Il y eut avant 1960
à Agadir plusieurs établissements que les gens
à l'époque appelés bousbirs, bordels ou
bordils ou encore maison de tolérance qui n'étaient
pas sans rappeler qu'Agadir fut une ville militaire avec des
tirailleurs, des légionnaires, des aviateurs, des marins,
etc.
"Bousbir" désignait un quartier réservé
où étaient logées des prostituées.
Le mot provenait du nom de Prosper Ferrieu qui louaient des chambres
aux prostituées de Casa et que les Marocains appelaient
Tajjer Prousbir (Y. Knibiehler, Des Français au Maroc,
p. 200, 1999).
* Un établissement de prostitution avait été
créé en 1928 dans le virage en épingle conduisant
à la Casbah et au camp D (Haïda) pour les militaires
des deux camps (Alibert et Haïda).
* Dans les années 50, l'établissement de Talborjt
occupait un espace réservé à l'architecture
cellulaire entre les rues du Châaba, Rasmouki et Gadiri.
C'était "Elbordil", géré par des
patronnes sous l'il vigilant des AI. En face de l'établissement
se trouvait un Bureau d'Hygiène permanent contrôlant
l'état sanitaire des prostituées.
* Le troisième établissement avait pignon sur rue,
figurait dans l'annuaire du téléphone à
la rubrique Maison de Tolérance et portait le nom de "La
Perle du Sud" sise "route de Yachech".
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Cet établissement
fonctionnait au début des années 50. Il était
réservé aux Européens. Pour les autochtones,
il portait le nom d'"el bordil densara" (en ar.) ou
"elbordil iroumine" (en berb.). La patronne était
Madame Paule secondée par sa nièce, une très
jolie fille, et par Madame Yvonne.
Des petits marocains farceurs
attendaient les légionnaires à la sortie de "la
Guinguette". De là, pour aller à "La
Perle du Sud", ces derniers devaient passer par l'Oued Tildi.
Pour monter le ravin, les enfants
leur tendaient une corde car les genoux ne répondaient
plus et chantaient : "Il était un petit navi
reueu
". Une fois sur la route de Tildi, les légionnaires
devaient récompenser l'effort fourni par une pièce
tout en se renseignant sur la direction à prendre. Ceux
qui ne donnaient rien, se voyaient indiquer la direction du Square
Briand. En général, les légionnaires allaient
par deux, enlacés par l'ébriété en
chantant à tue tête : " Où es-tu le
bordel
ma chandelle, ma chandelle
" et comme
cela jusqu'à la maison des Padiou.
(Souvenirs d'enfance de Lahsen Roussafi originaire de Yachech).
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