Les garçons et les filles ne se mêlaient pas pour jouer, sauf peut-être pour les jeux qui se pratiquaient avec des noyaux d'abricots.


À la période des abricots, c'était de la folie, c'était à celui qui gagnerait le plus de noyaux d'abricots. On faisait des tas avec un certain nombre de noyaux. On se tenait à une distance réglementée pour viser le tas. Les noyaux se dispersaient, alors il fallait viser chaque noyau séparément sans faire bouger les autres. Chaque noyau atteint était gagné et empoché. On avait la possibilité d'améliorer le poids du noyau qui servait à viser. Pour cela on frottait le noyau jusqu'à ce qu'un trou se forme on l'évidait et on mettait à la place une matière plus lourde. On tenait des stands ou des boutiques avec des boites en cartons trouées dans lesquelles on devait selon des règles précises faire rentrer les noyaux.
On en gagnait, on en perdait et chacun avait ses sacs, mais c'était toute une histoire. (Souvenirs de Marie France Dartois).

Les filles et les garçons jouaient quelques fois ensemble comme dans la cour de l'école de Talborjt au jeu du foulard ou du mouchoir.
On s'asseyait en rond et l'un de nous tournait autour du cercle et déposait un mouchoir ou un foulard derrière "bien souvent" son amoureux ou amoureuse qui devait saisir celui-ci, courir derrière celui ou celle qui avait déposé le mouchoir et l'attraper avant qu'il ou elle ne s'assoit à la place vacante. Le tout en chantant quelque chose comme : "Nous sommes trois sœurs, toutes les trois à marier, moi qui suis la plus jeune, c'est moi qui vais commencer, mariera qui voudra moi je me marierai guère, mariera qui voudra moi je ne me marierai pas" (Souvenirs de Francis Sanchez).
 


 
Marie-France et sa poupée Bella
 

Les filles jouaient inlassablement à la marelle jusqu'à toucher le ciel, à la balle (jolie balle) simple ou à plusieurs balles contre un mur, à la corde seule ou à plusieurs qui faisaient tourner la corde, aux osselets, à la poupée (souvenirs de poupée Bella en robe de taffetas) et au baigneur, aux poupées et vêtements en carton, à la dinette.
Place du Pacha, des garçons se souviennent avoir joué tout leur saoul à la marelle avec les filles (Souvenirs de Francis Sanchez).


 

Pour les garçons, en dehors des jeux de ballon, foot, ballon prisonnier, il y avait un jeu qui s'intitulait "Ticha la fava".
Dans ce jeu, deux équipes étaient confrontées (minimum 6 de chaque côté). L'une porteuse se plaçait dos courbés, les uns à la suite des autres, la tête sur le bas du dos des précédents, formant une chenille contre le ventre du capitaine qui faisait office de coussin, appuyé contre un mur.

L'autre équipe dite sauteuse devait sauter toute entière sur le dos de la chenille, sur le dos des porteurs en criant "Ticha la fava" ou "Chicha la fava".
 

 

Le but des porteurs était de désarçonner les cavaliers dont les pieds ne devaient pas toucher le sol et le premier qui s'écroulait avait perdu et prenait le rôle de porteur. Quand toute l'équipe sauteuse réussissait à tenir sur le dos des porteurs le temps de compter jusqu'à 10, c'était gagné pour elle. Sinon on inversait les rôles et on recommençait (Souvenirs d'Alexandre Youri Kaladgew).

À Yachech, les petits marocains appelaient ce jeu les "Chauve-souris de la lune" car il se pratiquait au clair de lune et il fallait que ça voltige (Souvenirs de Lahsen Roussafi).


À Talborjt, les garçons de la rue Guellouli et rues environnantes étaient très occupés par la construction de chariots à roulettes faits maison avec les roulements de chez Castano. Ensuite, c'étaient les descentes infernales dans les virages en épingle de la route de la Casbah (Souvenirs de Michel Coëffic, de Francis Sanchez).

Il y avait aussi les parties de tire-boulettes, et les bagarres entre bandes comme dans la guerre des boutons. La bande des petits "françaouis" caillassait les petits "zarabes" qui se liguaient ensemble contre les petits "juifs" qui mis en minorité déguerpissaient et alors les " françaouis " et les "zarabes" se recaillassaient et si les "zarabes" se tiraient, les "françaouis" faisaient 2 équipes pour se caillasser entre eux histoire de s'aguerrir pour la prochaine fois et vice versa.