L'immeuble Georgalides était un petit
immeuble de un étage appartenant à la famille Georgalides
et se trouvait tout à côté de la Boulangerie
Navarro du boulevard Poincaré.
Le propriétaire de l'immeuble était
surnommé "Le Grec".
En 1938, la famille Costa loua
un appartement dans cet immeuble et y vécut jusqu'au séisme.
L'entrée de l'immeuble se trouvait près de l'épicerie
des Georgalides et donnait sur un patio. Un escalier menait à
l'étage et à une terrasse qui servait de buanderie
où on lavait et séchait le linge. De-là,
on pouvait voir la baie d'Agadir et les magnifiques couchers
de soleil derrière la Casbah.
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Il y avait la vieille mère des Georgalides
toute habillée de noire et pleine de traditions qu'on
appelait "Madama" qui ne parlait pas un mot de français
mais on se comprenait par gestes.
Les deux fils s'appelaient Apostolis et Anasthasis Apostolis,
le frère aîné, tenait le magasin de mercerie,
d'articles de pêches et Omni Sport et Anasthasis tenait
l'épicerie.
Ils aimaient la musique. L'un jouait de la mandoline et le plus
jeune, prenait des cours de violon.
Leur logement donnait sur le patio.
À l'arrière, un petit jardin donnait sur le ravin
de l'Oued Tanout Ou Roumi. Un grenadier ravissait les habitants
de l'immeuble à la saison des fleurs et des fruits.
" Madama " élevait des poules et des dindons
qui faisaient beaucoup de bruit et une flopée de petits
marcassins trottinaient derrière elle à l'heure
des repas.
On pouvait même entendre le four à pain de Navarro
qui ronflait contre le mur de certaines chambres de l'immeuble.
Ça sentait bon, les croissants chauds et les brioches
quand on ouvrait la fenêtre qui donnait sur la cour arrière
de la boulangerie Navarro.
Au bas de l'immeuble Georgalides se trouvaient quelques magasins
au rez-de-chaussée.
Il y avait à l'extrémité droite de
l'immeuble, la boutique tenue par Sonia Serpinsky ("La Mouette"
propriétaire Alexandre Milioud), joli magasin de Nouveautés
et de Lingerie.
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Sonia Serpinsky, d'origine russe, avait une petite
chienne caniche noire qu'elle appelait Douchka en la vouvoyant.
"Douchka, voulez-vous venir", disait-elle devant
Gisèle et ses copines qui s'esclaffaient de rire.
Elle servait le thé à la manière russe
avec des petits gâteaux à l'arrière de son
magasin (souvenirs de Gisèle Prigent Costa).
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À côté de la boutique "La
Mouette" se trouvait l'Épicerie fine tenue par un
des frères Georgalides.
Alexandre Kaladgew se souvient que son père l'envoyait
parfois acheter un morceau de halva (sorte de nougat oriental)
et une fois celui-ci acheta quelques grammes de caviar d'Iran,
mets délicat et précieux qui accompagnait bien
les histoires de son pays d'origine.
Anastasio vendait également des jambons crus qu'il découpait
finement au couteau. Les murs de l'épicerie étaient
couverts de rayonnages croulant sous toutes sortes de conserves
et de bouteilles aux contenants délicieux provenant du
Moyen-Orient (Souvenirs d'Alexandre Kaladgew).
Apostolis, l'ainé des frères,
tenait la Mercerie et Articles de pêche (par la suite Omnisports)
juste à côté de l'épicerie. Entre
les hameçons et les fils de pêche on pouvait aussi
choisir du fil à coudre et des petits pulls en coton.
Apostolis qui était chasseur, dépeçait le
gros gibier à même le trottoir du boulevard Poincaré
avec ses compagnons de chasse. Il était également
excellent nageur et pêcheur.
C'est ainsi que Gisèle Costa apprit à pêcher
au port sur les pontons grâce à Apostolis qui équipait
généreusement les petites cannes à pêche
(Souvenirs de Gisèle Costa Prigent).
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