
cette fois ouvrir le port au commerce international, des oppositions
l'obligèrent à renoncer au projet.
Lyautey démissionnera en 1925.
Après sa mort en France en 1934, le maréchal sera
inhumé au Maroc comme il le souhaitait mais ses cendres
seront rapatriées en 1961 aux Invalides avec la devise
suivante gravée sur son tombeau :
"Être de ceux auxquels les hommes croient dans
les yeux desquels des milliers d'yeux cherchent l'ordre à
la voix desquels des routes s'ouvrent des pays se peuplent des
villes surgissent ".