Lotissement du Groupement Foncier
"Quartier Boutchakat"

 

 

 

Au lotissement du Groupement Foncier d'Agadir, les habitants du Quartier Industriel donnèrent le nom de "Boutchakat ", nom toujours en vigueur en 2013-2014.


Les anciens habitants européens du QI qui ne parlaient ni l'arabe ni le tachelhit l'appelaient "La Foncière".

Ce lotissement d'habitations horizontales, en rez-de-chaussée, à patio et toit en terrasse, était encadré au nord par la rue de Meknès, au sud par la rue d'Oujda, à l'ouest par la rue de Turgot à l'est par la rue Henri Poincaré.

Boutchakat était traversé longitudinalement par la rue de Fès et coupé perpendiculairement par une dizaine de courtes rues reliant entre elles les grandes transversales.

Plus haut, c'était la Cité Mesguina et de l'autre côté de la rue Poincaré, le quartier L'battoir (quartier des Abattoirs).


 
 

 
On s'interroge encore sur l'origine et la signification du nom de Boutchakat.
Certains racontent qu'il s'agirait du surnom donné au recruteur de locataires ou d'ouvriers du Groupe Foncier ou bien au conducteur de travaux de ce groupement qui fit construire ce quartier.
Pour certains c'était un européen, voire un italien, reconnaissable à une coupe de cheveux particulière (d'où ce surnom de Boutchakat en tachelhit) coupe du légionnaire ou coupe à l'iroquoise, cheveux très courts sur les côtés et longs à l'arrière. Les ouvriers le connaissaient en tant que chef des travaux. Il était tous les jours sur les chantiers, intervenait pour les questions d'assainissement et de maçonnerie. Il parlait l'arabe, un peu le tachelhit et travaillait même le samedi.


Les premiers travaux de terrassement et d'assainissement du quartier commencèrent vers 1953. Des blocs de maisons blanches toutes identiques furent bâtis avec des rues, des impasses, des places et des placettes. Dans ce quartier, les blocs ne portaient pas de numéros comme pour la cité domaniale ou la cité Mesguina.

À Boutchakat, il y avait quelques petits commerces (épiciers, vendeurs de fruits et légumes, coiffeur, tailleur, vendeurs de bouteilles de gaz) essentiellement au pourtour des petites places (place du Souss, place Ksima-Mesguina, place Houara) ou à des emplacements prévus comme sur la rue d'Oujda.

 

 

 
Le bureau du GFM veillait à ce que ces logements soient attribués à des citoyens aux ressources modestes.

Une grande partie des habitants du quartier venait de Talborjt et de Founti et comprenait des marocains, des français, des espagnols, des portugais, mais peu de juifs qui préféraient rester à Talborjt.

Parmi les habitants de Boutchakat, beaucoup travaillaient dans les usines de conserve, d'autres dans les commerces de proximité ou dans la fonction publique.

 Le bureau du Groupement Foncier Marocain (GFM) se trouvait en 1958 rue H (rue de Fès, maison 252) puis rue Youssef Ben Tachfine en 1960.

 
Le prix des habitations variait selon la superficie (250 000 Fr pour 50 m2 environ : 1 pièce, cuisine, toilette, patio, ou 315 000 Fr pour 64 m2 : 2 pièces, cuisine, toilette, patio).
La location-vente permettait à chacun d'acquérir son logement pour 2500 Fr/mois ou 3150 Fr/mois sans apport personnel. Quand la somme totale était atteinte, le locataire devenait propriétaire et recevait le contrat de vente et un titre foncier (Souvenirs de Lahsen Roussafi).

Entre 1957 et 1960, il y eut un départ vers le QI des habitants de la Kasbah, de Founti et de Talborjt en raison de la surpopulation de ces quartiers et de la promotion faite pour encourager les gadiris à venir s'installer au QI, et tous disent aujourd'hui : "Nous avons acheté - pas seulement le logement - mais notre survie au séisme !"

 
 

 
Après le séisme et le développement impressionnant de la ville d'Agadir, il fut constaté que les maisons individuelles en rez-de-chaussée prenaient beaucoup de place. Les propriétaires rajoutèrent un étage ou démolirent les maisons pour construire des immeubles à la place.

Mais Boutchakat existe toujours avec ses jolies petites rues calmes qui coupent les grandes artères très commerçantes avec immeubles à étages, et desservent places et placettes où l'on trouve palmiers et hibiscus.