Marché Central de la Ville Nouvelle

Avenue Lucien Saint

Rue de Madrid

 

Marché Central de la Ville Nouvelle

Souk Iroumine

 

 
Le premier Marché de la ville Nouvelle fut construit vers 1935-6.
Il figure sur le plan d'Agadir fourni par le "Guide Bleu" du Maroc de 1936 tout comme la Poste de la VN.
Le Marché apparaît terminé et peint en blanc sur les photos de 1937-8 quand la Poste est en construction.
C'était un établissement tout en longueur, sans étage composé d'une vingtaine de stalles donnant sur un jardin parking de l'avenue Lucien Saint.
 

 

À l'arrière, se trouvait le marché de gros destiné à servir les marchés de quartiers d'Agadir ainsi que le plus grand marché du Souss en charbon de bois.


Les femmes de Yachech travaillaient là, au "Charbon".


Le charbon de bois d'arganier était trié selon son gabarit et mis en sacs de 25 kg.
La première qualité était exportée en France, la seconde était réservée au Maroc, Algérie et Tunisie.


Les résidus étaient mélangés à un liant pour faire des morceaux carrés de 10 cm x 10 cm.


Cela dura de 1940 jusqu'à l'armistice car le charbon soussi avait la réputation d'être le meilleur des charbons de bois en vente sur le marché tant pour le gazogène que pour la cuisine ou le bois de chauffe.

 En 1939-40 le Marché de la Ville Nouvelle fut réquisitionné pour y installer provisoirement des tirailleurs sénégalais.
Les jeunes recrues étaient encadrées par des sous-officiers de la Coloniale chargés de leur formation, avant d'être envoyées au front pour combattre l'armée allemande.
Gisèle Prigent qui avait 6 ou 7 ans à l'époque se souvient très bien - pour les avoir observés de près - de ces hommes très noirs de peau qui l'intriguaient.
Ils répétaient leurs leçons de français sur des petits syllabaires, assis par terre à l'ombre du Marché.
Les écoliers français passaient près d'eux mais n'avaient pas l'autorisation de traverser le Marché où une sentinelle montait la garde baïonnette au poing.
Les compagnes et les familles des tirailleurs sénégalais pouvaient leur rendre visite.
Les Sénégalais donnaient parfois des fêtes et déambulaient masqués et habillés de tissus colorés perchés sur des échasses.
Ils chahutaient et riaient beaucoup.
Les gens étaient fascinés par leurs spectacles de rues. Les sous-officiers qui les encadraient étaient vêtus de blanc, short, chemisette, bas blancs et casque colonial et partageaient avec leurs amis du quartier du Marché leurs rations de biscuits de troupe
(Souvenirs de Gisèle Prigent-Costa).

Après le départ de ces hommes, le terrain redevint vague avec en souvenir des supports de paniers abandonnés pour jouer au basket. Ce qui fit l'affaire des enfants du quartier jusqu'à la construction des chalets en 1942 (souvenirs de Gisèle Costa Prigent).
 

 
Parmi les commerçants du Marché de la Ville Nouvelle :

  • Mme Andrée Pigal était une épicière très connue parmi les familles de fonctionnaires car son mari était contrôleur à la Poste.
    Elle occupait la stalle centrale au Marché de la VN, celle qui avait un auvent caractéristique. Les Costa et les Pigal étaient voisins de paliers à l'immeuble Georgalidès.
    Mme Pigal vendait du jambon blanc qui arrivait de Hollande dans des boîtes en fer blanc cerclées. Il fallait le débiter avec une machine à main. L'opération était délicate et Mme Pigalle préférait le faire elle-même.
    Elle vendait également des camemberts, du vin en casiers à bouteilles d'un litre et des conserves françaises qu'on trouvait rarement au Maroc (Souvenirs de Gisèle Costa).

  • Dans les stalles proches officiaient des épiciers berbères, marchands de légumes, un boucher, un poissonnier Angelo Miranda (annuaire 1960), un charcutier René Bourdot (1960).

 Il y avait

  • Abdallah el Houssain, grand sportif qui faisait du cyclisme,
  • Mohamed ben Aomar, épicier (stalle n°1),
  • Mohamed ben Ahmed ou Baha, épicier (stalle n°2),
  • Elyane Robert ("Vins et lait" (stalle n°3, annuaire 1960),
  • Abdellah ben Media (stalle n°4), Abdallah ben Ahmed, "Alimentation Parisienne" (stalle n°4, annuaire 1960)
  • Ben Hamou frères, épiciers (stalle n°6),
  • El Hadj Saïd, boucher (stalle n°6 bis),
  • Abd ben Hadj Ali (stalle n°8, annuaire 1960),
  • Ahmed ben Abdallah, épicier (stalle n°9, annuaire 1960)
  • le petit boucher Mhamed ben Mohamed Moutchou (stalle n°10) vif et malicieux,
  • Lahcen ben Mohamed, boucher
  • Haj Baha,
  • Madani ben Ahmed, marchand de légumes (mais également les frères Madani, Ahmed ben Madani ("Alimentation Moderne") stalle n°11 et Madani ben Ahmed ("Alimentation Générale"),
  • Brahim ben Mohamed (stalle n°12),
  • Mohamed ben Abdallah (stalle n°14),

 

 

  • Les deux soeurs Cantin tenaient l' "Épicerie chez moi" (stalle n°15).
    Elles vendaient des poulets et des fromages frais, du lait, des œufs, des yoghourts rares et appréciés à cette époque à Agadir.
    Manolita Cantin était d'origine espagnole, ancienne danseuse qui se produisait à la Sirène (Casino) sur la plage et au Robinson.
    Avec sa sœur, elles plumaient les poulets qu'elles vendaient et avaient une bonne clientèle. Leurs produits laitiers étaient frais et de qualité supérieure.

 

 
 
 

 

 
 

 Puis vint la construction du nouveau marché (architecte Georges Appéré) devant l'ancien marché sur le jardin parking donnant sur l'avenue Moulay Hassan.
Il était prévu de détruire le marché aux stalles pour créer un nouveau parking.
Le mi-gros devait être repris au Quartier Industriel près des Abattoirs.

 Georges Appéré

 

 Un parking fut construit sous le nouveau marché qui fut terminé en mars 1959 ainsi que l'aménagement du terre-plein des anciens chalets du marché qui venaient d'être rasés, en jardin planté d'arbres avec allées asphaltées.
Deux rampes d'accès latéral permettaient d'atteindre une très grande porte centrale surélevée du nouveau marché.
Cet établissement avait une ossature en béton avec joints résistants aux forces verticales.
Le rez-de-chaussée, conçu pour supporter le poids de l'entrepôt du 1er étage, avait d'importantes armatures de béton. Par contre le toit au-dessus était soutenu par des colonnes plus minces en raison d'une charge utile plus légère.
L'ensemble du bâtiment était divisé en 3 parties de 20 à 30 mètres au sol, reliées entre elles par des joints de dilatation.

 
 

 
Au cours du séisme, le toit au-dessus de deux des trois parties s'effondra mais la structure du plancher du 1er étage résista.

 

 

 

 


Tout fut rasé après le séisme de même que l'ancien Marché.